116: Les scénaristes du quartier

Ecrit par Gioia

***Océane Ajavon***

J’ai passé la soirée à guetter le whatsapp d’Elikem et c’est à la vitesse de la lumière que je l’ai appelé dès qu’elle était en ligne.

— L’entrevue? On l’a dans la poche? Je lui demande dès qu’elle répond.

-Je__, elle rigole, ne comprends pas ce qui s’est passé. Tout est encore confus dans mon esprit, mais bref, elle marque une pause et respire un gros coup, j’ai rencontré le gestionnaire d’embauche aujourd’hui et si je me fie à son entrain, c’est comme si j’ai décroché le__

— Je te l’avais dit!

— Kieee, permets que je finisse l’histoire ou bien, elle éclate de rire.

— Ah dégage! Je t’avais dit que ce poste était pour toi! La prochaine fois, tu ne douteras plus de mes talents de prophète.

— La foudre divine ne te dit plus rien on dirait vu comment tu blasphèmes facilement là.

— Tu as trop regardé les films naija, je rigole à mon tour et respire un gros coup. Enfin, elle a un pied fermement ancré à Nairobi. Du coup, la suite c’est le permis de travail? je la relance.

— Le contrat de travail en premier que je pourrais joindre à ma demande de permis de travail, mais je ne pourrais travailler que l’année prochaine, puisque l’étude de dossier peut prendre jusqu’à quatre mois.

— C’est quoi le délai le plus court et la moyenne?

— Deux mois je pense, sinon trois.

— Ma prophétie est la suivante : dans deux jours, tu recevras ton contrat de travail, tu finalises ta demande ce weekend et à la mi-décembre tu es en emploi. Je scelle ça, amen.

— Lol, c’est toi qui as trop regardé les films Naija où une orpheline se fait abuser par ses oncles, se fait voler l’argent de son maigre commerce par les brigands, se fait jeter dehors par les cruels oncles, et un beau matin, un bienfaiteur vient la chercher dans ce village, tombe amoureux et la même année vit dans une immense maison à Lagos, où les mêmes oncles reviendront pleurer son pardon.

— Laisse notre version Disney, on l’aime comme ça, je rigole.

— Sinon, c’est quoi l’e-mail que tu m’as envoyé? Je dérangeais Solim quand j’ai vu la notif.

— Tu fais quoi là? Tu t’occupes de lui?

— Non non, il est avec sa mère et ils causent avec Mally. Je me déshabille.

— Tu vas prendre une douche?

— Oui, tu as besoin que je t’aide avec quelque chose?

— Coule-toi un bain pardon, j’emmagasine depuis des jours pour te raconter ce qui m’arrive.

— C’est le travail? elle me demande pendant que j’entends l’eau couler dans le fond.

— Lis seulement l’e-mail.

— OK, une seconde, je prends mon cell et j’entre dans le bain.

Je n’ai patienté que deux minutes, peut-être moins, mais dans ma tête, c’était une éternité.

— Je t’expose le décor. Une petite balade détente vers 19 h 30 par là avec le type que tu sais. Tu as mes répliques. Je vais l’interpréter. Tu me suis jusqu’ici?

— Si je te suis bien, tu m’as envoyé cet e-mail kilométrique qui est supposé faire office de script?

— Ne raccroche pas, j’ai besoin de vider mon esprit pardon. J’attendais depuis près d’une semaine que tu finisses tes entrevues avant de t’emmerder avec, je dis d’une voix suppliante.

— Primo, ta bouche comme les fesses de babouin, rien que pour m’avoir fichu la trouille pendant une seconde. J’ai cru que tu m’avais envoyé le refus de la banque pour ta demande de prêt.

— Sowwyy, je dis dans la voix la plus petite que je peux prendre.

— Secundo, et je n’arrive franchement pas à croire que je vais faire ça, mais bref, continue avec ton décor.

Je me lève d’un bond, ajuste la cravate que j’ai portée pour m’aider à rentrer dans mon personnage et poursuis ma scène.

— Bon, comme je disais, le rencard débute par une petite balade. Lis ton script.

— Je t’ai pourtant dit__

— Avec ma voix? S’il te plaît? je demande d’une petite voix et elle grogne. Je peux carrément la sentir rouler des yeux d’ici.

— Je t’ai pourtant dit que j’étais occupée. Qu’est-ce que tu fiches ici?

— Une petite balade ne te tuera pas O. Allez, on y va, je lui donne la réplique.

— Et où est-ce qu’on va? Je n’aime pas marcher hein. J’ai des mollets fragiles.

— Figure-toi que je m’en suis douté, je dis et rigole.

— Tu es malade, le pauvre gars ne rit sûrement pas de cette façon.

— Reste dans le script s’il te plaît, merci.

— Oh great, on est au stade des insultes sur les mollets. Wonderful.

-Na verdade, acho seus bezerros sedutores.

— Purée tu dois être internée, elle répond après avoir ri à l’étouffement pendant que je bataillais avec la langue des gens.

— Franchement tu n’as rien d’artistique dans ton corps. Pouvons-nous reprendre, madame?

— Koh bezerros. Bref! Si c’est pour me sortir les phrases en pagaille et me dire que ce sont des compliments, ce n’est pas plus simple de m’apprendre le portugais mon frère?

