
116: Les scénaristes du quartier
Ecrit par Gioia
***Océane Ajavon***
J’ai passé la soirée à
guetter le whatsapp d’Elikem et c’est à la vitesse de la lumière que je l’ai
appelé dès qu’elle était en ligne.
— L’entrevue ? On l’a dans la poche ? Je lui demande dès qu’elle répond.
-Je__, elle rigole, ne
comprends pas ce qui s’est passé. Tout est encore confus dans mon esprit, mais
bref, elle marque une pause et respire un gros coup, j’ai rencontré le
gestionnaire d’embauche aujourd’hui et si je me fie à son entrain, c’est comme
si j’ai décroché le__
— Je te l’avais
dit !
— Kieee, permets
que je finisse l’histoire ou bien, elle éclate de rire.
— Ah dégage ! Je t’avais dit que ce poste était pour toi ! La prochaine fois, tu ne douteras plus de mes
talents de prophète.
— La foudre
divine ne te dit plus rien on dirait vu comment tu blasphèmes facilement là.
— Tu as trop
regardé les films naija, je rigole à mon tour et respire un gros coup. Enfin,
elle a un pied fermement ancré à Nairobi. Du coup, la suite c’est le permis de
travail ? je la relance.
— Le contrat de
travail en premier que je pourrais joindre à ma demande de permis de travail,
mais je ne pourrais travailler que l’année prochaine, puisque l’étude de
dossier peut prendre jusqu’à quatre mois.
— C’est quoi le
délai le plus court et la moyenne ?
— Deux mois je
pense, sinon trois.
— Ma prophétie
est la suivante : dans deux jours, tu recevras ton contrat de travail, tu
finalises ta demande ce weekend et à la mi-décembre tu es en emploi. Je scelle
ça, amen.
— Lol, c’est toi
qui as trop regardé les films Naija où une orpheline se fait abuser par ses
oncles, se fait voler l’argent de son maigre commerce par les brigands, se fait
jeter dehors par les cruels oncles, et un beau matin, un bienfaiteur vient la
chercher dans ce village, tombe amoureux et la même année vit dans une immense
maison à Lagos, où les mêmes oncles reviendront pleurer son pardon.
— Laisse notre
version Disney, on l’aime comme ça, je rigole.
— Sinon, c’est
quoi l’e-mail que tu m’as envoyé ? Je
dérangeais Solim quand j’ai vu la notif.
— Tu fais quoi là ? Tu t’occupes de lui ?
— Non non, il est
avec sa mère et ils causent avec Mally. Je me déshabille.
— Tu vas prendre
une douche ?
— Oui, tu as
besoin que je t’aide avec quelque chose ?
— Coule-toi un
bain pardon, j’emmagasine depuis des jours pour te raconter ce qui m’arrive.
— C’est le
travail ? elle me demande pendant
que j’entends l’eau couler dans le fond.
— Lis seulement
l’e-mail.
— OK, une
seconde, je prends mon cell et j’entre dans le bain.
Je n’ai patienté que
deux minutes, peut-être moins, mais dans ma tête, c’était une éternité.
— Je t’expose le
décor. Une petite balade détente vers 19 h 30 par là avec le type que
tu sais. Tu as mes répliques. Je vais l’interpréter. Tu me suis jusqu’ici ?
— Si je te suis
bien, tu m’as envoyé cet e-mail kilométrique qui est supposé faire office de
script ?
— Ne raccroche
pas, j’ai besoin de vider mon esprit pardon. J’attendais depuis près d’une
semaine que tu finisses tes entrevues avant de t’emmerder avec, je dis d’une
voix suppliante.
— Primo, ta
bouche comme les fesses de babouin, rien que pour m’avoir fichu la trouille
pendant une seconde. J’ai cru que tu m’avais envoyé le refus de la banque pour
ta demande de prêt.
— Sowwyy, je dis
dans la voix la plus petite que je peux prendre.
— Secundo, et je
n’arrive franchement pas à croire que je vais faire ça, mais bref, continue
avec ton décor.
Je me lève d’un bond,
ajuste la cravate que j’ai portée pour m’aider à rentrer dans mon personnage et
poursuis ma scène.
— Bon, comme je
disais, le rencard débute par une petite balade. Lis ton script.
— Je t’ai
pourtant dit__
— Avec ma voix ? S’il te plaît ? je demande d’une petite voix et elle grogne.
Je peux carrément la sentir rouler des yeux d’ici.
— Je t’ai
pourtant dit que j’étais occupée. Qu’est-ce que tu fiches ici ?
— Une petite
balade ne te tuera pas O. Allez, on y va, je lui donne la réplique.
— Et où est-ce
qu’on va ? Je n’aime pas marcher
hein. J’ai des mollets fragiles.
— Figure-toi que
je m’en suis douté, je dis et rigole.
— Tu es malade,
le pauvre gars ne rit sûrement pas de cette façon.
— Reste dans le
script s’il te plaît, merci.
— Oh great, on
est au stade des insultes sur les mollets. Wonderful.
-Na
verdade, acho seus bezerros sedutores.
— Purée tu dois
être internée, elle répond après avoir ri à l’étouffement pendant que je
bataillais avec la langue des gens.
— Franchement tu
n’as rien d’artistique dans ton corps. Pouvons-nous reprendre, madame ?
— Koh bezerros.
