
Chapitre 24
Write by Josephine54
Beverly
J'avais vu cette voiture qui arrivait à toute vitesse. J'étais sur le point de me jeter sous ses roues quand je me sentis brusquement projetée au sol. Je tombai lourdement et m'écorchai le coude, évitant de finir sous les pneus de la voiture.
- Ne refais plus jamais ça, me gronda une voix maternelle. Je t'ai observée tout à l'heure et j'ai lu dans ton regard que tu étais sur le point de faire un geste désespéré.
Je me tournai et vis une femme d'une soixantaine d'années qui me regardait, la désapprobation et la pitié dans les yeux. Elle s'accroupit ensuite à ma hauteur et posa une main sur mon épaule.
- Que peut pousser une jeune fille comme toi à faire un tel geste ? Tout peut te sembler noir maintenant, mais parfois, il suffit de dormir juste une seule nuit, de se réveiller le lendemain et réaliser que les choses ne sont pas aussi graves qu'elles semblent.
J'éclatai en sanglots à ces mots. La dame me tapota l'épaule en signe de réconfort. Comment les choses pourraient-elles changer demain ? Comment ressentir moins de douleur quand les gens à qui tu faisais aveuglément confiance étaient capables de te poignarder dans le dos ?
- La vie n'est pas facile, mon enfant, mais il faut résister à ses épreuves.
Je regardai la dame, sans savoir que lui répondre.
Mon téléphone se mit à sonner dans la voiture. Il s'interrompait et reprenait immédiatement.
- Tu veux que je le prenne ?
Je la regardais sans réussir à articuler le moindre son. J'étais encore sous le choc de la folie que j'étais sur le point de commettre. La dame se leva et alla vers la voiture.
- C'est marqué James, m'informa-t-elle.
Mon Dieu, j'étais censée récupérer les enfants ! pensai-je malgré mon tumulte interne. J'éclatai en sanglots. J'étais sur le point de commettre la plus grosse erreur de ma vie par désespoir. Je n'avais pas un seul instant pensé à ma fille Ophélie.
Que serait-elle devenue si je m'étais effectivement jetée sous les roues de cette voiture ? Quel avenir avait-elle devant elle ? J'avais sacrifié mon bonheur pour le bien de mes cadets et j'étais sur le point de commettre une énorme bêtise, oubliant que je laissais mon enfant sans personne.
Benjamin aurait certainement pris Ophélie avec lui. Amanda m'avait clairement fait comprendre qu’elle avait monté ce coup dans le but de prendre ma place. Quel avenir aurait eu ma fille auprès de cette dernière ? Elle l'aurait maltraitée de la pire des manières. Et que dire auprès de mes parents ? Ils avaient amplement démontré qu'ils étaient incapables d'éduquer des enfants.
Pour la première fois dans ma vie, je ne condamnais plus ceux qui avaient pensé au suicide, certains moments, tout était tellement noir que tu avais simplement l'impression qu'un faisceau de lumière ne réussirait jamais à percer cette obscurité.
- Veux-tu répondre ? demanda la dame.
Je lui fis non de la tête.
- Viens, tu es encore très troublée. Tu n'es pas en mesure de poursuivre ton chemin et je ne veux pas qu'il te passe à l'esprit de commettre une autre bêtise. J'habite juste en face. Tu vas te reposer un moment et quand tu te sentiras mieux, tu pourras t'en aller.
Elle m'aida à me relever et me demanda de verrouiller la voiture. Ce que je fis étant toujours dans un état second. Nous traversâmes simplement la route et entrâmes dans la maison de la dame.
Mon téléphone se mit à sonner à nouveau.
- C'est encore ce James, tu ne veux vraiment pas répondre ?
- C'est mon frère, répondis-je faiblement. Je vais le rappeler plus tard.
- Tu as donc de la famille et tu étais sur le point de commettre un tel acte ? me gronda la dame. As-tu pensé à ta maman ?
- Ma famille est la cause de mon malheur, répondis-je d'une voix meurtrie. Ils m'ont détruite... ils m'ont détruite...
La dame vint face à moi et me réconforta de son mieux.
- Tu sais, te donner la mort serait leur donner la victoire. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ta vie, tu dois leur prouver que tu es une forte. Qu'ils n'ont pas le pouvoir de te détruire.
La dame me prodigua une infinité de conseils. Mon regard se posa ensuite sur ma montre et je réalisai qu'il était déjà 22 h.
- Je dois y aller, il faut que je passe quelques coups de fils.
- D'accord mon enfant. Promets-moi de ne pas commettre une autre bêtise.
- Promis. Merci beaucoup madame.
Je sortis de la maison de la dame et traversai la route. Je montai ensuite dans ma voiture et posai ma tête sur le volant un bref moment avant de me décider à démarrer.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Où aller ? Je me rendais compte une fois de plus que j'avais vraiment peu de personnes sur qui je pouvais compter dans ma vie et elles m'avaient toutes trahies.
