
Chapitre 26
Write by Josephine54
Beverly
- Ah Beverly, ça fait vraiment un bail. Qu'est-ce que tu deviens ma belle ?
- Je vais bien, rien de particulier à signaler, répondis-je avec un petit sourire embarrassé.
- Laissez-moi faire ma curieuse, nous interrompit Amanda. Où vous connaissez-vous ?
- Nous nous sommes rencontrés dans le bar où elle travaillait. Au fait, y vas-tu encore ?
- Oui, répondis-je simplement.
- Tu sais Benjamin, mon amie est souvent très timide, lança Amanda sur le ton de la confidence.
- Haha, disons que sous ses airs timides, elle peut parfois être coriace, rétorqua Benjamin en riant. Pour avoir essayé d'obtenir son numéro, je me suis vu copieusement insulté. Est-ce qu'on fait alors ça aux enfants des gens ? poursuivit Benjamin en se tournant vers moi.
Sa mimique comique me fit éclater de rire malgré moi.
- Tu n'avais donc pas à m'importuner, surtout avec autant d'insistance, répliquai-je en riant.
- Haha, as-tu entendu, Amanda ? Tu vois une belle fleur comme elle, et tu te dis que ce serait idiot de ne pas tenter ta chance. Mais là, bam, tu en prends plein la face.
- Haha, pauvre de toi, rigola Amanda.
La soirée se déroula ainsi, entre rires et moqueries. Je devais reconnaître que je ne m'ennuyais pas. Benjamin s’était révélé être d’excellente compagnie. Déjà au bar, il faisait partie des rares clients toujours polis et courtois.
- Il faut que j'y aille, il commence à se faire tard, dis-je en consultant ma montre.
Il était déjà 22 heures et je comptais me lever tôt demain pour accomplir mes tâches ménagères avant de me rendre chez Arthur.
- Tu exagères toujours, es-tu encore une enfant pour rentrer aussi tôt ? me reprocha Amanda.
- Il n'y a pas de problème. Je pourrais vous raccompagner si ce n'est pas un problème pour vous, proposa Benjamin en me fixant du regard.
- Mais bien-sûr, répondit Amanda d'un ton enthousiaste.
Benjamin continuait à me regarder, attendant visiblement ma réponse.
- Euh... d'accord, acceptai-je finalement.
Benjamin fit signe à la serveuse et cette dernière nous apporta la note. Il la régla en laissant un bon pourboire pour le service.
Nous sortîmes donc du snack-bar, et Benjamin nous guida vers des voitures stationnées non loin de là. Il prit ses clés et déverrouilla une voiture luxueuse, qui semblait flambant neuve.
Les yeux d'Amanda s'agrandirent sous le choc et elle se tourna brusquement vers moi. Son regard trahissait une incompréhension totale.
Il m'invita à prendre place à l'avant tandis qu'Amanda s'installait à l'arrière. Il avait apparemment changé la Mercedes qu'il conduisait il y a deux ans pour cette nouvelle voiture. C'était une Jaguar.
- Où habitez-vous ? demanda Benjamin.
Amanda donna le nom de son quartier et je fis de même.
- Nous allons d'abord déposer Amanda, si ça vous va, proposa Benjamin.
La maison d'Amanda était sur le trajet et c'était un peu logique qu'il commence par elle.
- D'accord, répondis-je.
Benjamin appuya ensuite sur un bouton et une douce mélodie s'éleva dans les airs.
- Beverly, pourrais-je avoir ton numéro ? demanda Benjamin. J'ai très bien compris la leçon et je te promets de ne pas t'importuner.
- Beverly, cela ne va pas te tuer de lui donner ton numéro. Benjamin, passe-moi ton téléphone que j'enregistre son numéro.
Benjamin lui répondit par un large sourire. Il prit son téléphone, le déverrouilla et le passa à Amanda. Cette dernière s'en saisit et se mit à le manipuler.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Voilà, c'est fait, dit-elle en passant le téléphone à Benjamin, me faisant discrètement un signe moqueur de la langue.
Je lui lançai un regard dur, mais elle m'ignora simplement. Benjamin et Amanda firent principalement la conversation durant le trajet. Benjamin gara enfin devant la maison d'Amanda et cette dernière descendit de la voiture.
- Merci Benjamin pour cette belle soirée, lança-t-elle.
- C'est moi qui te remercie, répondit Benjamin avec un large sourire aux lèvres.
- Eh, toi, je t'appelle demain, dit Amanda en se tournant vers moi.