Bref ! Si c’est pour me sortir
les phrases en pagaille et me dire que ce sont des compliments, ce n’est pas
plus simple de m’apprendre le portugais mon frère ?
— Si je te
l’apprends, c’est que je te garde avec moi à vie Querida.
— Carrément ? elle répond et rigole comme je l’ai écrit
dans le script.
— Je ne vais pas
construire mon rêve pour qu’un autre profite des retombées.
— Donc comme ça
tu rêves déjà de moi ?
— Tu ne rêves pas
de nous toi ? Je n’arrive pas à me
l’interdire personnellement. Je tiens à préciser qu’il m’a dit la dernière
phrase en me fixant droit dans les yeux.
— Peut-être, mais
raconte ce dont tu rêves d’abord. En passant, mon petit doigt me souffle que tu
as dit cette partie en dessinant dans le sable avec ton pied.
— Ne prends pas
de libertés avec mon script, c’est moi la scénariste ici.
— Pardon boss.
Alors on en était où déjà, ah oui. Lorsque tu m’appelleras Meu Bem, je te
montrerai.
— Meu Bem.
— Lol, quand tu
me le diras avec conviction. Pause décor : Après le « Meu Bem », on a
longtemps parlé de travail jusqu’au retour au Spa. Alors, ces mollets ?
— Écoute, ils sont en place. J’ai même mal de l’admettre, mais ils
ont l’air plutôt contents d’avoir bougé un peu.
— C’est normal. Travailler de 8 h à 19 h sans pause, ce
n’est pas humain.
-Boss ladies need to grind. (Les femmes influentes doivent se démener au
travail.)
-Oh really? I actually think boss ladies need a
little bump and grind.
— Oh non ! Il n’a
pas cité R Kelly, elle pouffe de rire.
-Girl I swear, le type m’a cité R Kelly.
— Tu ne viens quand même pas de faire un jeu de mots avec le titre d’un
pédophile reconnu là, elle continue à rigoler tout en lisant ma réplique
pourtant j’étais dépassée quand je l’ai dit.
— Ses classiques resteront des classiques et ce n’est pas notre
sujet de toute façon.
— Donc supposons que tu aies une sœur, tu lui dirais par exemple « Ma puce, ne bosse pas pour te construire un
avenir, concentre-toi sur le sexe c’est mieux. » Tes trois mois de probation vont prendre fin
ici. Ce n’est certainement pas avec une mentalité aussi crasseuse que tu me
donneras envie de partager des projets avec toi, elle lit avec le même
agacement sur lequel je lui ai balancé mes répliques le jour-là.
— Tu as fini ? Je
peux parler ?
— Si c’est pour me sortir d’autres âneries, épargne mon cerveau. Je
n’ai pas envie de m’abrutir. Bonne__, euh tu as sauté un mot là.
— Je n’ai rien sauté ma sœur. Le type m’a simplement coupé la
parole en se rapprochant. Bon c’est mon tour. Premièrement, c’est une grave
erreur d’entrer dans la gorge de quelqu’un qui n’a pas fini de développer son
idée. Deuxièmement, je dirai à ma sœur ce que je vis et prêche. Le vieux
refrain qu’on nous a servi qu’être un boss c’est se tuer à la tâche sans se
soucier de sa santé physique et mentale n’est qu’un piège. Un boss c’est celui
qui a un tableau clair de ses objectifs et alloue de façon intelligible ses
ressources pour accomplir sa vision, tout en prenant le temps de célébrer ses
victoires et apprend de ses erreurs pour s’ajuster. Troisièmement, faire
l’amour c’est bien. Ça détend, favorise le sommeil, diminue les risques de
maladies cardiaques, ça ne coûte rien si on ne considère pas le prix de la
contraception, et selon certains psys, les attouchements désirés y compris ceux
qui n’ont pas de connotation sexuelle, ont un effet positif sur le cerveau.
C’est utile pour le bien être de faire l’amour à un certain âge, sauf quand on
est ma sœur, là on se contente du sport, je récite verbatim et Elikem éclate de
rire sur la fin.
— Il y a plus, je d’une voix chevrotante. Je ne veux pas que ma
femme passe la majorité de ses journées enfermée dans un local parce qu’elle se
construit un empire. Je ne veux pas qu’elle se tue à la tâche à la maison et
encore moins en dehors. J’aspire à une vie équilibrée qu’on appréciera tous les
deux. L’empire, on le construira à deux. J’ai l’intelligence pour, mais la vie
à laquelle j’aspire, je ne peux pas la construire seul. Je n’ai pas grandi dans
la paix. J’ai perdu mon père tôt et ma mère a dû se tuer à la tâche malgré le
chagrin pour qu’on s’en sorte. Très tôt, elle m’a envoyé chez mon oncle où
j’étais à peine toléré. L’école a été mon refuge et je détestais voir les
heures défiler sachant qu’il me fallait retourner dans cet enfer où j’étais
souvent traité comme un citoyen de seconde classe. Ce n’est pas le sentiment
que je veux pour mes enfants. Je veux qu’une fois adultes, ils racontent avec
passion leur enfance à leurs amis. Je veux qu’ils en gardent de si beaux
souvenirs qu’ils les considèrent comme leurs trésors. Je veux qu’ils n’aient
aucun doute sur ce que l’amour est. Je veux qu’ils me voient chérir, cajoler et
profiter de la vie avec leur mère ainsi qu’eux. Je veux être le père et mari
que je n’ai pas eu le temps de voir mon père être.