— Si je te l’apprends, c’est que je te garde avec moi à vie Querida.

— Carrément? elle répond et rigole comme je l’ai écrit dans le script.

— Je ne vais pas construire mon rêve pour qu’un autre profite des retombées.

— Donc comme ça tu rêves déjà de moi?

— Tu ne rêves pas de nous toi? Je n’arrive pas à me l’interdire personnellement. Je tiens à préciser qu’il m’a dit la dernière phrase en me fixant droit dans les yeux.

— Peut-être, mais raconte ce dont tu rêves d’abord. En passant, mon petit doigt me souffle que tu as dit cette partie en dessinant dans le sable avec ton pied.

— Ne prends pas de libertés avec mon script, c’est moi la scénariste ici.

— Pardon boss. Alors on en était où déjà, ah oui. Lorsque tu m’appelleras Meu Bem, je te montrerai.

— Meu Bem.

— Lol, quand tu me le diras avec conviction. Pause décor : Après le «Meu Bem», on a longtemps parlé de travail jusqu’au retour au Spa. Alors, ces mollets?

— Écoute, ils sont en place. J’ai même mal de l’admettre, mais ils ont l’air plutôt contents d’avoir bougé un peu.

— C’est normal. Travailler de 8 h à 19 h sans pause, ce n’est pas humain.

-Boss ladies need to grind. (Les femmes influentes doivent se démener au travail.)

-Oh really? I actually think boss ladies need a little bump and grind.

— Oh non! Il n’a pas cité R Kelly, elle pouffe de rire.

-Girl I swear, le type m’a cité R Kelly.

— Tu ne viens quand même pas de faire un jeu de mots avec le titre d’un pédophile reconnu là, elle continue à rigoler tout en lisant ma réplique pourtant j’étais dépassée quand je l’ai dit.

— Ses classiques resteront des classiques et ce n’est pas notre sujet de toute façon.

— Donc supposons que tu aies une sœur, tu lui dirais par exemple «Ma puce, ne bosse pas pour te construire un avenir, concentre-toi sur le sexe c’est mieux.» Tes trois mois de probation vont prendre fin ici. Ce n’est certainement pas avec une mentalité aussi crasseuse que tu me donneras envie de partager des projets avec toi, elle lit avec le même agacement sur lequel je lui ai balancé mes répliques le jour-là.

— Tu as fini? Je peux parler?

— Si c’est pour me sortir d’autres âneries, épargne mon cerveau. Je n’ai pas envie de m’abrutir. Bonne__, euh tu as sauté un mot là.

— Je n’ai rien sauté ma sœur. Le type m’a simplement coupé la parole en se rapprochant. Bon c’est mon tour. Premièrement, c’est une grave erreur d’entrer dans la gorge de quelqu’un qui n’a pas fini de développer son idée. Deuxièmement, je dirai à ma sœur ce que je vis et prêche. Le vieux refrain qu’on nous a servi qu’être un boss c’est se tuer à la tâche sans se soucier de sa santé physique et mentale n’est qu’un piège. Un boss c’est celui qui a un tableau clair de ses objectifs et alloue de façon intelligible ses ressources pour accomplir sa vision, tout en prenant le temps de célébrer ses victoires et apprend de ses erreurs pour s’ajuster. Troisièmement, faire l’amour c’est bien. Ça détend, favorise le sommeil, diminue les risques de maladies cardiaques, ça ne coûte rien si on ne considère pas le prix de la contraception, et selon certains psys, les attouchements désirés y compris ceux qui n’ont pas de connotation sexuelle, ont un effet positif sur le cerveau. C’est utile pour le bien être de faire l’amour à un certain âge, sauf quand on est ma sœur, là on se contente du sport, je récite verbatim et Elikem éclate de rire sur la fin.

— Il y a plus, je d’une voix chevrotante. Je ne veux pas que ma femme passe la majorité de ses journées enfermée dans un local parce qu’elle se construit un empire. Je ne veux pas qu’elle se tue à la tâche à la maison et encore moins en dehors. J’aspire à une vie équilibrée qu’on appréciera tous les deux. L’empire, on le construira à deux. J’ai l’intelligence pour, mais la vie à laquelle j’aspire, je ne peux pas la construire seul. Je n’ai pas grandi dans la paix. J’ai perdu mon père tôt et ma mère a dû se tuer à la tâche malgré le chagrin pour qu’on s’en sorte. Très tôt, elle m’a envoyé chez mon oncle où j’étais à peine toléré. L’école a été mon refuge et je détestais voir les heures défiler sachant qu’il me fallait retourner dans cet enfer où j’étais souvent traité comme un citoyen de seconde classe. Ce n’est pas le sentiment que je veux pour mes enfants. Je veux qu’une fois adultes, ils racontent avec passion leur enfance à leurs amis. Je veux qu’ils en gardent de si beaux souvenirs qu’ils les considèrent comme leurs trésors. Je veux qu’ils n’aient aucun doute sur ce que l’amour est. Je veux qu’ils me voient chérir, cajoler et profiter de la vie avec leur mère ainsi qu’eux. Je veux être le père et mari que je n’ai pas eu le temps de voir mon père être.

