Chapitre 24

Write by Josephine54

Arthur



J’étais arrivé à Yaoundé hier, tard dans la nuit. Je me sentais certes revigoré, mais je ressentais aussi beaucoup d’amertume en moi. Beverly ne m’avait pas donné de nouvelles durant ces deux derniers jours, et moi non plus.

J'étais maintenant en train de me rendre en fac. Je sentais les battements de mon cœur s'accélérer au fur et à mesure que je m’en rapprochais

J'attendis une fois de plus Beverly hors de l'amphi. J'espérais résoudre ce problème avant de commencer les cours. J'en avais marre de ressentir ce nœud à la gorge et je voulais dissiper cette sensation désagréable le plus tôt possible.

Je la vis enfin déboucher au loin, mais pour mon plus grand désarroi, elle était accompagnée d'Amanda. Elles arrivèrent bien vite à ma hauteur et me saluèrent. Beverly évitait bien évidemment de croiser mes yeux.

- Bonjour les filles, dis-je sans lâcher Beverly du regard. Beverly, pourrais-tu m'accorder une minute s'il te plait ?

Amanda nous regardait maintenant sans chercher à masquer sa curiosité.

- Le cours va commencer d'un moment à l'autre. Nous pourrions parler plus tard.

Elle se tourna et poursuivit son chemin vers la classe. Amanda la suivit, un léger sourire aux lèvres. Je fis de même. On s'installa à nos places respectives et le cours commença enfin.

L'atmosphère à notre banc était à couper au couteau. Je vis Amanda faire un discret signe à Beverly, l'invitant à consulter son téléphone. Beverly le prit et y tapota un message.

Je l'entendis chuchoter à sa copine : " On en parle plus tard". J'espérais qu'elle n'avait pas l'intention de lui raconter mes déboires du passé, sinon c'était vraiment la fin. Je savais qu'Amanda ne m'appréciait pas, bien que je l'aie éconduite de manière polie. Si Beverly se confiait à elle, la situation empirerait certainement.

La journée passa sans qu'on ait vraiment l'occasion de causer. Amanda ne se gênait pas pour monopoliser l'attention de Beverly.

- Beverly, dis-je en essayant de la retenir à la fin de la journée.

- Euh... désolée, Arthur, je n'ai vraiment pas de temps, dit-elle, le regard fuyant. Je dois faire quelques courses pour la maison avant d'aller bosser ce soir.

- Ce n'est pas grave, répondis-je avec un sourire crispé aux lèvres. Je passerai te chercher à ta descente du boulot.

- Ce n'est vraiment pas la peine. Je m'étais déjà organisée avec Valéry, ne sachant pas quand tu serais rentré.

- Décommande-le, dis-je cette fois d'une voix autoritaire. Il faut qu'on parle, Beverly.

- Euh... euh... d'accord, céda-t-elle enfin.

Elle s'éloigna ensuite rapidement en compagnie d'Amanda.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Je rentrai à la maison dans un état d'abattement extrême. J'avais l'impression que convaincre Beverly relevait de l'impossible. Aujourd'hui était ma journée de repos. J'en profitai pour réviser. Je ne fus pas très productif, car je ne me sentais pas serein, mon esprit étant empli de doutes et de peurs.

J'étais profondément endormi lorsque mon réveil se mit à sonner. Je me rendis compte avec stupeur qu'il était déjà 23 h. J'avais pensé m'assoupir un bref moment, mais il était évident que mes nuits particulièrement agitées ces derniers temps avaient eu raison de moi.

Je me levai et me rendis aux toilettes pour me débarbouiller. Je sortis ensuite de la maison et me rendis à pied au bar où Beverly travaillait.

J'arrivai quelques minutes avant la fin de son tour et attendis une dizaine de minutes à l'extérieur du bar. J'étais posé à ma place habituelle, c'est-à-dire adossé contre un mur en face de l'entrée principale du bar.

Je vis Beverly traverser la porte et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Elle était vêtue d'un pantalon jean et d’un simple t-shirt blanc, mais son élégance naturelle me frappa une fois de plus en plein visage. Elle porta immédiatement le regard dans ma direction à peine sortie et détourna rapidement les yeux. Je sentis un pincement dans mon cœur à cet instant. Beverly avait toujours couru se jeter dans mes bras une fois sortie du bar, c'était notre moment à nous, un moment spécial... J'avais de la peine à accepter cette froideur à peine déguisée.

- Salut chérie, dis-je néanmoins, une fois la distance qui nous séparait comblée.

- Bonjour Arthur, répondit-elle en m'évitant du regard.