— C’est la fin du script, et je ne pleure pas du tout, je dis d’une
voix enrouée.
— C’est émouvant, elle me répond sur le même ton.
— Dis-moi un truc, n’importe quoi pour me faire détester ce type
Elikem, dis-moi parce que, je renifle, non seulement son discours m’a
bouleversé sur le coup, mais j’ai pleuré une fois seule. Et là, bête que je
suis, j’ai versé deux larmes en lisant mon script.
— Sa femme Océane.
— Je saiiiissss, je me plains longuement. Je sais, j’ai essayé de
me rentrer dans le crâne que son discours c’est typiquement ce qu’un homme
dirait pour charmer une femme, parce que quel homme récite tout ça sans
sourciller ? En plus, ce n’est pas
comme si on se fréquentait depuis un an. Et tu vas m’insulter, mais il y a
cette petite conne de voix qui me dit peut-être que ça ne va pas fort entre lui
et sa femme ? Il ne porte pas
d’alliance. On ne se voit que la nuit. S’il avait une femme, normalement il ne
serait pas si disponible non ?
— Je ne veux pas que tu souffres Annie. Tout ce que je veux, c’est
que tu ne souffres pas, elle me dit sur un ton doux.
— Je sais, je réponds sur un ton défaitiste. Je le veux encore
moins. Je ne sais même pas pourquoi je flanche si rapidement. Peut-être que je
devrais toucher sa queue pour voir la taille ? Parce qu’il ne peut pas tout avoir.
— Hum, on se connaît. S’il a un pouce, tu reviendras me dire ici
que de toute façon le cunni est supérieur à la baise juste pour te justifier.
— Quand tu recevras le genre de cunni qui te fait hyperventiler là,
tu comprendras le pourquoi je t’ai dit que cunni over dick anyday.
— Pardon, le frère a bien dit que faire l’amour c’est ce qui
détend.
— Parce que tu fais trop l’amour hein, je lui lance.
— C’est de ta potentielle carrière de tchiza qu’on parle
actuellement. Ma chatte ne vous a rien demandé.
— Tu n’es qu’une conne en vrai, je rigole.
— Venant de Mme Bezerros tu crois que ça me fait quelque
chose.
— Si tu oses m’appeler comme ça devant quelqu’un tu verras, je dis
en rigolant davantage.
— Je m’en vais de ce pas changer ton nom à ça.
Je l’ai menacé en vain. Après qu’elle l’ait prononcé quatre fois, j’ai
commencé à m’y faire et en y pensant, je me suis dit qu’on pourrait même me
relier à Bezos comme ça. Qui sait si ce n’est pas une bénédiction qui se cache
derrière ? Je me couche avec cette
pensée inutile et me réveille avec une autre tout aussi nuisible. La veille
Elikem m’avait laissé avec le conseil suivant : « Si tu as du mal à te le sortir de l’esprit, fuis
chez ton père. Au moins, il ne viendra pas te chercher là-bas ». Qu’est-ce que je décide donc de faire aujourd’hui,
un jour de congé de surcroît : « Je vais
lui rendre visite », mais
j’ai une bonne raison !
Premièrement j’ai rêvé que je le prenais en flagrant délit avec sa femme et
deuxièmement, je me dis que c’est le meilleur moyen de déceler la faille dans
son jeu. Puisqu’on ne se voit que les soirs, c’est sûr qu’il réserve ses
journées à sa femme. S’il refuse de me voir, c’est un signe ! Je me mets une petite robe colorée qui
dévoile mes jambes, zappe le maquillage en dehors du gloss, et vais déranger
mon gardien pour qu’il me prenne en photo que je balance à ma victime du jour.
— Tu ne pourras pas dire que je suis récalcitrante. J’ai pris congé
aujourd’hui pour me détendre, je lui envoie par la suite.
— Qui a pris la photo ? il
répond après une dizaine de minutes.
— Mais, on ne salue pas ?
— Je réserve mon bonjour dépendant ta réponse.
— C’est quelle jalousie mal placée ça ?
— Elle n’est jamais bien placée la jalousie, mais elle est là. Il
faut faire avec.
— Je viens passer la journée avec toi, j’ose.
Le petit temps qu’il prend pour répondre me fait cogiter et je ne
l’attendais plus, mais il m’envoie carrément sa localisation. Me voilà qui
panique bêtement pour je ne sais quelle raison.
— Tu donnes ton nom à mon assistant et il s’occupera de toi.
— Euh si tu es occupé, on peut remettre ça. Ce n’était qu’une
proposition, je me dépêche d’envoyer.
— Je t’attends.
Kieh, dans quoi me suis-je embarquée ? Est-ce que je crains de découvrir le pot aux
roses et que je sois de facto obligée de mettre fin à mon joli film ? Bref, je suis déjà en chemin. Le trajet
Adidoadin Akodésewa, où se trouve leur cabinet est vite fait surtout qu’il n’y
a pas de trafic à 9 h. Je suis reçue par un jeune garçon qui me conduit
dans un bureau moyen dont la déco m’interpelle directement. J’ai tellement pris
du temps pour repenser l’aménagement de cette pièce qu’il m’a rejoint avant que
je me rappelle de mon plan initial. Je devais fouiner dans ses effets pour
trouver une trace de touche féminine, une photo, bref un détail sur sa femme.