— C’est la fin du script, et je ne pleure pas du tout, je dis d’une voix enrouée.

— C’est émouvant, elle me répond sur le même ton.

— Dis-moi un truc, n’importe quoi pour me faire détester ce type Elikem, dis-moi parce que, je renifle, non seulement son discours m’a bouleversé sur le coup, mais j’ai pleuré une fois seule. Et là, bête que je suis, j’ai versé deux larmes en lisant mon script.

— Sa femme Océane.

— Je saiiiissss, je me plains longuement. Je sais, j’ai essayé de me rentrer dans le crâne que son discours c’est typiquement ce qu’un homme dirait pour charmer une femme, parce que quel homme récite tout ça sans sourciller? En plus, ce n’est pas comme si on se fréquentait depuis un an. Et tu vas m’insulter, mais il y a cette petite conne de voix qui me dit peut-être que ça ne va pas fort entre lui et sa femme? Il ne porte pas d’alliance. On ne se voit que la nuit. S’il avait une femme, normalement il ne serait pas si disponible non?

— Je ne veux pas que tu souffres Annie. Tout ce que je veux, c’est que tu ne souffres pas, elle me dit sur un ton doux.

— Je sais, je réponds sur un ton défaitiste. Je le veux encore moins. Je ne sais même pas pourquoi je flanche si rapidement. Peut-être que je devrais toucher sa queue pour voir la taille? Parce qu’il ne peut pas tout avoir.

— Hum, on se connaît. S’il a un pouce, tu reviendras me dire ici que de toute façon le cunni est supérieur à la baise juste pour te justifier.

— Quand tu recevras le genre de cunni qui te fait hyperventiler là, tu comprendras le pourquoi je t’ai dit que cunni over dick anyday.

— Pardon, le frère a bien dit que faire l’amour c’est ce qui détend.

— Parce que tu fais trop l’amour hein, je lui lance.

— C’est de ta potentielle carrière de tchiza qu’on parle actuellement. Ma chatte ne vous a rien demandé.

— Tu n’es qu’une conne en vrai, je rigole.

— Venant de Mme Bezerros tu crois que ça me fait quelque chose.

— Si tu oses m’appeler comme ça devant quelqu’un tu verras, je dis en rigolant davantage.

— Je m’en vais de ce pas changer ton nom à ça.

Je l’ai menacé en vain. Après qu’elle l’ait prononcé quatre fois, j’ai commencé à m’y faire et en y pensant, je me suis dit qu’on pourrait même me relier à Bezos comme ça. Qui sait si ce n’est pas une bénédiction qui se cache derrière? Je me couche avec cette pensée inutile et me réveille avec une autre tout aussi nuisible. La veille Elikem m’avait laissé avec le conseil suivant : «Si tu as du mal à te le sortir de l’esprit, fuis chez ton père. Au moins, il ne viendra pas te chercher là-bas». Qu’est-ce que je décide donc de faire aujourd’hui, un jour de congé de surcroît : «Je vais lui rendre visite», mais j’ai une bonne raison! Premièrement j’ai rêvé que je le prenais en flagrant délit avec sa femme et deuxièmement, je me dis que c’est le meilleur moyen de déceler la faille dans son jeu. Puisqu’on ne se voit que les soirs, c’est sûr qu’il réserve ses journées à sa femme. S’il refuse de me voir, c’est un signe! Je me mets une petite robe colorée qui dévoile mes jambes, zappe le maquillage en dehors du gloss, et vais déranger mon gardien pour qu’il me prenne en photo que je balance à ma victime du jour.

— Tu ne pourras pas dire que je suis récalcitrante. J’ai pris congé aujourd’hui pour me détendre, je lui envoie par la suite.

— Qui a pris la photo? il répond après une dizaine de minutes.

— Mais, on ne salue pas?

— Je réserve mon bonjour dépendant ta réponse.

— C’est quelle jalousie mal placée ça?

— Elle n’est jamais bien placée la jalousie, mais elle est là. Il faut faire avec.

— Je viens passer la journée avec toi, j’ose.

Le petit temps qu’il prend pour répondre me fait cogiter et je ne l’attendais plus, mais il m’envoie carrément sa localisation. Me voilà qui panique bêtement pour je ne sais quelle raison.

— Tu donnes ton nom à mon assistant et il s’occupera de toi.

— Euh si tu es occupé, on peut remettre ça. Ce n’était qu’une proposition, je me dépêche d’envoyer.

— Je t’attends.

Kieh, dans quoi me suis-je embarquée? Est-ce que je crains de découvrir le pot aux roses et que je sois de facto obligée de mettre fin à mon joli film? Bref, je suis déjà en chemin. Le trajet Adidoadin Akodésewa, où se trouve leur cabinet est vite fait surtout qu’il n’y a pas de trafic à 9 h. Je suis reçue par un jeune garçon qui me conduit dans un bureau moyen dont la déco m’interpelle directement. J’ai tellement pris du temps pour repenser l’aménagement de cette pièce qu’il m’a rejoint avant que je me rappelle de mon plan initial. Je devais fouiner dans ses effets pour trouver une trace de touche féminine, une photo, bref un détail sur sa femme. Une mission digne de totally spies vraiment.

