
CHAPITRE 31
Write by Josephine54
Hélène Mbida
Je suis Hélène Mbida, la maman de Virginie, Beverly et tous les autres. Virginie m’avait confié que son homme se faisait de plus en plus rare, qu’il l’avait carrément bloquée depuis qu’elle lui avait annoncé sa grossesse. Elle avait voulu le lui dire en face, mais le comportement fuyant de Frédéric l’avait poussée à le faire par téléphone. Elle m’avait avoué l’avoir menacé de tout raconter à sa femme. Ce genre de menace fonctionnait généralement… j’en savais quelque chose. Je m’en étais souvent servi.
Je l'attendais avec impatiente. J'étais curieuse de savoir comment cela s'était déroulé. Virginie rentra à la maison aux environs de 19 h. Son expression faciale m'effraya.
- Virginie, Virginie, que se passe-t-il ?
Elle semblait en transe et passa devant moi sans m'accorder le moindre regard.
- Virginie, hurlai-je, la faisant réagir enfin.
- C'est de ta faute, maman. Tout ça, c'est ta faute, m'accusa-t-elle d'un ton rageur.
Que se passait-il, bon sang ? De quoi étais-je responsable ? Je la suivis dans leur chambre, mais ses cadets s'y trouvaient.
- Virginie, Virginie, répétai-je. Elle se coucha dans son lit et se couvrit carrément la tête. Virginie, Virginie...
N'obtenant toujours pas réponse, je la secouai donc sans ménagement. Elle se tourna enfin et je vis des sillons de larmes sur ses joues.
- Je t'attends dans ma chambre, dis-je d'un ton autoritaire en sortant.
Quelques minutes après, elle se présenta à ma porte.
- Entre et ferme la porte, dis-je simplement.
Elle s'exécuta.
- Assieds-toi, l'invitai-je en prenant place à mon tour sur le lit. Que se passe-t-il ?
Elle éclata en sanglots à ma phrase.
- Maman, maman, j'ai eu tellement peur aujourd'hui.
Elle me raconta les menaces proférées par Frédéric et j'éclatai de rire en voyant son expression effrayée.
- Haha, m'esclaffai-je, haha.
Virginie me regardait comme si je tombais de la planète Mars.
- À quoi t'attendais-tu ? Aucun homme marié ne fait des sauts de joie quand sa maîtresse lui annonce une grossesse. Un enfant adultérin est toujours une source de problème pour eux.
- Mais, maman, tu parles ainsi parce que tu ne l'as pas vu. Maman, Frédéric était méconnaissable.
- Ma fille, c'est tout à fait normal. Nous allons lui donner quelques jours pour digérer la nouvelle. Il te fera signe, ne serait-ce que pour savoir si tu as avorté.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Maman, je ne crois pas. Il m'a dit que si je voulais garder mon enfant, je devrais en prendre soin toute seule.
- Haha, ils disent tous ça. C'est simplement dans le but de te dissuader. Tu verras qu'il te contactera d'ici quelques jours.
- Hum... maman, je ne pense pas. S'il ne le fait pas, que feront nous ? Je ne veux pas garder cet enfant de malheur.
- Il le fera, ma fille. Il le fera... Fais-moi confiance.
- Maman, il m'a raconté que tout ce qu'il détient appartient à sa femme. Il m'a dit qu'il est sur le point de perdre son boulot. Si sa femme se sépare vraiment de lui, nous n'aurons plus aucun moyen de pression.
- Il l'a certainement dit pour te décourager de rencontrer sa femme. On verra le moment venu, lançai-je. On va gérer.
Virginie sortit de ma chambre, la tête baissée, accablée par le poids de ses problèmes.
Dix jours passèrent après ma discussion avec Virginie.
- T'a-t-il fait signe ? demandai-je.
- Non maman, répondit-elle, démoralisée.
- C'est ce qu'on verra.
Je pris mon téléphone et lançai l'appel vers le numéro de Frédéric. L'appel sonna en vain, et je n'obtins aucune réponse. Je rappelai immédiatement après, mais cela ne sonnait plus. Il m'avait apparemment bloquée.
- Virginie, va au call-box du coin me procurer une autre puce.
Virginie sortit de la maison en courant et retourna après dix minutes avec la nouvelle puce que j'insérai dans mon téléphone.
Je rappelai le numéro de Frédéric et il décrocha enfin.