Une mission digne de totally spies vraiment.
Le mec n’est qu’en chemise, quoique bien assortie à sa cravate et un
pantalon qui rend justice à ses fesses musclées, pourtant il parle à la partie animale
de mon cerveau. Je suis assez grande de taille, pourtant sa taille me fascine.
— J’étais en meeting avec mes collègues, tu as attendu longtemps ? il me demande après la bise.
— Pas vraiment. Tu dois te rendre au palais de justice ?
— Pas aujourd’hui, pourquoi ? il me
demande avec un sourire.
— Ah, comme on est en début de semaine, je me suis dit que c’était
peut-être votre journée chargée.
— On n’a pas de journée chargée fixe. Tout dépend du volume et
l’évolution des cas. Par contre, je vais pal mal bouger en journée. Tes mollets
parviendront à me suivre ?
— Est-ce que j’ai alors le choix maintenant que je suis là ?
Il rigole et dans la blague, le type continue son travail sans pour
autant couper la conversation. Il lit, écrit, parfois il me demande une seconde
pour appeler. De ses échanges, je comprends qu’il questionne des gens sur des
affaires. Il revient et reprend naturellement la conversation là où on l’a
laissé.
— Ta capacité à te rappeler de ce qu’on se dit, c’est une
déformation professionnelle ? Parce
que tu m’épates, je lui avoue à la fin d’un autre de ses appels et il rigole.
— Ou j’aime simplement ce que tu me racontes du coup c’est facile
de te suivre.
— Et tu es certain que je ne te dérange pas ? Il ne faut pas donner mon nom à ton patron si
jamais il t’interroge sur les raisons justifiant le retard dans ton travail
hein.
— Je vais mal donner ton nom et lui demander si je peux m’occuper
personnellement de ta punition, il dit avec un sourire enjôleur.
— Tu veux toucher à l’unique fille de Mr Ajavon ? Tu ne crains pas pour ta vie ?
— La fille de Mr Ajavon est sur mon terrain. Je touche tout ce
qui s’y trouve.
— J’attends de voir ça, je le provoque en retour. Pourquoi ? C’est mon côté casse-cou, je suppose.
Il reçoit un appel, s’excuse et le prend.
— Oui Fabien, c’est comment ?
-…..
— Tu y es déjà ? Tu es
rapide dis donc. Le travail a fini plus tôt ?
…..
— OK. Non, je peux me libérer. Je quitte bientôt alors. Oui à
toute. Alors, prête pour la première sortie de la journée ? il m’interroge.
— Ça dépend. On va où ?
— Retrouver mon frère qui doit acheter un lavabo et des robinets
pour ma maison.
Sa suggestion me laisse bouche bée. Qui introduit une tchiza à sa
famille ? Je calme mon cerveau qui
veut s’exciter pour rien. Certains hommes ne connaissent pas la honte. Ils
peuvent parader autant de femmes qu’ils le souhaitent devant leurs familles.
J’ai entendu des histoires de maris qui trompaient leurs femmes avec la
complicité de leurs frères donc encore une fois, on se calme et on reste
vigilants. Après avoir laissé des instructions à son assistant, nous embarquons
dans son véhicule et quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons devant
une boutique qui m’est inconnue.
— Voici mon frangin Fabien et voici Océane, une amie.
— Une amie hein ? Et
c’est aujourd’hui que je la rencontre ?
Enchanté, il dit et me présente sa main que je prends.
— Enchanté, c’est une amitié récente, je lui explique. L’amitié là
ne m’a pas plus, mais bon, au moins il est honnête.
Ensemble, on se dirige vers la section des carreaux. Étant la petite
nouvelle du groupe, j’étais en retrait, mais très vite on m’a impliqué dans les
choix.
— Voici les mitigeurs en acier inoxydable, le régulier quoi. Puis
ceux-ci, comment tu les appelles déjà Fabien ?
— Ils sont en laiton, lui répond son frère.
— Je préfère ceux en laiton, mais Fabien me dit qu’il ne connaît
pas grand-chose sur leur entretien, du coup il pense que l’acier inoxydable est
meilleur.
— Le porte-serviette et la poignée sont dans quelle finition ?
— Acier brossé, répond son frère.
— Dans ce cas, c’est mieux d’opter pour l’inox. C’est plus classe
d’avoir un thème cohérent, enfin je pense.
— Bon vous avez gagné, il abdique, mais son petit air de défaite ne
cesse de me déranger et j’ouvre la bouche avant de réfléchir.
— Ou tu peux très bien repeindre le porte-serviette et la poignée
pour aller avec le laiton.
— Mais oui, tu pourrais faire ça Fab ?
— Euh, je ne m’y connais pas sur ce coup. On peut se renseigner
peut-être, son frère propose et va le faire.
— Tu pourrais t’acheter quelques plantes si on en vend ici. Un peu
de couleur ferait du bien à ton bureau.
— Ah bon, tu trouves ?
— Je pense. Il est un peu austère et vide sur les côtés. Une grosse
plante dans le coin balancerait le décor.
— Rappelle-moi d’appeler un fleuriste en semaine dans ce cas.
— Beh pas besoin. On doit vendre des plantes ici, je suppose ?
— Ils ne vendraient que du faux.
— Et alors ? C’est
juste pour décorer.
— Je pensais que les fausses fleurs étaient mal vues ?