Le mec n’est qu’en chemise, quoique bien assortie à sa cravate et un pantalon qui rend justice à ses fesses musclées, pourtant il parle à la partie animale de mon cerveau. Je suis assez grande de taille, pourtant sa taille me fascine.

— J’étais en meeting avec mes collègues, tu as attendu longtemps? il me demande après la bise.

— Pas vraiment. Tu dois te rendre au palais de justice?

— Pas aujourd’hui, pourquoi? il me demande avec un sourire.

— Ah, comme on est en début de semaine, je me suis dit que c’était peut-être votre journée chargée.

— On n’a pas de journée chargée fixe. Tout dépend du volume et l’évolution des cas. Par contre, je vais pal mal bouger en journée. Tes mollets parviendront à me suivre?

— Est-ce que j’ai alors le choix maintenant que je suis là?

Il rigole et dans la blague, le type continue son travail sans pour autant couper la conversation. Il lit, écrit, parfois il me demande une seconde pour appeler. De ses échanges, je comprends qu’il questionne des gens sur des affaires. Il revient et reprend naturellement la conversation là où on l’a laissé.

— Ta capacité à te rappeler de ce qu’on se dit, c’est une déformation professionnelle? Parce que tu m’épates, je lui avoue à la fin d’un autre de ses appels et il rigole.

— Ou j’aime simplement ce que tu me racontes du coup c’est facile de te suivre.

— Et tu es certain que je ne te dérange pas? Il ne faut pas donner mon nom à ton patron si jamais il t’interroge sur les raisons justifiant le retard dans ton travail hein.

— Je vais mal donner ton nom et lui demander si je peux m’occuper personnellement de ta punition, il dit avec un sourire enjôleur.

— Tu veux toucher à l’unique fille de Mr Ajavon? Tu ne crains pas pour ta vie?

— La fille de Mr Ajavon est sur mon terrain. Je touche tout ce qui s’y trouve.

— J’attends de voir ça, je le provoque en retour. Pourquoi? C’est mon côté casse-cou, je suppose.

Il reçoit un appel, s’excuse et le prend.

— Oui Fabien, c’est comment?

-…..

— Tu y es déjà? Tu es rapide dis donc. Le travail a fini plus tôt?

…..

— OK. Non, je peux me libérer. Je quitte bientôt alors. Oui à toute. Alors, prête pour la première sortie de la journée? il m’interroge.

— Ça dépend. On va où?

— Retrouver mon frère qui doit acheter un lavabo et des robinets pour ma maison.

Sa suggestion me laisse bouche bée. Qui introduit une tchiza à sa famille? Je calme mon cerveau qui veut s’exciter pour rien. Certains hommes ne connaissent pas la honte. Ils peuvent parader autant de femmes qu’ils le souhaitent devant leurs familles. J’ai entendu des histoires de maris qui trompaient leurs femmes avec la complicité de leurs frères donc encore une fois, on se calme et on reste vigilants. Après avoir laissé des instructions à son assistant, nous embarquons dans son véhicule et quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons devant une boutique qui m’est inconnue.

— Voici mon frangin Fabien et voici Océane, une amie.

— Une amie hein? Et c’est aujourd’hui que je la rencontre? Enchanté, il dit et me présente sa main que je prends.

— Enchanté, c’est une amitié récente, je lui explique. L’amitié là ne m’a pas plus, mais bon, au moins il est honnête.

Ensemble, on se dirige vers la section des carreaux. Étant la petite nouvelle du groupe, j’étais en retrait, mais très vite on m’a impliqué dans les choix.

— Voici les mitigeurs en acier inoxydable, le régulier quoi. Puis ceux-ci, comment tu les appelles déjà Fabien?

— Ils sont en laiton, lui répond son frère.

— Je préfère ceux en laiton, mais Fabien me dit qu’il ne connaît pas grand-chose sur leur entretien, du coup il pense que l’acier inoxydable est meilleur.

— Le porte-serviette et la poignée sont dans quelle finition?

— Acier brossé, répond son frère.

— Dans ce cas, c’est mieux d’opter pour l’inox. C’est plus classe d’avoir un thème cohérent, enfin je pense.

— Bon vous avez gagné, il abdique, mais son petit air de défaite ne cesse de me déranger et j’ouvre la bouche avant de réfléchir.

— Ou tu peux très bien repeindre le porte-serviette et la poignée pour aller avec le laiton.

— Mais oui, tu pourrais faire ça Fab?

— Euh, je ne m’y connais pas sur ce coup. On peut se renseigner peut-être, son frère propose et va le faire.

— Tu pourrais t’acheter quelques plantes si on en vend ici. Un peu de couleur ferait du bien à ton bureau.

— Ah bon, tu trouves?

— Je pense. Il est un peu austère et vide sur les côtés. Une grosse plante dans le coin balancerait le décor.

— Rappelle-moi d’appeler un fleuriste en semaine dans ce cas.

— Beh pas besoin. On doit vendre des plantes ici, je suppose?

— Ils ne vendraient que du faux.

— Et alors? C’est juste pour décorer.

— Je pensais que les fausses fleurs étaient mal vues?