L'époque des mots doux était décidément révolue, pensai-je avec désarroi, mais je n'avais aucunement l'intention de me laisser abattre.

Je restai en face d'elle un bref moment.

- On y va, dis-je finalement en soupirant.

Elle hocha simplement la tête et reporta brièvement son regard sur moi. Je crus alors déceler cette petite étincelle qui brillait si souvent dans ses yeux lorsque nos regards se croisaient. Mon cœur ne put s'empêcher de bondir… d'espoir. Tout n'était peut-être pas perdu…

Nous nous mîmes à marcher l'un près de l'autre, en silence. Après une centaine de mètres, je tendis la main vers elle et saisis doucement la sienne. Elle essaya de se dégager, mais je ne lui en laissai pas la possibilité, resserrant ma prise.

Nous poursuivîmes notre chemin, toujours en silence. Au fil de notre avancée, je sentis sa main, d'abord crispée dans la mienne, se détendre progressivement.

Nous étions maintenant à une centaine de mètres de chez elle. Je m'arrêtai brusquement, la forçant à faire de même, mais elle maintint le regard fixé droit devant elle.

- Bébé, dis-je doucement en tournant sa tête vers moi, j’imagine ce que tu dois vivre actuellement avec ta famille et je suis sincèrement désolé de t'imposer cela. Je ne me serais jamais confié devant ton frère si j'avais un seul instant imaginé où cela nous aurait mené. Je me rends compte aujourd'hui que c'est une croix que je porterai toute ma vie.

Je m'arrêtai et attendis la moindre réaction de la part Beverly, mais elle me fixait en silence.

- Dis quelque chose, s'il te plaît, chérie, murmurai-je d'une voix suppliante.

Mais Beverly persistait dans son silence.



Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)



- Mais, bon sang, parle ! Dis quelque chose, aboyai-je tout à tout. Si tu ne veux plus de moi, regarde-moi dans les yeux et dis-moi que c'est fini.

Je lui pris le visage en coupe et me mis à la fixer dans les yeux. Je vis une infinie tristesse se glisser dans ses yeux et des larmes se mirent tout à coup à en couler.

- J'étais bien toute seule dans mon coin, se mit-elle tout à coup à hurler. J'étais tranquille dans mon coin, et tu es arrivé, avec ton visage d'ange pour tout chambouler.

Je me sentis tout à coup désemparé par sa crise de colère.

- Je n'ai jamais voulu de complications dans ma vie, moi, dit-elle avec rage, pleurant de plus belle. J'étais concentrée à gérer mon boulot, ma famille et mes études. Et tu es arrivé, je t'ai cru différent, mais maintenant, ça...

- Mais je suis différent, j'ai changé Beverly, dis-je en capturant son regard, et tu le sais très bien. Au fond de toi, tu le sais... criai-je en tenant son visage en coupe. Bébé, tu ne peux pas me laisser tomber comme ça. J'ai besoin de toi. Nous avons besoin l'un de l'autre.

Je m'étais rapproché d'elle et avant qu'elle ne le réalise vraiment, j'avais saisi ses lèvres dans un baiser plein de fougue. Je me mis à l'embrasser à en perdre haleine. Je mis dans ce baiser tout l'amour que je ressentais pour elle, tout ce que je n'arrivais pas apparemment à exprimer par les mots.

Beverly essaya de se libérer de mon emprise, mais je ne lui en laissai pas la possibilité. Je poursuivis mon baiser en insérant ma langue dans sa bouche. Je m'attaquai avidement à sa langue et je sentis qu'elle commençait à se détendre. Je mis à cet instant de la douceur et mes lèvres se mirent à valser sur les siennes avec volupté.

Beverly laissa échapper un soupir de plaisir, ce qui m'enhardit encore plus. On s'embrassa pendant un long moment, à en perdre haleine. Beverly était maintenant complètement détendue et répondait avec passion à mon baiser.

On dut se détacher des minutes plus tard, à bout de souffle. Je pris son visage en coupe et ancrai son regard au mien.

- Bébé, ne me laisse pas, je t'en prie, dis-je d'une voix douce. Je suis prêt à tout pour te prouver que j'ai changé. Cela date certes d'un an, mais je ne suis plus cette personne. Ne me condamne pas pour cette erreur, je t'en prie. Cette erreur ne peut pas avoir effacé ce qui se trouve ici, poursuivis-je en posant la main sur son cœur.

Je la sentais confuse à cet instant, partagée entre notre amour et la raison.

- Ce n'est aussi simple, Arthur.