— Mal vu si tu les offres en cadeau et même à ça je dirai que c’est
de l’histoire ancienne, à moins que tu offres un bouquet de fausses fleurs. Si
c’est à des fins de déco en tout cas, c’est on ne peut plus approprié, je lui
explique et parce qu’une image vaut dix mille mots, je lui montre sur mon cell
l’inspiration derrière la déco de mon salon.
— Tu aimes le blanc à ce que je vois, c’est beau.
— Tout blanc ou tout noir. Ce n’est pas révolutionnaire, mais
j’aime beaucoup, je dis pendant que son frère nous retrouve.
La boutique n’avait finalement pas de peinture pour robinet et comme ma
bouche a décidé de ne pas coopérer aujourd’hui, je me suis proposée pour la lui
trouver.
— Je la veux en noir. Tu me donneras le prix.
— No souci, en revanche tu ne l’auras pas avant décembre. C’est bon ? Parce que je dois la commander et c’est le
petit frère d’une amie qui rentrera avec.
— Fab ?
Décembre c’est bon ?
— Bah, je ne sais toujours pas comment peindre un robinet. Je ne
veux pas faire n’importe quoi. Peut-être qu’on pourra trouver un plombier à ce
moment.
— Négatif, c’est toi le maître du chantier.
— Sinon, c’est super facile, j’ajoute timidement. Il suffit de
suivre les instructions.
— Tu vois ? C’est
réglé.
— Hum, il ne faut juste pas te vexer si le résultat n’est pas__
— Ah va loin avec ton pessimisme, il dit en passant son bras autour
du cou de Fabien.
Ensemble, on se dirige vers la section déco où il choisit une
gigantesque plante et deux cadres photos, puis il propose qu’on se fasse un
resto puisqu’on était proche de midi. Son frère décline l’offre, attache le
lavabo sur sa moto et prend sa route. Je vous assure que c’était étonnant de le
voir lutter avec son lavabo, bien que son frère lui expliquait que ça ne le
dérangeait pas de rentrer avec.
— Je n’ai pas réussi à le faire lâcher la vie de boss lui, il
rigole pendant qu’on se dirige vers un resto.
— Figure-toi que j’allais t’embêter sur ça, je rigole aussi.
— Le plus hilarant c’est qu’il a insisté pour rentrer là, mais ce
n’est pas le travail qui le presse hein. Il court pour manger la pâte de maïs.
— Lol, arrête, tu blagues.
— Attends qu’on arrive au resto et je te montre. Sinon, pour la
commande, tu peux me prendre deux pots de peinture ?
— Si c’est pour un robinet, un seul te suffira largement.
— Je vais tout repeindre en noir.
— Mais, comment ?
— La robinetterie, la poignée, le porte-serviette, comme ça je
serai dans un thème.
— Attends, tes cabinets sont noirs aussi ?
— Marron foncé, mais ça ne clashera pas avec le noir je pense.
— OK, mais tu vas brusquement tout changer ? Tu n’es pas obligé de choisir le noir hein,
tant que tu restes dans une famille de couleur, le résultat sera harmonieux.
— Tout noir, mon choix est fait, il conclut sur ça.
Nous sommes au resto, je cogite pendant qu’on s’installe. Il doit se
répéter pour me ramener à l’instant présent.
— Un problème ?
— Euh non, qu’est-ce que tu disais ?
— Mon frère à l’œuvre, il dit et me présente son cell.
— Ah oui, il travaille dur lui, je commente sur un appréciatif la
vidéo qui défile sous mes yeux.
— Depuis l’adolescence. Hyper têtu quand il s’y met, mais tellement
débrouillard. Quand il a eu son BEPC, il m’a appelé pour me dire « Eben, je pense que je veux être électricien. Si
tu peux m’aider avec l’écolage, je promets de ne jamais t’emmerder ». Je n’y ai pas songé à deux fois et depuis
qu’il l’est devenu, il m’emmerde, mais d’une autre façon, il rigole. La fierté
qui transpire de ses mots est trop touchante. Je sors aussi mon cell et lui
montre une photo des miens.
— Là c’est Bobby, mon frère qui s’essaie régulièrement chez moi
quand ses parents refusent de lui acheter une console.
— Il est mignon et métis. Ton teint clair vient de là ?
— Non. Je suis togolaise à 100 %. Mes parents se sont séparés
quand j’étais gamine. Maman a refait sa vie avec le père de Bobby et papa n’a
eu que moi.
— Je vois.
— La petite ici c’est ma mère.
— Ah oui, c’est une naine.
— Hééé, je réplique, mais rigole quand même.
— Une jolie naine, il ajoute avec un sourire comme si c’était
mieux.
— Ce soir même elle entendra ça.
— La médisance sur ma personne, Dieu te voit.
— Laisse le père dans sa tour. Alors ici, c’est maman et son mari
Parker. Ils vivent à Marseille. Et là, tu as le duo de choc, papa et sa fille
unique.
— Je vois d’où vient le front à la Stevie Wonder maintenant.
— Héééé ! C’est
quoi avec mon corps ? je
réponds sans pouvoir contrôler mon rire. C’est la coiffure, je n’ai pas de
front à la Stevie en général.
— Ce sont les retombées quand tu rêves du même corps depuis un
moment. Tu trouves facilement tes références.
Je me racle la gorge avant de diriger la conversation vers un sujet plus
apaisant.