— Mal vu si tu les offres en cadeau et même à ça je dirai que c’est de l’histoire ancienne, à moins que tu offres un bouquet de fausses fleurs. Si c’est à des fins de déco en tout cas, c’est on ne peut plus approprié, je lui explique et parce qu’une image vaut dix mille mots, je lui montre sur mon cell l’inspiration derrière la déco de mon salon.

— Tu aimes le blanc à ce que je vois, c’est beau.

— Tout blanc ou tout noir. Ce n’est pas révolutionnaire, mais j’aime beaucoup, je dis pendant que son frère nous retrouve.

La boutique n’avait finalement pas de peinture pour robinet et comme ma bouche a décidé de ne pas coopérer aujourd’hui, je me suis proposée pour la lui trouver.

— Je la veux en noir. Tu me donneras le prix.

— No souci, en revanche tu ne l’auras pas avant décembre. C’est bon? Parce que je dois la commander et c’est le petit frère d’une amie qui rentrera avec.

— Fab? Décembre c’est bon?

— Bah, je ne sais toujours pas comment peindre un robinet. Je ne veux pas faire n’importe quoi. Peut-être qu’on pourra trouver un plombier à ce moment.

— Négatif, c’est toi le maître du chantier.

— Sinon, c’est super facile, j’ajoute timidement. Il suffit de suivre les instructions.

— Tu vois? C’est réglé.

— Hum, il ne faut juste pas te vexer si le résultat n’est pas__

— Ah va loin avec ton pessimisme, il dit en passant son bras autour du cou de Fabien.

Ensemble, on se dirige vers la section déco où il choisit une gigantesque plante et deux cadres photos, puis il propose qu’on se fasse un resto puisqu’on était proche de midi. Son frère décline l’offre, attache le lavabo sur sa moto et prend sa route. Je vous assure que c’était étonnant de le voir lutter avec son lavabo, bien que son frère lui expliquait que ça ne le dérangeait pas de rentrer avec.

— Je n’ai pas réussi à le faire lâcher la vie de boss lui, il rigole pendant qu’on se dirige vers un resto.

— Figure-toi que j’allais t’embêter sur ça, je rigole aussi.

— Le plus hilarant c’est qu’il a insisté pour rentrer là, mais ce n’est pas le travail qui le presse hein. Il court pour manger la pâte de maïs.

— Lol, arrête, tu blagues.

— Attends qu’on arrive au resto et je te montre. Sinon, pour la commande, tu peux me prendre deux pots de peinture?

— Si c’est pour un robinet, un seul te suffira largement.

— Je vais tout repeindre en noir.

— Mais, comment?

— La robinetterie, la poignée, le porte-serviette, comme ça je serai dans un thème.

— Attends, tes cabinets sont noirs aussi?

— Marron foncé, mais ça ne clashera pas avec le noir je pense.

— OK, mais tu vas brusquement tout changer? Tu n’es pas obligé de choisir le noir hein, tant que tu restes dans une famille de couleur, le résultat sera harmonieux.

— Tout noir, mon choix est fait, il conclut sur ça.

Nous sommes au resto, je cogite pendant qu’on s’installe. Il doit se répéter pour me ramener à l’instant présent.

— Un problème?

— Euh non, qu’est-ce que tu disais?

— Mon frère à l’œuvre, il dit et me présente son cell.

— Ah oui, il travaille dur lui, je commente sur un appréciatif la vidéo qui défile sous mes yeux.

— Depuis l’adolescence. Hyper têtu quand il s’y met, mais tellement débrouillard. Quand il a eu son BEPC, il m’a appelé pour me dire «Eben, je pense que je veux être électricien. Si tu peux m’aider avec l’écolage, je promets de ne jamais t’emmerder». Je n’y ai pas songé à deux fois et depuis qu’il l’est devenu, il m’emmerde, mais d’une autre façon, il rigole. La fierté qui transpire de ses mots est trop touchante. Je sors aussi mon cell et lui montre une photo des miens.

— Là c’est Bobby, mon frère qui s’essaie régulièrement chez moi quand ses parents refusent de lui acheter une console.

— Il est mignon et métis. Ton teint clair vient de là?

— Non. Je suis togolaise à 100 %. Mes parents se sont séparés quand j’étais gamine. Maman a refait sa vie avec le père de Bobby et papa n’a eu que moi.

— Je vois.

— La petite ici c’est ma mère.

— Ah oui, c’est une naine.

— Hééé, je réplique, mais rigole quand même.

— Une jolie naine, il ajoute avec un sourire comme si c’était mieux.

— Ce soir même elle entendra ça.

— La médisance sur ma personne, Dieu te voit.

— Laisse le père dans sa tour. Alors ici, c’est maman et son mari Parker. Ils vivent à Marseille. Et là, tu as le duo de choc, papa et sa fille unique.

— Je vois d’où vient le front à la Stevie Wonder maintenant.

— Héééé! C’est quoi avec mon corps? je réponds sans pouvoir contrôler mon rire. C’est la coiffure, je n’ai pas de front à la Stevie en général.

— Ce sont les retombées quand tu rêves du même corps depuis un moment. Tu trouves facilement tes références.

Je me racle la gorge avant de diriger la conversation vers un sujet plus apaisant.

