
Chapitre 33
Write by Josephine54
Beverly
J'ouvris la porte et mon regard rencontra celui de Benjamin. Que faisait-il ici ? Cela faisait des mois que je n'avais plus de ses nouvelles. Après le message qu'il m'avait envoyé et qui avait été lu par Arthur, j'avais simplement décidé de couper totalement les ponts avec lui. Je l'avais bloquée. Nous vivions peut-être nos derniers moments, Arthur et moi, et nous avions besoin de sérénité, instaurer un rapport de confiance absolue, pour que la relation à distance soit la plus saine possible.
- Bonsoir Benjamin, lançai-je en me rendant à la cuisine déposer mes achats.
- Bonsoir Beverly, répondit-il avec un large sourire.
Maman était assise sur le canapé près de lui et ils semblaient causer amicalement.
J'entrai à la cuisine le cœur battant. Que faire ? Que faisait-il déjà sereinement installé dans mon salon ? J'avais eu le temps de remarquer que sa bouteille était à moitié pleine et son verre l'était aussi. Il n'était pas arrivé il y a peu...
Je commençai à ranger les aliments dans les différentes étagères du frigo quand j'entendis des pas dans mon dos.
- Que fais-tu encore ? s'écria maman. Ne vois-tu pas que tu as un invité ?
- Je n'ai invité personne maman, répondis-je calmement en poursuivant ma tâche.
- Tu vas immédiatement m’arrêter ces gamineries. Il est là pour toi depuis un moment et il t'attend.
- Comme je te l'ai dit plus, je n'attends personne.
Je savais bien qu'il me faudrait sortir pour lui parler, mais j'avais traîné à la cuisine à dessein, dans le but de lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu et que je n'appréciais nullement sa visite inopinée.
Maman se saisit violemment du sachet d'oignon que j'avais en main et le jeta au sol.
- Sors ! s'exclama-t-elle.
Je la défiai un bref moment du regard et sortis finalement rejoindre mon "invité" au salon. Je m'assis en face de lui et le regardai dans les yeux.
- Je ne t’attendais pas, lâchai-je d'une voix froide.
- Désolé de débarquer ainsi à l'improviste. Je passai dans le coin et j'ai pensé à toi.
- Je vois, lui répondis-je d'une voix calme.
- Que deviens-tu ? demanda-t-il. Ça fait un bon bout.
- Rien à signaler.
- Et la fac ?
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- J'ai fini la licence. On verra bien.
- D'accord. Tu devrais penser à faire quelque chose, une formation professionnelle peut-être.
- On verra bien, répétai-je, une expression fermée au visage.
Maman nous rejoignit à cet instant.
- Ha, ma fille, ton ami passait dans le coin, il m'a dit.
- Oui, maman, répondis-je froidement à maman, une menace silencieuse dans les yeux.
Benjamin nous observa un moment avant de se lever.
- Euh... je vais y aller... c'était pour une simple salutation.
- Merci beaucoup mon fils, tu peux revenir quand tu veux.
- Merci beaucoup maman.
Son regard s'attarda un moment sur moi et je me sentis obligée de le suivre à l'extérieur. On s'arrêta devant sa voiture.
- Euh... euh... je vois bien que tu n'apprécies pas ma visite.
- Ce n'est pas cela, répondis-je avec embarras. Benjamin, nous savons tous les deux ce que tu attends de moi, mais ce n'est pas possible. Vois-tu, je suis en couple et je ne veux pas de problèmes.
- Avec le mec de la dernière fois ? demanda-t-il.
Je hochai simplement la tête.
- Mais que peut-il t'apporter de concret ce gamin ?
- Je ne te permets pas, répondis-je en me retournant pour rentrer chez moi.
- Hé, hé, hé, on sort les griffes pour aussi peu ? rigola Benjamin en me retenant par le bras. On se calme. C'était simplement une blague, de mauvais goût apparemment, mais une blague tout de même. Écoute-moi, je ne puis nier que tu me plais énormément, mais je ne suis pas là simplement pour cela. En fait, nous recherchons actuellement une responsable des ventes dans une de mes boutiques. J'ai pensé à toi. Cela t'évitera de travailler dans la nuit et en plus, je reste convaincu que ma proposition salariale est meilleure.
Je restai bouche bée face à sa proposition. Je devais admettre qu'elle était alléchante. J'avoue que j'étais fatiguée d'attendre toujours le soir pour sortir bosser et rentrer à des heures indues, sans compter les clients audacieux avec lesquels je devais me disputer au quotidien.
- Tu me permets d'y réfléchir un moment ? demandai-je.
- Bien sûr, c'est tout à fait normal. Mais bien évidemment, ma proposition n'attendra pas éternellement.
- D'accord. Je te fais signe avant la fin de la semaine.
- Pas de problème. Il faudrait me débloquer déjà, lança-t-il en me faisant un clin d’œil.