Je roulai un bref moment avant de noter un petit motel. Je réglai la nuit et me rendis dans la chambre qui m'avait été assignée.
Je passai un premier coup de fil à Philomène. C'était une dame qui avait l'habitude de me donner un coup de main quand je laissais les enfants pour une longue période chez les parents.
Elle me confirma sa disponibilité. Je raccrochai et rappelai ensuite James.
- Coucou James, ça va ?
- Je vais bien tata Beverly. On t'attend depuis un moment et nous voulions aller au lit.
- Je ne pourrais pas passer cette semaine. J'ai dû me déplacer urgemment pour le travail. Je me suis déjà mise d'accord avec Philomène. Elle viendra chercher les enfants à 7 h et les ramènera à la fin des cours.
- D’accord, répondit-il. On va alors les mettre au lit.
- Euh... James, Virginie est à la maison ? demandai-je.
- Non.
- D'accord, prends soin de tes frères hein.
- Toujours ma grande, toujours.
Je raccrochai enfin et éclatai à nouveau en sanglots. J'avais essayé d'être forte pour que le désespoir ne transparaisse pas dans ma voix.
Je me recroquevillai sur mon lit tandis que mes pensées me portaient vers toutes ces personnes qui m'avaient trahie de la pire des manières.
Mes pensées me portèrent également vers Arthur. Je l'aimais certes, mais je le tenais responsable de tout ce qui nous arrivait. Je m'endormis le cœur lourd et eus une nuit agitée.
Je m'étais réveillée à 5 h du matin et mes pensées noires avaient immédiatement refait surface. La douleur était toujours là, inchangée, me comprimant la poitrine. Les larmes se mirent immédiatement à ruisseler le long de mes joues. Que ça faisait mal cette triple trahison.
Je réussis à m'endormir et fus réveillée quelques heures plus tard par la sonnerie de mon téléphone. En voyant le nom de maman s'afficher à l'écran, j'hésitai d'abord à décrocher. Mais sachant que les enfants étaient chez elle, je finis par répondre, redoutant qu'il leur soit arrivé quelque chose.
- Beverly, que me raconte Benjamin ? Tu as trompé ton mari avec ce même va-nu-pieds ? Tu es vraiment une honte pour ta famille.
- T'a-t-il aussi dit qu'il a un enfant avec Amanda ? Mon amie Amanda maman. Je suppose qu'il ne t'a pas dit que je l'ai surpris en train de coucher avec Virginie, Virginie ! criai-je en pleurant.
- Quoi ? demanda maman, apparemment choquée.
- Qu'il te dise ce qu'il a fait, qu'il te dise tout...
- Et même si c'était vrai, c'est un homme et il...
Bip, bip, bip...
J'avais préféré raccrocher. Je n'étais vraiment pas d'humeur. Le téléphone se remit à sonner immédiatement. Je le lançai loin de moi pendant qu'il recommençait à sonner.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Je le pris dans l'intention de l'éteindre quand je me rendis compte que l'appel provenait d'Arthur cette fois. Je regardai le téléphone les mains tremblantes et décidai de l'éteindre. Je lui en voulais énormément encore.
Je passai deux jours dans cette chambre à pleurer toutes les larmes de mon corps. Je me sentais à bout. J'avais décidé de rallumer mon téléphone pour appeler James, afin d'avoir des nouvelles des enfants.
Des milliers de messages m'étaient arrivés en vrac. Ils provenaient tous d'Arthur.
" Beverly, tout va bien ? "
" Beverly, que se passe-t-il ? Tu es en retard là ? "
" Beverly, ça fait des heures que j'essaie de te joindre"
" Beverly, je commence sérieusement à m’inquiéter"
Et toute une série de messages dans le même ordre. Je me rendis aussi compte qu'il avait appelé un nombre incalculable de fois. J'étais en train de le reposer quand il se remit à sonner.
Je décidai de décrocher.
- Où es-tu ? Bon sang, ça fait des jours que j'essaie de te joindre, hurla-t-il d'une voix hystérique dès que je décrochai.
- Je suis désolée Arthur, je ne me sens pas bien. Je ne suis pas en mesure de travailler.
- Pourquoi donc ? Qu'as-tu ? Beverly parle ! ordonna-t-il.
- J'ai des problèmes d'ordre familiaux.
- Ce n'est pas une raison pour manquer le travail, madame, lança Arthur d'une voix irritée.
- Je suis désolée, mais je ne suis vraiment pas en mesure de travailler.
- Où es-tu ? Je veux te voir ! ordonna-t-il.
- Arthur...
- Beverly, ne me pousse pas à bout !
- J'ai quitté mon domicile... murmurai-je d'une petite voix. Il est au courant de tout.
Un silence de mort s'installa sur la ligne. J'entendais clairement la respiration saccadée d'Arthur.
- Où es-tu ? demanda-t-il d'une voix calme et ferme.
