CHAPITRE 32

Write by Josephine54

Beverly



J'étais dans le taxi en train de me rendre chez Arthur. Nous avions validé tous les deux nos examens durant la session de septembre. Nous étions aujourd'hui deux diplômés.

Arthur avait déjà établi son passeport et il était en attente des instructions de son frère. Je sentis un pincement au cœur à la pensée de notre future séparation.

Arthur était aujourd'hui mon amant, mon meilleur ami, mon confident. Je me demandais bien ce que je deviendrais sans lui. À qui me confierai-je quand je broie du noir ? Je m'étais habituée à sa présence rassurante, à son côté protecteur, à son amour qui me permettait de m’épanouir chaque jour.

Je vivais dans une maison de huit personnes, mais je me sentais souvent si seule. N'eût été la présence des plus petits, je m'en serais déjà allée de cette maison. J'avais pensé un moment à m'installer avec Arthur, mais cela aurait été une grosse erreur. Non seulement nous n'étions pas mariés, mais en plus, il avait un projet d’immigration en cours.

Je poussai un soupir en pensant à la situation à la maison. Je devais admettre que j'avais noté un petit changement chez maman et Virginie. Elles n'avaient plus cet air de conspiratrices quand je passais près d'elles. Elles avaient aussi cessé de me narguer. Quand j'étais dans les parages, elles se taisaient subitement.

Je ne pouvais ignorer cet air de tristesse qui passait très souvent dans le regard de Virginie, bien qu'elle continuât à afficher un comportement fier envers moi. Je restais convaincue que quelque chose n'allait pas. S'associer à maman, comme elle l'avait fait durant ces deux dernières années, avait été une grosse erreur.

J'étais entrée dans la chambre hier soir et je l'avais surprise, les mains sur la tête. En d'autres circonstances, je serais entrée en l'ignorant simplement. Mais sa posture, qui témoignait d'un désespoir profond, ne m'avait pas laissée indifférente.

- Virginie, ça va ? avais-je demandé en prenant place sur mon lit.

- Je vais bien, merci, m'avait-elle répondu d'un air fier.

Je secouai la tête espérant sortir ces pensées sombres de mon esprit.

- Nous y sommes madame, me lança le chauffeur de taxi.

Je sursautai en regardant par la fenêtre. J'étais en effet arrivée dans le quartier d'Arthur. Je réglai ma course et descendis du taxi. Je longeai ensuite le petit sentier qui menait à la mini-cité dans laquelle logeait Arthur.

Je toquai à sa porte après quelques minutes.

- Bonjour bébé, lança Arthur d'un ton heureux en me donnant un bref baiser sur les lèvres.

- Bonjour chéri, répondis-je avec un sourire.

J'entrai et pris place sur une des chaises.

- Ça va ? demanda Arthur en me regardant attentivement.

- Ça va, bébé, répondis-je, un léger sourire aux lèvres.

- Tu n'as pas besoin de te prendre autant la tête, bébé. Les problèmes, il y en a dans toutes les familles. Tu verras qu'avec le temps, les choses finiront par s'aplanir.

- Je l'espère vraiment, soupirai-je.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Il vint vers moi et me prit tendrement dans ses bras. Un bien-être infini m'envahit à cet instant. Je le serrai fort contre moi et Arthur posa un baiser sur ma tempe.

Mon Dieu, comment ferai-je pour vivre sans lui ? Et si c'étaient les derniers moments que nous partagions ? Je ne pouvais m’empêcher d'être pessimiste. Il n'avait même pas encore commencé sa procédure, mais je vivais déjà comme s'il était sur le point de s'en aller.

Nous étions paisiblement enlacés quand j'entendis mon téléphone sonner. Je me détachai de lui et pris mon sac dans lequel mon téléphone se trouvait.

Je me saisis de mon téléphone et vis avec stupéfaction "maman" apparaitre à l'écran.

Je me tournai vers Arthur en lui murmurai " C'est maman". Il fronça les sourcils en se redressant.

- Allô, maman, dis-je en décrochant.

- Nous sommes en train de nous rendre à l'hôpital central. Rejoins-nous immédiatement.

- Maman, que se passe-t-il ? Qui est malade ? demandai-je d'une voix alarmée.

- Ta sœur, Virginie, répondit maman.

- Mais, je l'ai vue ce matin. Elle allait pourtant bien.

- C'est grave. Rejoins-nous, le plus vite possible, cria maman avant de raccrocher.

Je posai le téléphone sur la table et me mis à enfler rapidement mes chaussures.

- Que se passe-t-il ? demanda Arthur en se levant et enfilant à son tour ses chaussures. Qui est malade ?

- C'est Virginie, Arthur, répondis-je avec des larmes dans la voir. Apparemment, c'est grave.

- On va y aller, lança Arthur.

Je fus soulagée qu'il veuille m'accompagner. Je me sentais plus forte avec lui à mes côtés.