— Alors, je pensais que tu allais me montrer les preuves de tes
lourdes accusations sur ton frère.
— Ah lol, c’est vrai. Tiens-toi bien, tu vas rire.
J’ai effectivement commencé à rire devant la quantité de vidéos qu’il
avait. Au bout de la 5e, j’ai reconnu sa femme qui déposait devant
son frère une glacière de bouffe, mais c’est son commentaire qui a freiné mon
rire.
— Et voilà la pauvre fille qu’il fatigue avec son alimentation
ennuyante. Imagine la pauvre se fatigue à faire une salade et il lui raconte
que c’est le repas des moutons ça. Il me décourage mon frère, on a tout essayé.
-…..
— Ça va ? Tu es
avec moi ?
— Je veux comprendre un truc, je commence d’une voix que je
reconnais à peine. Cette femme, c’est ta sœur ou ton épouse ?
Il paraît confus un moment, puis petit à petit, son visage se détend.
— C’est la compagne de mon frère.
— Alors pourquoi diable tu t’es présenté comme son mari ?
— Et pourquoi tu cries ? il me
retourne posément.
C’est le regard confus et limite inquiet de la serveuse qui me fait
comprendre qu’il doit dire vrai. J’ai même crié sans m’en rendre compte.
— Désolée, je lui dis sans réfléchir et lui lance une commande au
hasard.
Le repas est vite écourté après un coup de fil de son agent. Il est demandé
d’urgence du coup, nous prenons nos commandes à emporter et sommes de retour au
cabinet en un temps record.
— Je veux comprendre un truc. Tu as cette image glorieuse de moi
depuis notre premier rendez-vous et tu continuais à me voir ?
La petite voix de survie me souffle, « répondre à cette question sera ta perte Océane », alors
je prends une profonde inspiration pour trouver le truc le plus cohérent et
générique à dire.
— Quand on te donne une période d’essai sur un site, c’est bien à
la veille de l’abonnement qu’on se dépêche d’annuler non ? Tu avais dit trois mois alors, beh voilà, je
dis avec confiance.
— Je vois. J’ai à faire, tu peux rentrer.
— On peut savoir ce que tu as à faire de si urgent ? je lui retourne sans tarder et sur un ton de
défi.
— La réponse à cette question est réservée à ma femme, il se permet
d’ironiser.
— Ça tombe bien, tu peux répondre comme je suis ici, je réponds sans
pour autant comprendre ce sur quoi je compte et à ma surprise, il éclate de
rire.
— Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle et d’ailleurs je n’apprécie
pas qu’on rigole de moi quand je suis sérieuse.
— Viens donc m’empêcher de rire, il me répond en reprenant brusquement
son sérieux.
Je me suis annoncée comme sa femme ou pas ? J’ai la trouille, pourtant j’enlève ma
ceinture et approche mon visage du sien. S’il me sort un sale truc, du style il
tourne sa face pour refuser mon baiser, je vais mal lui croquer l’oreille. Ça lui
apprendra à créer des situations inutiles et envoyer mon cerveau loin comme il
le fait depuis notre rencontre. J’effleure timidement ses lèvres qui sont plus
douces que ce à quoi je m’attendais. Je comptais me retirer, mais il me retient
par son bras qui me tient par le bas du dos.
— Come on, ma femme peut faire mieux que ça.
— Mon mari a du travail, je ne veux pas le retarder, je dis en
tournant la tête et sa bouche atterrit sur ma joue.
— Tu es une vraie folle habillée en fait, il commente avec humour contre
la joue en question.
J’ignore s’il entend à quel point notre proximité fait battre mon cœur
et il ne fait rien pour arranger ça. Sa bouche remonte vers mon oreille, mais
on se fait interrompre par un autre coup de fil qui le fait jurer.
— C’est mon assistant, je dois vraiment y aller Querida. Si tu veux
t’ennuyer, tu m’attends, sinon tu rentres et__
— Je vais attendre, je conclus.
Ce n’est pas comme si j’avais un truc d’important à faire et je n’accepte
toujours pas la couleuvre qu’il veut me faire avaler. Il n’est pas marié, je l’ai
enregistré, mais qui dit qu’il est libre ? Pas
mon esprit et dès qu’il me laisse seule dans son bureau, je commence ma fouine.
Un peu plus d’une heure plus tard, je dépose mentalement les armes. J’ai
retourné tout ce qui devait l’être, avec respect bien sûr, même si cette phrase
frise l’hypocrisie. La porte s’ouvre subitement et je me lève prestement, mais il
m’a déjà vue royalement installée à sa place.
— Mais non, reste là, tu étais bien non ? il se permet d’ironiser, mais c’est maintenant
que je m’enfonce bien dans son siège et croise mes jambes. C’est lui qui me l’a
proposé après tout. Alors ? L’enquête
fut fructueuse ? Tu as
trouvé ce dont tu avais besoin pour compléter ton tableau coloré de ma personne ? il continue avec sa comédie.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, j’étais sage comme une image.
— Ah oui ? Pourtant
j’ai du mal à t’associer à l’idée de la sagesse, et de toute façon je n’aime
pas les sages.
— Hum ? Pourquoi
ça ? je demande sur un ton
plus bas que d’habitude.
