Chapitre 4

Write by Josephine54

Benjamin


J'étais rentré hier soir vers 18 h et ma fille m'avait immédiatement sauté dans les bras.

- Papaaaa, hurla Ophélie.

- Bonsoir ma chérie, dis-je en la réceptionnant.

- Bonsoir tonton Benjamin, me salua Gabin.

- Bonsoir mon grand.

Beverly entra au salon à cet instant.

- Ah, tu es là ? demanda-t-elle, un air surpris dans la voix.

- Oui, bonsoir ma chérie, dis-je en allant vers elle.

Je lui fis un bref bisou sur la joue et me rendis dans ma chambre pour me débarbouiller.

- Ta sœur n'est pas là ? demandai-je en rejoignant Beverly au salon.

- Euh... euh...non, elle est sortie, répondit-elle d'un air embarrassé.

Sa sœur vivait avec nous depuis dix ans maintenant. Durant ces dix années, elle n'avait rien fait de concret dans sa vie. C'était d'ailleurs Beverly qui élevait son fils comme s'il était le sien. Je n'aurais jamais accepté qu'elle vienne habiter avec nous si je m'étais douté un seul instant que cette dernière ne serait plus jamais partie. J'en avais déjà discuté avec Beverly.

- Où veux-tu qu'elle aille ? m'avait-elle demandé.

- Bah, chez un de ses nombreux amants, avais-je répondu d'une voix ferme. C'est trop facile ainsi. Elle est logée, nourrie, quelqu'un d'autre s'occupe de sa progéniture. Dis-moi pourquoi voudrait-elle partir d'ici ?

La discussion était une fois de plus finie en dispute comme c'était toujours le cas chaque fois que nous en parlions.

On passa une soirée assez tranquille à la maison. Je mis la petite au lit tandis que Beverly s'occupait du gamin.

Je m'assis un bref moment au salon à regarder un programme télévisé. Je retournai dans la chambre et Beverly était déjà installée au lit.

Je me rendis aux toilettes pour me débarbouiller et rejoignis enfin mon lit. Je me couchai et attirai Beverly dans mes bras. Après une brève résistance, elle se laissa finalement aller.

- J'ai terriblement envie de toi, murmurai-je d'une voix rauque à son oreille.

- Pas aujourd'hui Ben, je suis fatiguée, répondit-elle d'une voix ensommeillée.

J'insistai un peu et elle se laissa finalement aller. Elle était totalement passive. Elle ne prenait jamais d'initiative. Je lui fis l'amour et réussis à me libérer avec un peu de peine. Ce n'était pas bien grave, j'aurais le moyen de me satisfaire demain.

Quand je pensais à tous les sacrifices que j'avais faits pour l'avoir dans ma vie, je sentais une rage sans pareil me gagner, mais je ne regrettais rien. Son petit morveux d'ex-copain avait osé me menacer une fois. Je lui avais prouvé que quand on avait les poches vides, il était important de se faire petit. J'avais eu envie de rire quand j'avais entendu le téléphone de Beverly avait sonné sans arrêt cette fameuse soirée. Je m'étais senti puissant quand j'avais imaginé la rage qui devait l'habiter ne voyant pas sa bien-aimée rappliquer. En plus, mon alliée, ma belle-mère m'avait assuré lui avoir envoyé les photos et vidéos comme convenu.

On dit souvent qu'une femme est encore célibataire tant qu'elle n'a pas la bague au doigt. Beverly était mienne, pensais-je en regardant les anneaux sertis de diamants : la bague de fiançailles et celle de mariage, qui brillaient à ses doigts. Le pauvre bouffon l'avait appris à ses dépens. Tout cela appartenait désormais au passé, pensais-je en secouant la tête. Ce n'était pas toujours facile, mais la place de Beverly était ici, dans ce lit, dans cette maison.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Beverly


J'avais finalement signé mon nouveau contrat de travail. Je me sentais désormais sereine. J'avais un emploi sûr pour les cinq prochaines années et je ferai de mon mieux pour être maintenue à la fin de mon contrat. J'aimais mon travail et je me sentais bien dans cette entreprise.

Monsieur Akono était là depuis une semaine maintenant et tout se passait pour le mieux. Il était gentil et je sentais mes appréhensions s'éloigner au fil des jours.

Je sortais des toilettes quand j'entendis la sonnerie de mon interphone résonner. Je me précipitai pour répondre.

- Madame Kamdem, pouvez-vous venir dans mon bureau ? demanda monsieur Akono.