— Alors, je pensais que tu allais me montrer les preuves de tes lourdes accusations sur ton frère.

— Ah lol, c’est vrai. Tiens-toi bien, tu vas rire.

J’ai effectivement commencé à rire devant la quantité de vidéos qu’il avait. Au bout de la 5e, j’ai reconnu sa femme qui déposait devant son frère une glacière de bouffe, mais c’est son commentaire qui a freiné mon rire.

— Et voilà la pauvre fille qu’il fatigue avec son alimentation ennuyante. Imagine la pauvre se fatigue à faire une salade et il lui raconte que c’est le repas des moutons ça. Il me décourage mon frère, on a tout essayé.

-…..

— Ça va? Tu es avec moi?

— Je veux comprendre un truc, je commence d’une voix que je reconnais à peine. Cette femme, c’est ta sœur ou ton épouse?

Il paraît confus un moment, puis petit à petit, son visage se détend.

— C’est la compagne de mon frère.

— Alors pourquoi diable tu t’es présenté comme son mari?

— Et pourquoi tu cries? il me retourne posément.

C’est le regard confus et limite inquiet de la serveuse qui me fait comprendre qu’il doit dire vrai. J’ai même crié sans m’en rendre compte.

— Désolée, je lui dis sans réfléchir et lui lance une commande au hasard.

Le repas est vite écourté après un coup de fil de son agent. Il est demandé d’urgence du coup, nous prenons nos commandes à emporter et sommes de retour au cabinet en un temps record.

— Je veux comprendre un truc. Tu as cette image glorieuse de moi depuis notre premier rendez-vous et tu continuais à me voir?

La petite voix de survie me souffle, «répondre à cette question sera ta perte  Océane», alors je prends une profonde inspiration pour trouver le truc le plus cohérent et générique à dire.

— Quand on te donne une période d’essai sur un site, c’est bien à la veille de l’abonnement qu’on se dépêche d’annuler non? Tu avais dit trois mois alors, beh voilà, je dis avec confiance.

— Je vois. J’ai à faire, tu peux rentrer.

— On peut savoir ce que tu as à faire de si urgent? je lui retourne sans tarder et sur un ton de défi.

— La réponse à cette question est réservée à ma femme, il se permet d’ironiser.

— Ça tombe bien, tu peux répondre comme je suis ici, je réponds sans pour autant comprendre ce sur quoi je compte et à ma surprise, il éclate de rire.

— Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle et d’ailleurs je n’apprécie pas qu’on rigole de moi quand je suis sérieuse.

— Viens donc m’empêcher de rire, il me répond en reprenant brusquement son sérieux.

Je me suis annoncée comme sa femme ou pas? J’ai la trouille, pourtant j’enlève ma ceinture et approche mon visage du sien. S’il me sort un sale truc, du style il tourne sa face pour refuser mon baiser, je vais mal lui croquer l’oreille. Ça lui apprendra à créer des situations inutiles et envoyer mon cerveau loin comme il le fait depuis notre rencontre. J’effleure timidement ses lèvres qui sont plus douces que ce à quoi je m’attendais. Je comptais me retirer, mais il me retient par son bras qui me tient par le bas du dos.

— Come on, ma femme peut faire mieux que ça.

— Mon mari a du travail, je ne veux pas le retarder, je dis en tournant la tête et sa bouche atterrit sur ma joue.

— Tu es une vraie folle habillée en fait, il commente avec humour contre la joue en question.

J’ignore s’il entend à quel point notre proximité fait battre mon cœur et il ne fait rien pour arranger ça. Sa bouche remonte vers mon oreille, mais on se fait interrompre par un autre coup de fil qui le fait jurer.

— C’est mon assistant, je dois vraiment y aller Querida. Si tu veux t’ennuyer, tu m’attends, sinon tu rentres et__

— Je vais attendre, je conclus.

Ce n’est pas comme si j’avais un truc d’important à faire et je n’accepte toujours pas la couleuvre qu’il veut me faire avaler. Il n’est pas marié, je l’ai enregistré, mais qui dit qu’il est libre? Pas mon esprit et dès qu’il me laisse seule dans son bureau, je commence ma fouine.

Un peu plus d’une heure plus tard, je dépose mentalement les armes. J’ai retourné tout ce qui devait l’être, avec respect bien sûr, même si cette phrase frise l’hypocrisie. La porte s’ouvre subitement et je me lève prestement, mais il m’a déjà vue royalement installée à sa place.

— Mais non, reste là, tu étais bien non? il se permet d’ironiser, mais c’est maintenant que je m’enfonce bien dans son siège et croise mes jambes. C’est lui qui me l’a proposé après tout. Alors? L’enquête fut fructueuse? Tu as trouvé ce dont tu avais besoin pour compléter ton tableau coloré de ma personne? il continue avec sa comédie.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, j’étais sage comme une image.

— Ah oui? Pourtant j’ai du mal à t’associer à l’idée de la sagesse, et de toute façon je n’aime pas les sages.

— Hum? Pourquoi ça? je demande sur un ton plus bas que d’habitude.