Soudain, il s’accroupit et écarte mes jambes en un coup. Sa bouche
embrasse l’intérieur de mes cuisses et mon souffle s’entrecoupe. J’anticipe,
mais je n’ose rien dire, curieuse de voir jusqu’où il veut aller. Il repousse ma
robe et sa tête apparait sur mes cuisses qu’il parsème de bisous.
— Une sage ne me laisserait pas faire ça, il dit et écarte mes
cuisses avant de plonger sa tête vers ma culotte.
Je vrille dès que ses lèvres pénètrent dans mon intimité et commencent à
y jouer. Je soulève aussitôt le bassin et j’écarte grandement les jambes pour
qu’il ait facilement l’accès. Il me fait vibrer les jambes et gémir si fort que
je dois me mordre le poing pour garder le contrôle.
— Ça fait longtemps, je m’explique un peu gênée bien qu’on ne m’ait
pas demandé.
— Je comprends, tu m’attendais, il dit sur un ton dans lequel je perçois
encore la moquerie et avant que je puisse lui répondre, il m’a déjà enfoncé sa
langue dans le palais.
Mon cerveau perd
toute volonté et se concentre sur le plaisir. Je n’ai pas le temps de sortir
mes seins de mon soutif. Je me triture les tétons à travers le tissu pendant qu’il
me dévore littéralement le clito et sans surprise je vais guider sa tête avec
ma main dès qu’il trouve le bon coin qui me fera décoller. Il reste là, ne bouge
pas, me doigte rapidement et suçote avec avidité mon noyau gonflé de plaisir. Il
ne s’arrête pas, pourtant je le supplie. Je le supplie jusqu’à pousser un cri aigu
quand mon corps se soulève seul.
— Je n’ai
pas attendu pour qu’on se joue de moi, je murmure le cœur battant quand il se
redresse. Je n’ai plus le cœur pour m’attacher et découvrir qu’on me menait par
le bout du nez.
— Quelques
femmes connaissent mon passé, mais aucune ne sait ce à quoi j’aspire comme vie.
Aucune en dehors de toi, il me répond et mon cœur rate un autre battement.
— Pourquoi
moi ? On se connaît à peine. Tu
ne vas pas me dire que tu es amoureux, je ne te croirai pas. Je__, je sais pas,
ça m’a l’air trop beau pour être vrai.
— On s’est
donné trois mois pour apprendre à se connaître si mes souvenirs sont bons.
Pourquoi tu te questionnes maintenant que le délai n’est pas terminé ?
— Tu es
dingue, je rigole nerveusement et parce que je suis trop excitée, je le fais se
lever, libère sa queue qui n’est finalement pas un pouce. Encore une raison de
plus qui me rendra la séparation compliquée si jamais je__
— Arrête.
— Hein ? Tu__tu ne veux pas ? je demande confuse.
— Arrête de
te court-circuiter. Si tu as attendu, c’est bien parce que tu espérais obtenir quelque
chose que tu ne trouvais pas à l’époque ou bien ? Pourquoi tu veux te saboter maintenant que tu
l’as trouvé ?
Tout d’un coup
je me sens comme une gamine et j’ai subitement envie de pleurer. Peut-être qu’une
partie de moi avait déjà abandonné et je me racontais ces trucs pour juste m’amuser.
Je ne sais pas quoi penser des multiples émotions que je ressens, du coup je
prends sa queue semi-dure en bouche. Je le pompe en caressant du bout des
ongles ses cuisses puis abdos et tourne si bien ma langue autour de son gland que
lui aussi m’attrape la tête quand le plaisir prend le contrôle sur lui.
— Tu es quand
même gonflé hein, genre c’est trop toi le cadeau que j’attendais quoi, je rigole
après l’avoir bu goulument sa semence
— Que veux-tu,
ce n’est pas un titre qu’on partage n’importe comment, il rigole aussi avant de
se pencher vers moi et m’embrasse tendrement.
C’est avec un
immense sourire que je rentre chez moi et dors paisiblement. Normalement, on se
réveille avec un joli message le lendemain non ? Rien de monsieur. Rien jusqu’en soirée. Je me
couche en me répétant qu’il faut rester patiente et que les avocats sont
souvent pris, mais le lendemain, le résultat demeure le même. Pas d’appel manqué.
Aucun message. Déçue, mais toujours optimiste, je me rends au travail et saute
mentalement de joie quand une de mes employées m’informe qu’un homme me
demande. L’homme n’est malheureusement pas Eben. C’est Romelio et je suis étonnée
de le trouver ici. Je le reçois quoique confuse.
— J’ai
pensé à t’appeler, mais j’étais dans le coin alors, je me suis dit pourquoi ne
pas m’essayer, il commence.
— Si c’est
pour booker un soin pour ta femme, c’est non, je me lance aussi.
— Quoi ? il répond confus.
— Je n’ai
pas trop envie de la voir ici. Elle n’est pas ma personne favorite.
— Les
vieilles habitudes ont la peau dure à ce que je vois, il ironise. Bref, ce n’est
pas pour elle. Je__en fait, j’ai besoin d’un coup de main. Ma fille célèbre son
anniversaire bientôt et j’aimerais qu’elle passe une partie de la journée ici.
Massage, soins, bref ce qui est bien pour une enfant de quatorze ans.
Ma mâchoire
balaie tellement le sol qu’il doit se répéter pour que j’arrive à parler.
— Ta fille ? je lui retourne estomaquée.
— Je peux
compter sur toi ou je dois voir ailleurs ?