- D'accord, bonne nuit.
- Bonne nuit ma chérie, lança Amanda avant de s'éloigner vers leur maison.
Benjamin reprit la route et il régnait maintenant un lourd silence dans la voiture. Je ne savais que dire pour le rompre.
- Que fais-tu dans la vie Beverly ? Nous n'avons jamais vraiment eu le temps d'en parler.
- Je suis étudiante en physique à l'Université de Yaoundé.
- Quelle année ?
- Année licence, répondis-je.
Un petit silence s'installa dans la voiture.
- T'es pas curieuse de savoir ce que je fais dans la vie ?
- Euh... bien-sûr, répondis-je poliment.
- Je suis dans les affaires. Je possède plusieurs supermarchés dans la ville et je suis aussi fournisseur, notamment en matériel scolaire.
- Je vois.
- Que comptes-tu faire après ta licence ?
La question épineuse était de retour.
- Je ne sais pas. J'aviserai le moment venu, répondis-je, bien que nous soyons déjà au "moment venu".
- Hum... penses-y, tu n'as plus beaucoup de temps.
Je préférai éviter de lui répondre, me perdant dans mes pensées.
- Nous sommes déjà dans ton quartier, pourrais-tu m'indiquer comment arriver chez vous ?
Je sursautai et jetai un regard circulaire autour de moi. Il avait bien raison, nous étions à près de cinq cents mètres de chez moi.
- Ne t'inquiète pas, je ne suis plus loin. Tu pourrais me laisser ici, ça ira. Je ferai le reste du trajet à pied.
- Il n'en est pas question, rétorqua Benjamin. Je te ramène chez vous. Je ne peux pas te laisser en pleine route à cette heure de la nuit.
Il était en effet presque 23 heures.
- D'accord, cédai-je finalement.
Je lui donnai donc les indications et quelques instants plus tard, il garait devant ma maison.
- Beh... merci de m'avoir raccompagnée, dis-je d'une voix hésitante en me tournant vers lui.
- Il n'y a vraiment pas de quoi, ma belle. J'ai désormais ton numéro, pourrais-je t'écrire de temps en temps pour prendre de tes nouvelles ?
Que répondre ? Surtout quand c'est demandé aussi gentiment ?
- Euh... pas de problème, répondis-je d'une voix embarrassée.
J'étais en train de sortir de la voiture quand je vis la porte de notre maison s'ouvrir. Maman en ressortit, tenant dans ses mains un seau rempli d'eau qu'elle était sur le point de verser vigoureusement au sol.
Elle suspendit immédiatement son geste quand elle remarqua la voiture. Je la vis froncer les cils et se rapprocher lentement de nous.
- Beverly, c'est toi ? demanda maman, mais ses yeux étaient fixés sur Benjamin.
- Euh... oui, c'est moi maman, répondis-je en sortant précipitamment de la voiture.
- Ne me présentes-tu pas ton ami ? demanda maman, sans masquer sa curiosité.
- Bonjour madame, intervint cette fois Benjamin. Je suis Benjamin, un ami de votre fille.
- Enchanté mon fils, répondit maman avec un large sourire. Beverly ne m'a jamais parlé de vous.
- Ah madame, nous nous étions perdus de vue ces dernières années. Je l'ai rencontrée par hasard ce soir.
- Je vois mon fils. N’hésite pas à passer de temps en temps pour une salutation.
- D'accord madame, répondit Benjamin, souriant de toutes ses dents.
- Maman, Benjamin s'en allait. Au revoir Benjamin, lançai-je pour couper court à cet échange qui ne présageait rien de bon, surtout connaissant ma mère.
- D'accord, ma belle. On se parle au téléphone alors. Bonne nuit à vous.
- Bonne nuit, mon fils.
- Bonne nuit, Benjamin.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Benjamin démarra et s'éloigna rapidement.
- C'était qui ? demanda immédiatement maman.
- Il s'appelle Benjamin. Il s'est pourtant présenté, répondis-je.
- Arrête de faire l'idiote, tu as très bien compris ma question.
- Et je t'ai répondu, dis-je.
- Et je t'ai répondu, me mima maman d'un air moqueur. Si c'est pour lancer des réponses bêtes, tu es très forte, mais te comporter avec un minimum de sagesse, c'est trop te demander. Il est évident que ce jeune homme est intéressé par toi. J'imagine que tu vas le chasser pour rester avec ton braqueur.