- Allô, mon fils, c'est Hélène, la maman de Virginie.
- Ah, madame la proxénète, répondit Frédéric.
- Pardon ? hoquetai-je.
- J'ai bien dit : madame la proxénète. N'avez-vous pas honte de vendre vos enfants ? C'est honteux de voir une maman encourager ses filles dans la prostitution.
- Espèce d'idiot, m'exclamai-je. Tu as enceinté ma fille et tu dois répondre de tes actes.
- Ta fille a minutieusement orchestré sa grossesse, et j'imagine avec ta complicité, et elle a finalement eu gain de cause. Je ne veux pas de cet enfant et je me suis toujours protégé avec votre fille pour éviter des grossesses indésirées.
- Mais, c'est arrivé, mon fils. Ce sont des choses qui arrivent, et dans ces cas, il faut simplement prendre ses responsabilités, répliquai-je d'une voix faussement gentille.
- Je n'en veux pas. Débrouillez-vous sans moi. Je lui ai déjà donné l'argent pour s'en débarrasser. Faites-en ce que vous voulez. J'ai trop de problèmes dans ma vie en ce moment.
- Tu n'avais donc pas à coucher ma fille sans...
Bip, bip, bip. Il venait de raccrocher. Je regardai le téléphone d'un air stupéfait. Où était passé le charmant garçon qui m'envoyait très souvent des enveloppes. Il avait osé me traiter de proxénète. C'est ce que nous verrons.
- Tu as vu ce que je t'ai dit, maman ? Il était pire avec moi. Je pense qu'il a essayé de se contenir par respect pour ton âge.
- Je m'en fous. Nous allons chercher sa femme. Où habite-t-il ?
- Je ne sais pas maman.
- Quoi ? comment peux-tu être aussi idiote ? Quand tu sors avec un homme marié, tu dois toujours t'arranger pour savoir où il habite. C'est aussi un excellent moyen de pression. Je te pensais plus intelligente que cette idiote de Beverly, mais vous êtes pareilles. De vraies têtes vides. N'as-tu aucune idée de son quartier ?
- Euh... maman... euh, je l'avais un jour entendu parler au téléphone. Il pourrait habiter à Etoa-meki. J'ai eu l'impression qu'il avait parlé de l'Ecobank.
- Ok, nous allons y aller demain.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Nous allions nous rendre à son domicile demain. Je n'avais pas l'intention de révéler quoi que ce soit à sa femme. Le but de notre visite était simplement de l'intimider. Il avait osé me traiter de proxénète. Nous allions faire semblant de nous être perdues et demander des renseignements. S'il continuait à me narguer, je ne comptais pas me gêner. Me traiter, moi, Hélène Mbida, de proxénète ! Je n'étais pas près de lui pardonner cela.
Le lendemain matin, j'empruntai avec Virginie un taxi pour le quartier Etoa-meki. Après multiples renseignements, nous étions devant la maison de la famille Mbazoa.
Virginie traînait les pas à ma suite. La peur se lisait clairement sur son visage. Je me rapprochai de la maisonnette du gardien et toquai brièvement à la porte.
- Bonjour, j'aurais besoin de rencontrer monsieur Mbazoa.
- Monsieur Mbazoa n'habite plus ici, répondit le gardien.
Virginie agrandit les yeux à cette phrase. Elle me regardait d'un air qui disait clairement : "je te l'avais bien dit".
- Pourrais-je rencontrer sa femme ? demandai-je.
- Elle est absente.
- Quand pourrais-je la voir ?
- Je ne suis pas autorisé à vous fournir ce genre d'informations.
- Je vois, répondis-je simplement. Pourriez-vous par hasard lui donner mon contact. C'est pour une urgence.
- D'accord madame.
Je partis de là, déçue. J'espérais que sa femme me contacterait. Je pense que Frédéric s'était fait éjecter de sa maison. Je raconterai tout à sa femme. L'imbécile avait osé me traiter de proxénète. Je l'avais vraiment en travers de la gorge.
- Maman, pourquoi rencontrer sa femme ? demanda l'autre idiote.
- Il est évident qu'il s'est séparé de sa femme. Je veux que sa femme sache ce qu'il t'a fait. Nous devons réduire à zéro ses chances de se réconcilier avec elle. Il a osé m'insulter, ce petit morveux.
- Maman, qu'allons-nous faire de cette grossesse ? demanda Virginie d'une voix anxieuse.