Ha, un chef comme lui ou rien. Il était le boss, mais s'adressait à moi de manière respectueuse et polie. Je me rendis immédiatement dans son bureau. J'ouvris après avoir toqué quelques coups et être invitée à y entrer.

- M’avez-vous demandée, monsieur ? demandai-je poliment.

- Oui, madame Kamdem. J’aurais besoin que vous organisiez une réunion urgente avec tout le personnel pour aujourd’hui même.

Je sentis mon cœur s’emballer dans ma poitrine. Qu’avait-il à annoncer d’aussi important pour convoquer une réunion aussi imprévue ?

- D'accord monsieur. Nous pourrions le faire durant la pause, proposai-je.

- Très bien, répondit-il.

Je sortis de son bureau et envoyai un e-mail à tous mes collègues leur demandant un accusé de réception. Je contactai ensuite ceux qui n'avaient pas répondu.

À 12 h 30, nous étions tous assis dans la salle de conférence.

- Je me demande bien ce qu'il doit encore nous annoncer, dit Éveline d'une voix inquiète.

- On verra bien, ma belle, répondis-je.

Une dizaine de minutes plus tard, on entendit la porte d'entrée de la salle s'ouvrir. On tourna tous le regard vers elle. Je vis monsieur Akono sur le seuil de la porte. Il n'était apparemment pas seul. Je me penchai légèrement en avant pour essayer de distinguer la personne qui l'accompagnait. Je ne saurai expliquer la raison, mais je me sentis tout à coup frileuse.

Monsieur Akono entra dans la salle pendant que son accompagnateur franchissait à son tour le seuil. Je sentis les battements de mon cœur s'accélérer quand je distinguai les traits de la personne. Mon Dieu, cet homme ressemblait trait pour trait à Arthur, pensai-je en sentant mes mains devenir moites. Mais, ce n'était pas lui, n'est-ce pas ? me demandai-je, comme pour me rassurer.

L'homme entra dans la salle et la parcourut brièvement des yeux au fur et à mesure qu'il évoluait dans le couloir. Son regard se posa sur moi et ces yeux, Seigneur, je les reconnaitrais entre mille. Ses yeux s'attardèrent dans les miens une brève seconde avant qu'il ne poursuive son chemin comme si de rien n'était.

Mes jambes se mirent à trembler et la tablette qui y était posée glissa et tomba à mes pieds. Je me courbai pour la recueillir, mais y mis un long moment, car mes mains tremblantes m’empêchaient de la saisir fermement. J'y parvins après de nombreux efforts et me redressai enfin sur ma chaise.


Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)


Je ne pus m’empêcher de le chercher des yeux et quand je levai la tête, il était là, à me fixer. Je me sentis perdre pied cette fois.

Que faisait-il ici, bon sang ? Et pourquoi s'était-il assis sur le siège qu'avait toujours occupé monsieur Domou et monsieur Akono récemment ? Était-ce vraiment lui ? Je préférai baisser la tête pour ne pas affronter son regard.

- Bonjour à tous, dit monsieur Akono. Je suis désolé de vous avoir obligé à reporter votre pause aujourd'hui. Je vous présente monsieur Arthur Mvogo. Il est ...

Mon Dieu, c'était vraiment lui ! C'était vraiment Arthur. Comment était-ce possible ? pensai-je le coeur en émoi.

- Beverly, tu vas bien ? me secoua doucement Éveline. On dirait que tu as vu un fantôme.

C'était exactement ça, un fantôme. Voilà ce qu'il était, un fantôme, un fantôme de mon passé...

- Beverly, me couda Éveline.

Je sursautai et tournai un visage vide d'expressions vers elle.

- Qu'y a-t-il ?

Bon sang, il fallait que je me ressaisisse. Il le fallait.

- Oui, ça va. Euh... c'est juste que... euh, je me demandais si j'avais éteint le feu ce matin sous la marmite.

- Je vois. Ta soeur est à la maison, non ?

- Oui. Je vais lui envoyer un message.

Je relevai la tête et une fois de plus, mes yeux croisèrent les siens. Je les baissai à nouveau.

- Je vais donc rejoindre le siège de Douala dès demain, poursuivait monsieur Akono. Je passe la parole à Arthur maintenant. Il aura certainement beaucoup de choses à vous dire.

J'avais perdu tout le discours de monsieur Akono.