- Ils sont à l’Hôpital Central.

On sortit de chez lui au pas de course et quelques minutes plus tard, nous étions dans le taxi pour l’Hôpital Central.

J'entrai au service des urgences en courant. Je repérai maman assise dans un coin, les mains sur la tête.

- Maman, hurlai-je en courant vers elle.

- Beverly, tu es là. Elle est entrée en salle, il y a peu. Il faut qu'on paie pour qu'on puisse lui administrer des soins.

- Elle n'a pas encore été prise en charge ? demandai-je avec stupéfaction.

- Non, il fallait payer les premiers soins, répondit maman.

- Tu n'as pas payé ? demandai-je.

- Euh... euh... je suis sortie sans argent. Quand ta sœur s'est sentie mal, je me suis simplement précipitée ici.

Je courus vers la salle des soins et toquai.

- Je suis la sœur de Virginie Mbida, dis-je après qu'on ait ouvert la porte.

Virginie gisait inconsciente sur une civière.

- Madame, voici la facture, allez la régler à la caisse et revenez immédiatement avec le reçu.

Je me rendis précipitamment à la caisse en jetant un regard distrait sur la facture. Quand mon regard se posa sur le montant, je sentis le découragement me gagner.

La facture s'élevait à 100 000 francs et je n'avais que 30 000 francs sur moi. Je rebroussai chemin pour chercher Arthur quand je rentrai rudement dans quelqu'un.

- Bébé, que se passe-t-il ? demanda Arthur, que j'avais bousculé.

Il m'avait apparemment suivie.

- As-tu de l'argent sur toi ? demandai-je, en larmes.

Il fouilla dans son sac et me tendit des billets, 25 000 francs au total. On se rendit ensemble à la caisse et réglâmes une partie de la facture.

Je courus ensuite vers la salle de soins et toquai à la porte avant d'ouvrir sans être invitée.

- Tenez, nous avons pu régler ceci, commencez les soins, je vous en prie, on réglera le reste avant la fin de la journée.

Malheureusement, dans mon pays, il fallait payer avant d'accéder aux soins, même si ceux-ci étaient urgents. C'est triste, mais c'est ainsi.

- Chéri, j'ai un peu d'argent dans mon compte, je cours en banque, dit Arthur.

- Merci, chéri, répondis-je d'un ton reconnaissant.

Arthur sortit en courant de l'hôpital tandis que je me rendais auprès de maman.

- Maman, que s'est-il passé ? Je suis sortie ce matin et je n'ai rien vu d'étrange.

Maman leva le regard vers moi et baissa immédiatement la tête. Je crus lire une lueur de honte dans ses yeux.

- Tout ça, c'est la faute de ce voyou, ragea maman. S'il n'avait pas enceinté ta sœur et pris la poudre d'escampette, rien de tout ceci ne serait arrivé.

- Maman, qui est enceinte ? demandai-je, interloquée.

- Qui d'autre ? Virginie. Elle était enceinte de cet irresponsable et il n'a pas voulu reconnaître la grossesse. Elle a donc décidé de se libérer de l'enfant.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Je portai vivement mes mains à ma bouche à la phrase de maman. Quoi ? Virginie était ici suite à un avortement ?

Je ne savais que dire. J'étais choquée. Maman s'était rendue avec Virginie dans cet hôpital dans le but de la faire avorter ? Ou alors, aurait-elle été contactée par l'hôpital quand les choses se sont compliquées ? J'étais tellement simplement scandalisée par ce que j'entendais.

On resta près d'une heure en silence, chacune perdue dans ses pensées. Je fixais au loin le vide quand je sentis une présence à mes côtés. Je tournai la tête et vis Arthur.

- Avez-vous du nouveau ? demanda-t-il d'une voix anxieuse.

- Pas encore, répondis-je.

Maman se contenta de le toiser avec animosité avant de fixer un point imaginaire devant elle.

Je me rendis avec Arthur régler le montant restant de la facture et on retourna dans la salle d'attente après avoir l'avoir remise au service de soins. On resta une autre heure dans cette attente chargée d'angoisse.

- La famille de Virginie Mbida est là ? demanda un homme en blouse blanche.

Maman, Arthur et moi nous levâmes comme un seul homme. Maman regarda méchamment Arthur et ce dernier se rassit immédiatement.

Je me rapprochai le cœur battant.

- Veuillez-me suivre.

Il nous amena dans un bureau et nous invita à nous installer.

- Madame, votre fille est sauvée, commença le médecin en se tournant vers maman. Votre fille a essayé de se débarrasser de sa grossesse de la pire des manières, en se rendant dans un petit dispensaire. Si vous êtes croyante, je peux vous assurer que les Dieux ont été avec elle. Nous recevons tous les jours beaucoup de jeunes filles qui commettent exactement la même erreur, et malheureusement pour elles, elles n'ont pas eu la chance de votre fille.