Il remonta ensuite dans sa voiture et démarra. Je regardai sa voiture s'éloigner un bref moment avant de retourner à la maison.
Maman était au salon et m'attendait apparemment.
- Où le connais-tu ?
Je ne répondis pas et voulus passer près d'elle pour me rendre dans ma chambre, mais elle me saisit fermement par le coude.
- Je pense que je m'adresse à toi. Qui est cet homme ?
- Il était en train de causer avec toi quand je suis arrivée, non ? Il fallait lui poser toutes tes questions.
- Voilà un homme, un vrai ! Pas les voyous braqueurs avec qui tu préfères traîner. Tu n'as vraiment rien dans la tête.
- Arthur est mon choix, maman.
- Arthur est mon choix, maman, me mima-t-elle ironiquement. Il est temps que tu grandisses.
N'y tenant plus, je tournai la tête vers elle et ancrai mon regard au sien.
- Que veux-tu faire ? Tu n'apprends donc jamais aucune leçon ? Détruire la vie d'une de tes filles ne t'a pas suffi ? Tu veux faire la même chose avec moi ? Saches que je ne te le permettrai jamais. Oser encourager ta fille à porter une grossesse pour de l'argent. N'as-tu pas honte ?
Maman sembla choquée à ma phrase. Je pense qu'elle n'était pas au courant que Virginie s'était confiée à moi. Maman se ressaisit bien rapidement.
- Est-ce la même chose ? Cet homme est libre.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Ah, parce que tu l'as interrogé sur son statut matrimonial ?
- Nous avons simplement parlé, entre autres, répondit-elle.
- Maman, tiens-toi loin de ma vie, lançai-je en me libérant de son bras.
Je me rendis dans ma chambre et me laissai choir sur mon lit. Mon esprit se mit immédiatement à vagabonder. Que faire ? Accepter la proposition de Benjamin ? Arthur ne sera jamais d'accord. Arthur et son frère avaient entamé la procédure d'immigration et si tout se passait bien, Arthur serait parti dans trois mois.
Il serait préférable que j'accepte la proposition de Benjamin. Je lui demanderai trois mois avant de commencer, le temps qu'Arthur soit parti. J'étais bien consciente des intentions de Benjamin, mais je saurais le tenir à carreaux.
Étais-je en mesure de mentir à Arthur sur quelque chose d'aussi important ? Ce serait bien la première fois, pensai-je avec dépit.
Trois jours plus tard, j'envoyai un message à Benjamin.
" J'accepte ta proposition, à condition de commencer durant le mois de septembre."
" Puis-je savoir tes motivations ? Le poste ne va tout de même pas rester vacant pendant trois longs mois."
" C'est à prendre ou à laisser."
Il mit un long moment à répondre.
" D'accord."
Je le bloquai à nouveau et jetai le téléphone loin de moi. Je devais penser à mon avenir. J'espérais ne pas être en train de commettre une énorme bêtise.
J'étais à la maison en train de repasser des vêtements quand j'entendis le bruit d'une voiture à l'extérieur. Je me rapprochai de la porte et vis Benjamin en descendre.
Que faisait-il là ? Nous avions parlé il y a une dizaine de jours. Je débranchai le fer à repasser et me rendis à la porte.
- Bonjour, lançai-je froidement.
- Bonjour, euh... je passais pour discuter des conditions de ton futur emploi. Nous n'avions parlé d'aucune modalité, salaire, heures de travail, etc...
- Je vois, répondis-je en me plaçant sur le côté pour lui permettre d’accéder au salon. Prends place, je t'en prie.
- Merci, rétorqua-t-il simplement en s'installant.
Je m'assis à mon tour et lui fis face.
- Je t'écoute, dis-je.
- L’actuelle responsable des ventes travaille du lundi au vendredi ainsi qu’un week-end par mois. Lorsqu’elle doit travailler le week-end, elle bénéficie de deux jours de repos durant la même semaine. Le lieu de travail est situé au quartier Madagascar Les horaires de travail sont de 8 h à 18 h, avec une heure de pause. Tu seras chargée de coordonner les caissières et d’intervenir en cas de problème avec un client en te rapprochant des caisses. Tu devras vérifier que les ventes enregistrées par chaque caisse correspondent aux montants effectivement encaissés. Tu assureras le bon fonctionnement du point de vente à tous les niveaux : nettoyage, approvisionnement des rayons, étiquetage de tous les articles, affichage clair et lisible des prix, et bien d’autres aspects liés au bon déroulement des opérations. Je sais que tu as énormément de potentiel et tu en es capable.
Il me donna plus d'indications géographiques sur le point. C'était décidément une proposition alléchante. Le quartier Madagascar était situé à moins de trois kilomètres de la maison. Je pourrais y aller à pied. Et avec ces horaires de travail, je pourrai aller et revenir du travail de manière indépendante. En plus, c'était un travail beaucoup moins stressant que servir dans les bars dans la nuit.