- Rien n'est jamais simple, bébé, mais je sais que toi et moi sommes capables de braver n'importe quel obstacle. Ne m'abandonne pas. Je t'aime, bébé, m'écriai-je, la voix pleine d'émotion et de désespoir.

- Je... Je....

- S'il te plait bébé, suppliai-je.

Elle se jeta brusquement dans mes bras et éclata en sanglots.

- Tu veux bien de moi ? Malgré tout ? demandai-je d'une petite voix pleine d'espoir.

Elle hocha simplement la tête.

Je la serrai alors à l’étouffer tout en lui murmurant des mots doux à l'oreille.

- Tu as intérêt à être droit comme une aiguille, menaça-t-elle.

- Tu n'aurais pas à te plaindre de moi, je te le promets, dis-je.

On resta encore un long moment à se lover.

- Il faut que j'y aille, murmura Beverly contre mes lèvres.

- Oui, vas-y, bébé. N'oublie pas que je t'aime, murmurai-je.

- Je t'aime aussi, répondit-elle avec un petit sourire, gonflant mon cœur d'amour et de fierté.

On se sépara finalement après un long baiser. Je rentrai à la maison la tête sur un nuage. J'avais envie de danser en pleine route. J'avais envie de crier ma joie à la Terre entière, mais je ne pouvais empêcher une petite peur sourde de me gagner. Et si elle revenait le lendemain, indifférente à tout ce qui venait de se passer ? Je croisais vraiment les doigts pour que ce problème soit désormais derrière nous.



Virginie



- Je t'ai entendue rentrer hier soir, j'espère que ce n'était pas pour traîner avec ton malfrat, lança maman à Beverly avec dédain.

- Et alors ? Je préfère traîner avec un malfrat qu'avec le mari d'autrui, s'exclama-t-elle d'un ton hautain.

Je me sentis piquée au vif par ces mots. Je voulus répliquer, mais je préférais laisser maman gérer ce petit problème. Elle le fera avec brio. Je n'avais pas de doute à propos, surtout que Frédéric m'avait remis une petite enveloppe pour elle hier soir. Maman était désormais prête à prendre des balles pour moi.

- Haha, fais-moi rire, s'esclaffa maman. Toujours à se complaire dans la médiocrité. Quand tu veux même chercher un bandit, c'est encore un petit agresseur de bas-étage que tu vas chercher. Je n'ai jamais vu quelqu'un autant dépourvu d'ambition. Sale idiote.

Beverly dépassa simplement maman et se rendit dans notre chambre.

- Eh toi, viens dans ma chambre.

Mais que voulait encore maman ? Ces entretiens en aparté ne présageaient jamais rien de bon, déjà que je me doutais du motif de la conversation.

- Quel est exactement ton problème ? demanda maman.

- Par rapport à quoi ? demandai-je d'un ton faussement innocent.

- Tu as à peine dix-neuf ans et tu ne peux pas me dire que tu rencontres des difficultés à enfanter, lança maman.

- Euh... non, maman...

- C'est donc quoi le problème ? Tu n’as toujours pas réussi à le convaincre de coucher avec toi sans protection ?

- Non, maman. Bien que je lui aie garanti que j’étais sous pilule, il m’a dit qu’il n’était pas disposé à prendre le moindre risque. Il utilise toujours le préservatif.

Frédéric était toujours catégorique. Pas de sexe sans protection et au fond, cela m'arrangeait. Je n'avais aucunement l'intention de faire un enfant maintenant, à mon âge, de surcroit avec un homme marié.

- Ne désespère pas ma fille. Il faudra aussi t’habiller de manière aguichante pour le faire flancher. Ça pourrait l’amener à perdre la tête et dans la précipitation, ne pas utiliser de protection.

- J’y travaille maman, donne-nous encore un peu de temps. En plus, j’ai même déjà consulté un gynécologue au cas où, et il m'a assurée que je ne rencontrais aucun problème.

Maman émit un grand sourire à ces mots.

- Ha, tu as déjà été consulté alors ? Voilà ma vraie fille, pas les autres qui habitent cette maison et qui se contentent de se faire coucher par des truands.

- Haha, maman, tu exagères parfois.

- En tout cas ma fille, reste concentrée sur ton objectif, insista maman.

- Ne t'inquiète pas.

Je sortis de sa chambre avec un petit sourire aux lèvres. Je pense avoir un peu de paix pour quelques mois. Maman n'avait pas arrêté de me souler avec cette histoire d'enfant. Un enfant qui fait un enfant ?

Manipulation sentime...