- Je crois qu'elle ne nous sert plus à rien. Il va falloir s'en débarrasser. As-tu encore les sous que t'as remis Frédéric ?
- Oui, maman.
- D'accord. Je connais un petit dispensaire dans notre quartier qui s'occupe de ce genre de problème.
- Mais, maman, j'ai tellement peur. Ce genre d'intervention, surtout fait dans des petits centres, présente un risque énorme. J'ai peur qu'ils n'aient pas un plateau technique adéquat en cas de complications.
- Que proposes-tu donc ? demandai-je avec irritation. Tu as assez d'argent pour te rendre dans une clinique privée ?
Elle baissa simplement la tête.
- C'est bien ce que je pensais. Nous allons faire comme je te dis !
On rentra à la maison dans un état d'abattement.
- Tu vois où ta tétutesse nous mène ? grondai-je. Je t'avais pourtant demandé de mettre dix gouttes.
- Maman, tu ne m'avais pas donné d'instruction précise.
- Tu auras dû demander ! m'énervai-je.
- Je te rappelle que tu étais contente quand j'étais revenue à la maison deux jours plus tard.
Les choses ne se passaient décidément pas comme je l'avais désiré. Quand Virginie m'avait envoyé le message qu'elle avait mis un demi-flacon de notre substance dans le verre de Frédéric. J'avais été prise de panique. Ne la voyant pas rentrer en soirée, je lui avais envoyé un message pour savoir si tout se passait bien. Elle m'avait assuré que tout se déroulait comme sur des roulettes. Elle était revenue deux jours plus tard, tenant à peine sur ses jambes.
J'avais prié le ciel pour une grossesse et il m'avait exaucé. Et voilà maintenant...
Je me rendis dans le centre de santé avec Virginie et on paya les frais pour une IVG (interruption volontaire de grossesse). Ils nous donnèrent rendez-vous dans deux semaines.
J'étais posée sur mon lit dans ma chambre quand mon téléphone se mit à sonner.
- Madame Mbida ? entendis-je à l'autre bout de la ligne.
- C'est bien moi, répondis-je en me redressant.
- Je suis Cécile Mveng. Le gardien m'a informé que vous étiez chez moi il y a quelques jours.
- Oui, madame. J'aurais besoin de vous rencontrer, répondis-je d'une voix ferme.
- À quel propos ?
- C'est une question privée et délicate, madame. Je préférerai parler avec vous de vive voix.
- Je vois. Pouvez-vous passer à mon domicile aujourd'hui ?
- Bien-sûr madame. Pour quelle heure ?
- Quand vous voulez. Je ne compte pas sortir aujourd'hui.
Je sortis de ma chambre en coup de vent.
- Virginie, prépare-toi. Nous devons sortir d'ici peu.
- Pour aller où ?
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Nous allons rencontrer la femme de Frédéric. Habille-toi de haillons et essaye de mettre quelque chose pour gonfler ton ventre.
Virginie me regarda comme si je tombais de la lune.
- Oui, nous allons lui faire croire que ta grossesse est avancée.
Je me rendis dans ma chambre et enfilai une vieille robe en pagne qui avait connu des jours meilleurs.
- Non, non, ce n'est pas bon. Change-moi ces vêtements.
Je retournai dans ma chambre et pris une autre vieille robe en pagne.
- Tiens, mets ceci.
Virginie regarda le vêtement avec dédain.
- Je ne te demande pas ton avis.
Elle s’exécuta finalement à contre cœur. Je sortis de la maison avec elle quelques minutes plus tard. Je hélai un taxi qui nous transporta dans ce qui était apparemment l’ancienne maison de Frédéric.
Le gardien nous fit entrer après nous être présentés.
- Madame, vos invités sont arrivés, nous présenta-t-il à sa patronne et il s’éclipsa ensuite discrètement.
La femme de Frédéric nous regardait d'un air méfiant. Elle se demandait certainement ce que faisaient ces deux mendiantes chez elle.
- Bonjour, lança-t-elle, nous invitant de la main à prendre place.
- Bonjour mesdames.
- Bonjour madame.
Son regard s'attarda un bref moment sur le ventre arrondi de Virginie avant qu'elle ne le reporte sur moi.
- Je vous écoute, lança-t-elle d'un air froid.
- Madame, désolée de vous déranger, mais comme je vous l'ai dit plutôt au téléphone, c'est un sujet assez délicat. Je ne saurai par où commencer...