- Ce que je fais de ma vie ne regarde que moi, dis-je en passant devant elle.
- Je me demande parfois si tu es vraiment mon enfant. Tu as un jeune homme plein d'avenir devant toi, mais non, tu préfères traîner avec les voyous.
Je décidai de l’ignorer et me dirigeai simplement vers ma chambre. J'entrai dans la chambre et tout le monde dormait déjà. Je poussai un long soupir en me rendant compte que la place d'Arnaud était une fois de plus vide.
Arnaud avait semblé changer dans les premiers temps après sa discussion avec Arthur, mais Valéry me disait qu'il avait apparemment repris ses vieilles habitudes. Il avait désormais 18 ans et était totalement libre de ses mouvements. J'avais essayé à plusieurs reprises de lui parler, mais c'était peine perdue.
Maman se préoccupait de caser ses filles avec des hommes riches, au point de délaisser l'éducation de ses autres enfants.
Je me rendis aux toilettes pour me débarbouiller et me mis immédiatement au lit. Je pris le téléphone et vis que j'avais reçu un message d'Arthur il y a une heure.
" Toujours pas rentrée ?"
" À peine rentrée, bébé."
" Ça s'est bien passé ?"
" Oui, très bien, merci. Et toi ?"
Je savais bien qu'Arthur n'appréciait pas Amanda, mais il n'y voyait pas d’inconvénient pour que je la fréquente. Il fallait dire que nous nous voyions désormais très peu, Amanda et moi. Depuis qu'elle avait laissé la fac et moi, avec la vie prenante que je menais, je n'avais vraiment pas beaucoup de temps à lui consacrer.
Je me levai tôt le lendemain matin et commençai le nettoyage de la maison. Je terminai aux environs de 11 h et me rendis aux toilettes pour une douche. J'en ressortis et m'habillai pour me rendre chez Arthur.
- Tu vas encore rencontrer le voleur ? demanda maman. Tu n'as vraiment rien compris de la vie. Au lieu de te concentrer sur un vrai homme comme ce Benjamin, mais non, tu préfères traîner avec les voyous.
Je ne répondis pas et sortis simplement de la maison. J'étais assise dans le taxi quand mon téléphone se mit à sonner. C'était un appel d'Amanda. J’hésitai longuement avant de me décider à décrocher.
- Hé, ma copine, tu es même comment ? Comment peux-tu t'amuser avec un gros morceau comme ce Benjamin ? Es-tu folle ? Tu crois que ce genre d'hommes courent les rues ?
- Bonjour ma chérie, comment vas-tu ? demandai-je à Amanda, ignorant son discours.
- Beverly, tu es déjà une grande fille. Tu as déjà 23 ans, tu ne peux pas t'enfermer dans une relation qui ne te mène nulle part. En plus, tu m'as dit qu'Arthur risquait de quitter le pays. Que comptes-tu faire ? Rester ici à l'attendre bêtement et sagement pendant qu'il se tapera toutes les blanches et mbenguistes ? ( terme utilisé dans le jargon camerounais pour parler des personnes africaines vivant en Europe), et tu crois vraiment qu'il reviendra pour toi ?
- Beaucoup d'hommes sont revenus, dis-je d'une petite voix.
- Qu'est-ce qui te donne la certitude que ce sera ton cas ? Sais-tu qui il rencontrera là-bas ? Bref, c'est ta vie, fais ce que tu veux, mais je ne veux pas te voir devenir vieille fille ici et pleurer pour quelqu'un qui aura fait sa vie de son côté et aura peut-être toute une équipe de foot pour enfants.
- J'ai compris.
Que pouvais-je répondre d'autre ? Elle exprimait simplement à haute voix toutes mes préoccupations.
- Benjamin me semble un gars sérieux et je suis sûre qu'il te yamo (qu'il éprouve des sentiments pour toi). Ne le rejette pas. Arthur sera peut-être parti d'ici quelques mois. Reste en contact avec lui, on ne sait jamais.
- Je dois te laisser Amanda. Je descends du taxi.
- D'accord, ma belle. Pense à ce que je t'ai dit.
Je descendis du taxi, l’esprit en tumulte. Je pris le petit sentier qui menait vers la mini-cité où logeait Arthur. Je toquai à la porte, et celle-ci s'ouvrit immédiatement, à croire qu'il m'attendait derrière.
- Bonjour princesse, lança Arthur d'une voix joyeuse, tout en m'attirant vers lui. Il me donna ensuite un baiser langoureux.