Le médecin sembla prendre son souffle un petit moment et nous regarda cette fois d'un air grave.

- Le bébé a survécu, reprit-il. Il semblerait qu'il ait toutes les intentions de voir ce monde. Je déconseille vivement à votre fille de retenter l'expérience. Cela pourrait lui être fatal. Je vous prie donc d'être très attentives à ses faits et gestes les prochains jours. Elle pourrait essayer de le refaire à votre insu. Pour le moment, elle est encore sous sédatif, quand elle sera réveillée, j'en parlerai clairement avec elle. Je lui donnerai ensuite un rendez-vous pour le suivi de sa grossesse. Avez-vous d'autres questions ?

- Docteur, elle est donc encore enceinte, demanda tout de même maman d'un air stupéfait.

- Oui, madame.

- Merci docteur, dit maman en lissant des plis imaginaires sur sa jupe.

- Pourrons-nous la voir ?

- D'ici peu. Nous la tenons encore en observation. Elle rejoindra ensuite sa chambre. Vous pourrez la voir à ce moment. Nous comptons la tenir quelques jours.

- D'accord docteur, répondis-je en me levant.

Maman en fit de même et on sortit pour rejoindre Arthur dans la salle d'attente.

Arthur se rapprocha de moi et me serra contre lui en signe de réconfort. Je vis maman lever les yeux au ciel d'exaspération.

Virginie passa trois jours à l'hôpital et put enfin rentrer à la maison. L'atmosphère à la maison était à couper au couteau. Maman et Virginie se regardaient désormais en chiens de faïence. J'essayais de rester neutre et d'apporter mon soutien à Virginie. Un soir, j'étais dans la chambre, seule avec Virginie. Il était évident qu'elle était au plus bas.

- Virginie, que s'est-il exactement passé ce fameux jour ? demandai-je.

Les larmes se mirent à couler de ses yeux. Elle me raconta la grossesse préméditée avec le soutien de maman. Le rejet de Frédéric. Leur visite à la femme de ce dernier et enfin, la décision de se débarrasser du fœtus désormais encombrant.

- Tu sais, nul est parfait. Nous pouvons tous faire des erreurs, le plus important, c'est d'en tirer des leçons. L'enfant est là et il est évident qu'il veut vivre. Laisse-lui sa chance. On ne sait jamais de quoi est fait demain. Il pourrait être celui qui te tirera de tous tes problèmes.

Elle hocha la tête d'un air pensif.

- Tu sais, je me suis résignée et au fond, j'ai peur. Je ne me sens pas de recommencer une autre tentative. Elle pourrait me couter très cher.

- Voilà ! Je suis là, on va affronter tout cela ensemble.

- Merci, Beverly, merci pour tout, dit-elle en larmes.

Deux autres mois passèrent après ce fameux épisode. J'avais accompagné Virginie pour sa première échographie. Tout allait bien. Le bébé avait apparemment décidé qu'il verrait ce monde, lui aussi. Maman ignorant désormais Virginie. Elles ne s’adressaient presque plus la parole.

Je m'étais levée très tôt ce matin et m'étais rendue au marché pour faire les courses de la maison. Depuis l'obtention de ma licence, c'était le noir absolu. Je ne savais pas quoi faire. Penser à m'inscrire à un cours de formation professionnelle ? Lequel ? Et avec quel argent ? J'avais épuisé mes maigres économies pour l'hospitalisation de Virginie. Maman n'avait déboursé aucun sou. Papa, n'en parlons pas.

Heureusement qu'Arthur était là. Toujours présent, à m'apporter son soutien sans faille. Je me rappelle encore notre conversation lorsque Virginie était sortie de l'hôpital.

- Bébé, je sais que tu as énormément dépensé pour cette hospitalisation. Je compte te rembourser. Donne-moi juste quelques mois.

Nous avions dépensé près de 500 000 francs tous les deux, et Arthur y avait mis plus de la moitié.

- Beverly, l'argent n'est rien à côté de la santé. C'est ta sœur, tu l'aimes énormément. Tu penses que j'aurais eu une seule minute la conscience tranquille si sa vie avait été en danger et que j'avais préféré garder mes sous ? Tu ne me dois absolument rien. Je le fais pour toi, pour nous. Tu es ma femme, je te l'ai déjà dit. Ce n'est qu'une question de temps.

- Merci bébé, m'étais-je écriée en me jetant dans ses bras.

Il s'était contenté de me serrer très fort dans ses bras. Mon Dieu, que deviendrais-je à son départ ? Et s'il m'oubliait ?

J'arrivai devant la maison et vis avec stupéfaction une voiture garée devant notre cour. J'avais l'impression de l’avoir déjà vue, mais où donc ? pensai-je en me creusant la tête, tout en poussant la porte d'entrée. Je dus m’arrêter sur mes pas quand mes yeux croisèrent ceux de notre visiteur.

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