Soudain, il s’accroupit et écarte mes jambes en un coup. Sa bouche embrasse l’intérieur de mes cuisses et mon souffle s’entrecoupe. J’anticipe, mais je n’ose rien dire, curieuse de voir jusqu’où il veut aller. Il repousse ma robe et sa tête apparait sur mes cuisses qu’il parsème de bisous.

— Une sage ne me laisserait pas faire ça, il dit et écarte mes cuisses avant de plonger sa tête vers ma culotte.

Je vrille dès que ses lèvres pénètrent dans mon intimité et commencent à y jouer. Je soulève aussitôt le bassin et j’écarte grandement les jambes pour qu’il ait facilement l’accès. Il me fait vibrer les jambes et gémir si fort que je dois me mordre le poing pour garder le contrôle.

— Ça fait longtemps, je m’explique un peu gênée bien qu’on ne m’ait pas demandé.

— Je comprends, tu m’attendais, il dit sur un ton dans lequel je perçois encore la moquerie et avant que je puisse lui répondre, il m’a déjà enfoncé sa langue dans le palais.

Mon cerveau perd toute volonté et se concentre sur le plaisir. Je n’ai pas le temps de sortir mes seins de mon soutif. Je me triture les tétons à travers le tissu pendant qu’il me dévore littéralement le clito et sans surprise je vais guider sa tête avec ma main dès qu’il trouve le bon coin qui me fera décoller. Il reste là, ne bouge pas, me doigte rapidement et suçote avec avidité mon noyau gonflé de plaisir. Il ne s’arrête pas, pourtant je le supplie. Je le supplie jusqu’à pousser un cri aigu quand mon corps se soulève seul.

— Je n’ai pas attendu pour qu’on se joue de moi, je murmure le cœur battant quand il se redresse. Je n’ai plus le cœur pour m’attacher et découvrir qu’on me menait par le bout du nez.

— Quelques femmes connaissent mon passé, mais aucune ne sait ce à quoi j’aspire comme vie. Aucune en dehors de toi, il me répond et mon cœur rate un autre battement.

— Pourquoi moi? On se connaît à peine. Tu ne vas pas me dire que tu es amoureux, je ne te croirai pas. Je__, je sais pas, ça m’a l’air trop beau pour être vrai.

— On s’est donné trois mois pour apprendre à se connaître si mes souvenirs sont bons. Pourquoi tu te questionnes maintenant que le délai n’est pas terminé?

— Tu es dingue, je rigole nerveusement et parce que je suis trop excitée, je le fais se lever, libère sa queue qui n’est finalement pas un pouce. Encore une raison de plus qui me rendra la séparation compliquée si jamais je__

— Arrête.

— Hein? Tu__tu ne veux pas? je demande confuse.

— Arrête de te court-circuiter. Si tu as attendu, c’est bien parce que tu espérais obtenir quelque chose que tu ne trouvais pas à l’époque ou bien? Pourquoi tu veux te saboter maintenant que tu l’as trouvé?

Tout d’un coup je me sens comme une gamine et j’ai subitement envie de pleurer. Peut-être qu’une partie de moi avait déjà abandonné et je me racontais ces trucs pour juste m’amuser. Je ne sais pas quoi penser des multiples émotions que je ressens, du coup je prends sa queue semi-dure en bouche. Je le pompe en caressant du bout des ongles ses cuisses puis abdos et tourne si bien ma langue autour de son gland que lui aussi m’attrape la tête quand le plaisir prend le contrôle sur lui.

— Tu es quand même gonflé hein, genre c’est trop toi le cadeau que j’attendais quoi, je rigole après l’avoir bu goulument sa semence

— Que veux-tu, ce n’est pas un titre qu’on partage n’importe comment, il rigole aussi avant de se pencher vers moi et m’embrasse tendrement.

C’est avec un immense sourire que je rentre chez moi et dors paisiblement. Normalement, on se réveille avec un joli message le lendemain non? Rien de monsieur. Rien jusqu’en soirée. Je me couche en me répétant qu’il faut rester patiente et que les avocats sont souvent pris, mais le lendemain, le résultat demeure le même. Pas d’appel manqué. Aucun message. Déçue, mais toujours optimiste, je me rends au travail et saute mentalement de joie quand une de mes employées m’informe qu’un homme me demande. L’homme n’est malheureusement pas Eben. C’est Romelio et je suis étonnée de le trouver ici. Je le reçois quoique confuse.

— J’ai pensé à t’appeler, mais j’étais dans le coin alors, je me suis dit pourquoi ne pas m’essayer, il commence.

— Si c’est pour booker un soin pour ta femme, c’est non, je me lance aussi.

— Quoi? il répond confus.

— Je n’ai pas trop envie de la voir ici. Elle n’est pas ma personne favorite.

— Les vieilles habitudes ont la peau dure à ce que je vois, il ironise. Bref, ce n’est pas pour elle. Je__en fait, j’ai besoin d’un coup de main. Ma fille célèbre son anniversaire bientôt et j’aimerais qu’elle passe une partie de la journée ici. Massage, soins, bref ce qui est bien pour une enfant de quatorze ans.

Ma mâchoire balaie tellement le sol qu’il doit se répéter pour que j’arrive à parler.

— Ta fille? je lui retourne estomaquée.