- En ce qui concerne le salaire, je pensais te donner 150.000 francs pour un début. Si tu t'y plais, nous pourrons en rediscuter après la première année.
J'ai cru un moment que j'étais en train de rêver. Il me paierait pratiquement le triple de ce que je gagnais au bar, et cela, pour des conditions de travail bien meilleures. Je fus presque tentée de lui dire que je pouvais commencer immédiatement.
- J'accepte ta proposition, dis-je d'une voix ferme cette fois.
- Ça me fait énormément plaisir, rétorqua Benjamin, un large sourire aux lèvres. Je ne vais pas insister sur les raisons pour lesquelles tu souhaites commencer plus tard, mais il faudra tout de même que tu viennes certains jours observer la structure et apprendre le travail auprès de l'actuelle responsable des ventes.
- D'accord, merci, dis-je, reconnaissante. Je te ferai savoir cette semaine quand je pourrai passer.
Mon Dieu, qu'allais-je dire à Arthur ? Lui dire la vérité ? Il ne serait jamais d’accord. Il connaissait de vue Benjamin et il était bien conscient des intentions de ce dernier vis-à-vis de moi. J'irai dans un premier temps voir le point de vente en question et j'aviserai.
- Tu sais, il faudra aussi me débloquer, hein, lança Benjamin d'un ton rieur. Je n'ai jamais vu une fille aussi difficile que toi.
Il fallait admettre, qu'au fond, je le trouvais sympa, mais je ne voulais pas avoir de problèmes avec mon chéri. Nous aurions pu être amis et j'aurais su le maintenir à distance, mais il fallait être réaliste, Arthur ne l'aurait jamais vu d'un bon œil. Dommage !
- Ce sera fait, répondis-je en esquissant un sourire.
- Mince, la première fois que je vois un sourire sur ce visage. Tu as toujours la face attachée comme les vieilles.
- Haha, m'esclaffai-je, quand j'ai un casse bonbon en face, pas le choix.
- Je serai donc ce casse bonbon ? demanda-t-il, hilare.
- Tu vois quelqu'un d'autre ici ?
On éclata de rire tous les deux pendant un long moment avant de se ressaisir.
- Je ne t'ai même pas proposé quelque chose à boire. De toute façon, nous n'avons que de l'eau.
- Ça me va, merci.
J'étais en train de me lever pour me rendre à la cuisine quand la porte s'ouvrit sur maman. Son sourire s'élargit à la vue de Benjamin.
- Mon fils, tu es là ? Bienvenu.
- Merci maman, répondit Benjamin. Je passais discuter de certains détails du travail avec Beverly.
- Du travail ? demanda maman d'une voix surprise.
- Oui, je lui proposais de venir travailler dans un de mes supermarchés.
- Mais, c'est très bien. J'étais tellement inquiète à la savoir dehors la nuit. Merci mon fils, merci beaucoup.
- Pas de quoi, maman. De toute façon, c'est un travail.
- C'est déjà beaucoup, le remercia maman.
J'avais envie de vomir rien qu'à voir l'air reconnaissant de maman. Je me rendis à la cuisine et ressortis quelques minutes après avec une carafe et des verres. J'en servis un à Benjamin avant d'en proposer à maman.
- Non, merci, répondit maman en regardant fixement Benjamin. Dis-moi mon fils, que fais-tu dans la vie ?
- Je suis dans les affaires. Je possède plusieurs supermarchés dans la ville et je suis aussi un fournisseur de matériel scolaire. Beverly travaillera justement dans un de mes supermarchés.
Je vis les yeux de maman s'illuminer à sa réponse.
- C'est très bien. Merci encore pour ma fille. Tu sais, de nos jours, trouver un emploi est de plus en plus difficile.
- Vous n'avez pas à remercier madame. Beverly est une personne dynamique et je sais que je ne serai pas déçu.
- Es-tu marié ?
- Non maman. Je suis célibataire.
J'eus envie de disparaitre à la question de maman, et j'ai préféré maintenir la tête baissée. Je n'avais aucune envie de croiser les yeux de Benjamin à cet instant. Un creux se créa à cet instant dans la conversation. Benjamin se leva à cet instant et décida de prendre congé de nous.
- J'attends ton coup de fil, alors, lança-t-il en sortant.
- Sans faute, répondis-je avec un petit sourire.
Je le raccompagnai à la porte et il s'en alla après une dernière salutation.
- Tu commences à grandir, je vois, lança maman d'un ton ironique. Voilà un jeune homme, riche, célibataire, qui visiblement est intéressé par toi. Tu vas le laisser pour continuer avec ton braqueur ?
- Je préfère ne pas te répondre.
Quelques jours plus tard, j'étais en chemin pour le supermarché de Benjamin. Bien évidemment, Arthur n'était pas au courant.