— Euh oui,
compte sur moi, mais__
— Si ce
sont des questions sur ma vie personnelle, tu peux les oublier.
— J’organise
ta surprise comment si je n’ai pas le droit de t’interroger ? je lui retourne sur un ton sarcastique bien
qu’en vérité je comptais fouiner aussi.
— Je t’écoute
dans ce cas.
— Bon tu as
dit 14 ans ? Elle
peut faire la majorité de nos massages. Tu comptes l’emmener quand ?
— En matinée.
J’aimerais qu’on l’accueille avec des ballons et fleurs si possible.
— Pour être
honnête, on n’a jamais fait ça ici, mais je peux m’arranger.
Il me clarifie
davantage sa vision, je la rends plus claire par écrit et il me laisse une
avance plus que satisfaisante en compensation. Dès qu’il sort de mon bureau, je
bondis sur mon téléphone et sans perdre une seconde, j’appelle Elikem.
— Romelio a
une fille de 14 ans !!!! Tu
entends ça ? 1 et tu ajoutes 4 à côté !!!
— Tu le
tiens d’où l’info ?
— Wait,
pourquoi tu n’es pas___Tu le savais ! Ta grosse
tête savait et tu ne m’as rien dit ? je m’écrie.
— Parce que
ça te concerne en quoi ?
— Bref ! Dieu merci, j’ai toujours su que je ne
pouvais pas compter sur toi dans certains domaines. Et comme je ne suis pas
avare en infos moi, sache que je le tiens de lui. Il veut qu’on l’aide à organiser
une matinée bien remplie pour l’anniv de la petite.
— Quoi ? Elle est à Lomé ? Elle s’écrie à son tour.
— Attends un
peu. Qu’est-ce qui se passe entre toi et Romelio ? Maintenant que j’y pense, pourquoi ce n’est
pas toi qu’il a envoyé vers moi pour une demande pareille ?
C’est maintenant
qu’elle se décide à me mettre dans la confidence et à la fin de son récit, je raccroche.
Je l’appelle en vidéo.
— Tu es où ?
— La
maison. J’ai commencé le déménagement.
— Mets une
pause sur le déménagement et envoie ta face devant l’écran, je lui demande et
elle s’exécute. Pour récapituler, tu te fais insulter par personne X. Tu as
personne X à portée de doigts, mais tu déposes personne X pour t’en prendre à
ton ami ? Elikem ? C’est de toi qu’on parle ?
— Tu ne
sais pas comment elle m’a soulevé le cœur Océane. Je n’ai pas pu me retenir.
— OK. Ne me
saute pas dessus avec les insultes hein et paix à son âme, mais quand jadis Ray
a lancé un coup de poing à Romelio qui voulait simplement t’aider, dis-moi un
peu, tu aurais réagi comment si ton ami s’était fâché contre toi ? Tu aurais réagi comment si ton ami avait dit
que c’était ta faute que ton fiancé l’ait frappé ? Et ne me dis pas que ce n’est pas pareil. J’ai
bien dit paix à son âme, mais toi et moi savons que de son vivant Ray n’était
pas un ange sur toute la ligne. Qu’est-ce qui t’empêchait de régler son compte
à X comme Romelio a retourné à Ray son coup ? Qu’est-ce qui est arrivé à l’Elikem que j’ai
plusieurs fois traitée de méchante ? Ou c’est
seulement sur moi que tu sais faire la méchanceté ?
— Je sais
moi, je continue comme elle n’arrive pas à répondre. C’est la maladie. Elle te
fait pitié, mais le plus risible c’est qu’elle n’a pas eu pitié de toi quand
elle t’injuriait hein. Elle ne s’est pas dit que tu venais juste de vivre une
épreuve éprouvante. Elle ne s’est pas dit qu’elle pourrait faire attention à
ses mots envers toi sachant que tu frôlais la dépression. Tu vois comment elle
t’a eu? Comme tu ne l’as pas remise à sa petite place de souris à la première
incartade, elle a gonflé comme le pain dans l’eau. C’est ta faute et celle de
Romelio. Elle n’aurait jamais pu s’immiscer entre vous si vous lui aviez montré
dès le début ses limites.
— Comment
tu l’as trouvé ? elle
ose enfin parler, mais semble affectée.
— Tu veux
savoir ? Tu prends ton téléphone,
tes deux gros doigts, tu composes le numéro de ton AMI et tu l’appelles. Si X fixe
encore sa bouche pour mal te parler, là tu reviens me dire. Je vais m’occuper
personnellement de son cas comme tu ne touches pas les malades toi. Pff ! Une malade qui ne se rappelle pas de son état
quand elle injurie et provoque les gens et c’est d’elle qu’on doit avoir pitié.
— Pitié, ne
fais rien. Romelio n’a pas besoin de scandale maintenant. Reste le plus loin
possible de Jen__
— X ! Elle est désormais un individu lambda qui ne
sera adressé que tel et tu vas me faire le plaisir de te désintéresser de son
sort.
— C’est de
Romelio que je me soucie Océane. Je suis sérieuse, promets-moi de rester discrète
durant l’organisation de la surprise et reste courtoise si jamais tu croises
Je__X.
— Hum, je murmure.
C’est le mieux que je peux lui donner. Elle et moi savons que je ne pourrai
jamais être courtoise envers quelqu’un qui l’a insulté.