— Je peux compter sur toi ou je dois voir ailleurs?

— Euh oui, compte sur moi, mais__

— Si ce sont des questions sur ma vie personnelle, tu peux les oublier.

— J’organise ta surprise comment si je n’ai pas le droit de t’interroger? je lui retourne sur un ton sarcastique bien qu’en vérité je comptais fouiner aussi.

— Je t’écoute dans ce cas.

— Bon tu as dit 14 ans? Elle peut faire la majorité de nos massages. Tu comptes l’emmener quand?

— En matinée. J’aimerais qu’on l’accueille avec des ballons et fleurs si possible.

— Pour être honnête, on n’a jamais fait ça ici, mais je peux m’arranger.

Il me clarifie davantage sa vision, je la rends plus claire par écrit et il me laisse une avance plus que satisfaisante en compensation. Dès qu’il sort de mon bureau, je bondis sur mon téléphone et sans perdre une seconde, j’appelle Elikem.

— Romelio a une fille de 14 ans!!!! Tu entends ça? 1 et tu ajoutes 4 à côté!!!

— Tu le tiens d’où l’info?

— Wait, pourquoi tu n’es pas___Tu le savais! Ta grosse tête savait et tu ne m’as rien dit? je m’écrie.

— Parce que ça te concerne en quoi?

— Bref! Dieu merci, j’ai toujours su que je ne pouvais pas compter sur toi dans certains domaines. Et comme je ne suis pas avare en infos moi, sache que je le tiens de lui. Il veut qu’on l’aide à organiser une matinée bien remplie pour l’anniv de la petite.

— Quoi? Elle est à Lomé? Elle s’écrie à son tour.

— Attends un peu. Qu’est-ce qui se passe entre toi et Romelio? Maintenant que j’y pense, pourquoi ce n’est pas toi qu’il a envoyé vers moi pour une demande pareille?

C’est maintenant qu’elle se décide à me mettre dans la confidence et à la fin de son récit, je raccroche. Je l’appelle en vidéo.

— Tu es où?

— La maison. J’ai commencé le déménagement.

— Mets une pause sur le déménagement et envoie ta face devant l’écran, je lui demande et elle s’exécute. Pour récapituler, tu te fais insulter par personne X. Tu as personne X à portée de doigts, mais tu déposes personne X pour t’en prendre à ton ami? Elikem? C’est de toi qu’on parle?

— Tu ne sais pas comment elle m’a soulevé le cœur Océane. Je n’ai pas pu me retenir.

— OK. Ne me saute pas dessus avec les insultes hein et paix à son âme, mais quand jadis Ray a lancé un coup de poing à Romelio qui voulait simplement t’aider, dis-moi un peu, tu aurais réagi comment si ton ami s’était fâché contre toi? Tu aurais réagi comment si ton ami avait dit que c’était ta faute que ton fiancé l’ait frappé? Et ne me dis pas que ce n’est pas pareil. J’ai bien dit paix à son âme, mais toi et moi savons que de son vivant Ray n’était pas un ange sur toute la ligne. Qu’est-ce qui t’empêchait de régler son compte à X comme Romelio a retourné à Ray son coup? Qu’est-ce qui est arrivé à l’Elikem que j’ai plusieurs fois traitée de méchante? Ou c’est seulement sur moi que tu sais faire la méchanceté?

— Je sais moi, je continue comme elle n’arrive pas à répondre. C’est la maladie. Elle te fait pitié, mais le plus risible c’est qu’elle n’a pas eu pitié de toi quand elle t’injuriait hein. Elle ne s’est pas dit que tu venais juste de vivre une épreuve éprouvante. Elle ne s’est pas dit qu’elle pourrait faire attention à ses mots envers toi sachant que tu frôlais la dépression. Tu vois comment elle t’a eu? Comme tu ne l’as pas remise à sa petite place de souris à la première incartade, elle a gonflé comme le pain dans l’eau. C’est ta faute et celle de Romelio. Elle n’aurait jamais pu s’immiscer entre vous si vous lui aviez montré dès le début ses limites.

— Comment tu l’as trouvé? elle ose enfin parler, mais semble affectée.

— Tu veux savoir? Tu prends ton téléphone, tes deux gros doigts, tu composes le numéro de ton AMI et tu l’appelles. Si X fixe encore sa bouche pour mal te parler, là tu reviens me dire. Je vais m’occuper personnellement de son cas comme tu ne touches pas les malades toi. Pff! Une malade qui ne se rappelle pas de son état quand elle injurie et provoque les gens et c’est d’elle qu’on doit avoir pitié.

— Pitié, ne fais rien. Romelio n’a pas besoin de scandale maintenant. Reste le plus loin possible de Jen__

— X! Elle est désormais un individu lambda qui ne sera adressé que tel et tu vas me faire le plaisir de te désintéresser de son sort.

— C’est de Romelio que je me soucie Océane. Je suis sérieuse, promets-moi de rester discrète durant l’organisation de la surprise et reste courtoise si jamais tu croises Je__X.

— Hum, je murmure. C’est le mieux que je peux lui donner. Elle et moi savons que je ne pourrai jamais être courtoise envers quelqu’un qui l’a insulté. 

D’amour, D’amitié