- Je suis dans un motel.
- Passe-moi l'adresse, exigea-t-il.
- Euh... euh... Arthur...
- Ne me fais pas perdre patience, donne-moi l'adresse.
- Je suis au motel XX, chambre 110, dis-je d'une voix tremblante.
- J'arrive, lança Arthur avant de raccrocher.
Je me rendis aux toilettes et pris un mouchoir pour m'essuyer les yeux. Je retournai dans la chambre, m'assis sur le lit et me pris la tête entre les mains.
J’avais la poitrine comprimée par la douleur, mais je me retenais d'éclater en sanglots. Amanda m'avait dit que maman, Benjamin et elle avaient comploté dans mon dos. Pourquoi n'étais-je pas surprise que maman soit impliquée, pensais-je avec désespoir. Tous avaient contribué à ma destruction, tous, tous, tous...
J'étais perdue dans ces pensées tristes quand j'entendis toquer à la porte. Je sentis mon cœur battre à vive allure. Il s'agissait certainement d'Arthur.
Je me levai et me rendis lentement à la porte pendant que les coups redoublaient. Je pris une longue inspiration et ouvris la porte.
Mon regard se perdit dans celui d'Arthur pendant d'interminables minutes. Les mots semblaient superflus en cet instant. Je sentais, malgré moi, la joie de le voir me gagner, mais cette sensation s'éloigna lentement de mon esprit lorsque je me rappelai qu'il était la cause de tous mes malheurs.
- Puis-je entrer ? demanda finalement Arthur.
Je me mis simplement sur le côté et il pénétra dans la chambre. Son parfum monta rapidement à mes narines, ramenant avec lui une marée de souvenirs : nos moments ensemble, nos instants intimes. Je secouai vigoureusement la tête pour les chasser de mon esprit. Tout cela n’avait été qu’éphémère. S'il ne m'avait pas poussée à bout par ses provocations et attouchements, je ne lui aurais jamais cédé.
Une autre partie de moi me rappela que je n'aurais non plus jamais découvert tout ce qui se tramait dans mon dos. Il y a parfois des situations où l'on se demande si c'était vraiment important que la vérité soit mise à jour. Je me sentais tellement mal que j'avais presque envie de penser que c'était peut-être mieux de ne pas découvrir tout ce grabuge.
Je me rappelai tout à coup que j'étais prête à tout quitter pour lui. Aurais-je été en mesure d'assumer ce que mon infidélité comportait ?
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Arthur entra dans la pièce et resta au milieu d'elle. Je passai près de lui et pris place sur le lit, la tête baissée.
- Que s'est-il passé ? demanda-t-il d'une voix calme.
- J'ai été piégée, répondis-je d'une voix tourmentée.
- Par qui ?
- Par Amanda.
Arthur sursauta à ma phrase.
- Amanda de la fac ? demanda-t-il.
Je hochai simplement la tête.
- Nous avons dîné ensemble samedi soir. Je me suis confiée à elle. Je lui ai parlé de toi, dis-je en relevant la tête.
Arthur était impassible.
- Je lui ai dit que nous avions une liaison. Je lui avais déjà parlé de toi il y a quelques mois. Je lui ai donc fait savoir que j'avais fini par céder. Je lui ai raconté quelques détails.
Arthur était silencieux, attendant que je poursuive.
- Ce que j'ignorais, c'est qu'elle m'enregistrait.
Arthur pour la première fois qu'il était entré dans cette chambre, manifesta un peu d'émotion. Il avait sursauté à ma phrase avant de reprendre un visage impénétrable.
- Elle a ensuite envoyé l'enregistrement à Benjamin, dis-je en pleurant, me rappelant la scène que j'avais découverte à la maison. J'étais sortie pour aller faire des achats, mais je m’étais rendue compte que j'avais oublié mon portefeuille. J'avais donc dû rebrousser chemin, ignorant la scène nauséabonde qui m'attendait.
Je pris mon souffle un bref moment, afin d'avoir le courage de poursuivre.
- Je suis arrivée et suis entrée précipitamment dans ma chambre. J'ai... j'ai... j'ai surpris Benjamin au lit avec Virginie, ma sœur, dis-je en coulant un flot de larmes. Tu te rends compte, il couchait ma sœur dans notre lit conjugal. À mon cri, ils se sont immédiatement séparés, mais à ma grande surprise, au lieu de lire de la culpabilité, la panique ou le remords dans les yeux de Benjamin, il était plutôt calme. Quand je lui ai demandé depuis combien de temps cette histoire durait, il m'a posé exactement la même question. Ne comprenant pas de quoi il parlait, je lui ai reposé la question. C'est... c'est... c'est à ce moment-là qu'il a déversé un flot d'injures. Il... il m'a fait comprendre que j'étais une... pu... pute... une ca... une catin.... il m'a dit des choses horribles avant de me porter avec violence et de me jeter hors de chez lui.