- Bonjour à tous. Je suis Arthur Mvogo, et comme l'a déjà annoncé Rodolphe plus tôt, je suis le nouveau directeur de la société ETS Domou. La procédure pour changer le nom de l'entreprise est déjà en cours. Cette société avait près d'une quarantaine d'employés quand je suis rentré en contact avec votre précédent employeur. Après l'audit qui avait été effectué et sur la base de vos compétences personnelles, nous avons décidé de continuer avec certains employés, vous. Cela veut simplement dire que je crois en vous. Je crois en vos compétences et en vos capacités professionnelles. En d'autres termes, j'ai besoin de vous. C'est pour cela que je vous ai fait signer cette clause d’exclusivité sur cinq ans, dit-il en me fixant dans les yeux. Vous ne pourrez vous licencier sous aucune condition.

Je sentis mon cœur s'affoler à ces mots. Pourquoi tout cela me sonnait-il comme une menace ?

- Avant tout, j’aimerais que chacun de vous se présente. Je vous convoquerai ensuite, un à un, dans mon bureau afin que nous puissions avoir un échange plus approfondi.

Mes collègues se levèrent et commencèrent les présentations. Arriva enfin mon tour. Je me levai, les jambes flageolantes.

- Bonjour, dis-je d'une voix que j'espérais ferme. Je suis madame Beverly Kamdem...

Ses yeux se rétrécirent à ma phrase, m'obligeant presque à interrompre mon discours.

- Je... je travaille dans cette société depuis six ans maintenant. Je suis votre secrétaire.

- Bien, lança Arthur d'une voix autoritaire.

Je me rassis tandis qu'Éveline qui était assise près de moi, se levait pour se présenter à son tour. Le reste de la salle en fit de même.

- Je suis impatient de travailler avec vous tous, reprit Arthur en me regardant dans le blanc des yeux. Comme je le disais plus tôt, vous serez convoqués dans les jours à venir pour un entretien privé. Je tiens à vous remercier sincèrement pour votre présence et votre engagement lors de cette réunion. Votre professionnalisme, vos compétences et votre dévouement sont des atouts essentiels pour le développement et la croissance de notre entreprise. Sur ce, la séance est levée.

Arthur se leva et échangea quelques poignées de mains çà et là, tandis que j'essayai de m'éclipser.

- Mais, non attendons de le saluer aussi, me stoppa Éveline. Tu sais que la première impression est parfois la plus importante.

Je tournai la tête et le vis qui s'approchait de nous.

- Bonjour mesdames, désolé de ne pas pouvoir me souvenir de tous les noms. Vous êtes ? demanda Arthur en se tournant vers moi.

- Euh... je suis Beverly Kamdem, répondis-je d'une petite voix, la tête baissée.

Je ne saurais expliquer pourquoi je me sentais honteuse tout à coup de donner mon nom.

Il me tendit la main et j'essayai de calmer mon agitation en prenant sa main. Il la maintint un bref moment dans la sienne avant de la relâcher.

- Et vous, madame ?

- Mademoiselle, répondit Éveline d'une voix mielleuse. Je suis mademoiselle Éveline Enoh.

Je tournai brusquement la tête vers elle, mais elle contentait de regarder Arthur avec une lueur particulière dans les yeux.

- Enchanté, mademoiselle Enoh, répondit galamment Arthur.

Il poursuivit son chemin tandis que je sortais de la salle de conférence comme si j'avais le feu aux fesses.

- On va manger, ma belle ? me proposa Éveline qui m'avait suivie.

- Non, je n'ai pas trop faim. On se voit plus tard, répondis-je presque sèchement avant de rejoindre mon bureau.

J'entrai et me jetai lourdement sur la chaise, le cœur en tumulte. Arthur, ici ? Mon Dieu, et j'étais sa secrétaire ! pensai-je désespérément. Comment pourrais-je travailler à ses côtés après ce que je lui avais fait ? M'en voulait-il encore ? Comment justifier sa présence ici en ce jour ? Il y a à peine dix ans, il n'était qu'un pauvre étudiant, travaillant comme gardien dans une boulangerie, totalement dépendant de son frère. Où avait-il pu trouver de l’argent pour racheter une entreprise comme celle de monsieur Domou ? Avait-il repris ses mauvaises activités ? Son argent était-il sale ? Autant de questions qui me tourmentaient l'esprit.

Qu'avais-je à cirer de l'origine de son argent ? Je devrais plutôt m’inquiéter de devoir travailler en étroite collaboration avec lui.

J'étais encore perdue dans mes réflexions quand mon interphone se mit à sonner. Je décrochai d'une main tremblante.

- Madame Kamdem, je vous attends dans mon bureau.

Bip, bip, bip. Il avait raccroché. Je me levai brusquement de ma chaise et me rendis au bureau de Arthur. Je toquai à la porte, le coeur en émoi.

- Entrez, entendis-je une voix ferme de l'intérieur.

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