- Madame, je n'ai pas de temps à perdre. Dites-moi pourquoi vous êtes ici et allez-vous-en, me coupa-t-elle sèchement.
Je pense qu'elle avait déjà imaginé l'objet de notre visite.
- Madame, je suis là pour vous parler de ma fille. Euh... c'était une pauvre élève quand euh... euh... elle a fait la connaissance de votre mari. Je l'ai découvert quand il était déjà trop tard.
Je pris mon souffle un bref moment pour quêter sa réaction. Elle était simplement impassible.
- Euh... elle est enceinte de votre mari, madame, lâchai-je tout à coup.
- En quoi cela me concerne-t-il ?
- Euh... madame... votre mari ne répond plus au téléphone... et nous vivons dans des conditions difficiles. Nous avons à peine de quoi manger. Euh... nous pensions...
- Madame, je vais vous demander de libérer immédiatement mon domicile, lança-t-elle froidement.
- Madame, ayez pitié de nous, ma fille n'est qu'une pauvre victime de votre mari, dis-je d'un ton triste.
- Madame, je vous demande une fois de plus de vous en aller.
- Mais, madame... dis-je en coulant des larmes de crocodile, mon enfant est innocente. Il lui avait caché qu'il était marié.
- Sortez de chez moi, hurla soudainement la femme de Frédéric. Sortez d'ici.
Elle se leva précipitamment et sortit du salon.
- Gardiens, mettez-moi ces femmes dehors.
Deux hommes apparurent à cet instant et nous saisirent par la hanche.
- Espèce d'idiote, me mis-je à hurler. Si tu avais su entretenir ton mari, il ne serait pas dehors à baiser les petites filles, hurlai-je tandis que ces hommes nous jetaient sans ménagement à l’extérieur.
J’atterris rudement sur mes fesses. Je me redressai et me tournai vers virginie qui pleurait.
- Lève-toi. On y va, criai-je.
On rentra à la maison bredouille. J'avais espéré que la femme de Frédéric, dans un élan de pitié, fasse un geste envers nous. Mais, ce n'était pas grave. Ma mission avait été accomplie. Sa femme était désormais au courant de tout. Il avait osé me traiter moi, Hélène Mbida de proxénète.
Trois jours plus tard, nous nous rendions Virginie et moi au dispensaire pour son IVG. La salle d'attente était pleine de belles jeunes filles. À leur expression anxieuse, je pourrais dire sans grand risque de me tromper, qu'elles étaient là, pour la plupart, pour la même raison que Virginie. Ce dispensaire était d'abord réputé pour effectuer les IVG, indépendamment de l'âge du fœtus.
Nous prîmes place et dûmes attendre près de deux heures avant notre tour.
- Virginie Mbida, hurla une sage-femme.
On entra dans la salle de consultation.
- Virginie Mbida, demanda la sage-femme. Vous êtes ici pour une IVG, c'est bien cela ?
- Oui, répondit Virginie.
- Est-ce une décision murement réfléchie ? Quand vous traverserez le seuil de cette porte, dit-elle en lui indiquant une porte, vous ne pourrez pas faire marche arrière.
- J'ai bien réfléchi. Je ne veux pas de cet enfant, répondit Virginie d'une voix ferme.
- Très bien.
La dame nous expliqua toute la procédure.
- Vous pouvez déjà aller vous installer, dit la sage-femme. Quant à vous madame, veuillez patienter en salle d'attente. Nous en avons pour une heure, tout au plus.
Je sortis et pris place sur l'une des chaises disponibles en salle d'attente. J'entrai dans la messagerie de mon téléphone et échangeai quelques messages avec des amis, le temps de faire passer le temps.
J'étais en train de rire d'une blague qu'avait faite une amie dans un groupe quand la porte où était entrée Virginie il y a peu s'ouvrit brusquement.
- Madame Mbida, hurla une dame, venez immédiatement !
Je me rendis dans la salle en question, le cœur battant. La première image que je vis fut Virginie, étendue sur un lit, baignant dans une mare de sang.
Je poussai un hurlement en m'en fendre l'âme.
- Madame, sortez rapidement chercher un taxi. Il faut l'évacuer urgemment vers l’hôpital.
- Que s'est-il passé ? demandai-je, la peur dans la voix.
- Hé, madame, ne posez pas trop de questions. Prenez votre fille et allez-vous-en !
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