117: entre nous

Ecrit par Gioia

***Océane Ajavon***

Cinq jours de silence radio du côté de Mr «je veux être le papa et le mari que je n’ai pas pu voir mon père être». Mon optimisme est retombé comme un ballon de baudruche. Ai-je besoin d’un homme quand j’ai déjà mon père de toute façon? Et de toute façon, j’ai assez à faire pour garder mon esprit occupé. Pour l’heure, je vais chercher Elikem dont l’avion atterrira sous peu. Deux jours plus tôt, elle m’expliquait qu’elle considérait l’option de faire une descente rapide au pays et nous voilà.

— Han! je m’exclame quand elle apparaît dans mon champ de mire suivi de bae af.

Sa mine sombre me dit de ne pas commencer alors je garde mes lèvres scellées bien que mon cerveau cogite à une vitesse fulgurante. Le type me salue de la tête, adresse un «à bientôt» à Elikem et prend son chemin.

— C’est la faute de Dara, elle marmonne entre ses dents une fois que nous sommes seules.

— Pardon, je ne pouvais pas le retenir, je dis après avoir éclaté de rire. Comment elle est arrivée à cet exploit?

— J’ai commis l’erreur de lui mentionner mon voyage et le lendemain, elle m’annonçait que le type a décidé d’avancer son billet pour qu’on voyage ensemble.

— Aww, je crois qu’il en pince un peu pour toi, c’est trop__

— Intrusif! On n’est pas amis. Il y a moins d’un mois, il n’était même pas au courant de mon existence et en si peu de temps, il prend des libertés comme s’il en avait le droit.

— C’est juste un vol Elie.

— Bien avant l’épisode du vol, il m’a interrogé sur ma relation avec Ray!

— Uh oh, je dis un peu inquiète.

— Et il ne s’est pas contenté de se mettre sur le même vol que moi. Il a carrément pris une place à côté de la mienne et pour enfoncer le clou, ses yeux doivent toujours loucher sur mes affaires!

—OK. Tu ne lui as pas expliqué que tu n’appréciais pas son côté un peu trop entreprenant? Comme tu dis, il ne te connaît pas. Peut-être qu’il se base sur votre passé, genre ancien camarade de classe et c’est ce qui l’encourage?

— Regarde toutes les excuses que tu viens de lui trouver, mais tu refuses d’appeler ton gars.

— Inh, gardons la balle dans ton camp, on ne va pas changer de sujet. As-tu explicitement dit au mec que tu n’aimes pas quand les choses vont vite parce que tu as besoin de tout contrôler?

— Je n’aime pas tout contrôler. Je n’aime simplement pas qu’on mette la charrue avant les bœufs.

— Ouais, une autre façon de dire que tu as besoin de garder le contrôle quoi. Bref, ça ne répond pas à ma question.

— Je n’ai rien dit. On ne s’est pas parlé.

— De Nairobi jusqu’à Addis Abeba, incluant l’escale pour arriver à Lomé? Pendant près d’un peu plus de 9 h, vous n’avez pas parlé? je répète estomaquée.

— Je n’allais pas lui donner la joie de réagir et il préférait loucher de temps en temps sur ma tablette, elle m’explique comme si c’était tout ce qu’il y a de plus logique.

Donc il y a un homme qui peut persister dans l’entêtement comme elle? Pour un peu, j’aurais contacté ce type pour le conseiller sur comment mieux aborder mon amie, mais je tiens à ma vie. En plus, quelque chose me dit que le gars ne serait pas réceptif à mon initiative. Mais je suis certaine qu’il arrivera à pénétrer ses barrières s’il ajuste sa façon de l’approcher.

— Et Romelio? Comment ça avance avec lui? je la relance sur un sujet moins épineux.

— Il va bien. C’est tout ce qu’il m’a dit et continue de me dire, donc me voilà.

— Tu as bien fait. Les choses comme ça se règlent mieux face à face, je l’encourage.

L’ambiance chaleureuse qui nous accueille à notre arrivée chez les Lare Aw m’aurait fait passer la nuit là-bas. J’ai dit au revoir presque cinq fois avant de me décider à monter dans mon véhicule et sur un coup de tête je me décide à appeler Mr le fuyard, espérant qu’il a une bonne excuse même si je ne vois pas laquelle peut le justifier. S’il ne décroche pas__

— Allô? répond une voix masculine qui n’est pas la sienne.

— Euh, je suis sur la ligne d’Eben?

— Oui, c’est son frère. Il est indisposé pour le moment. Pouvez-vous rappeler dans environ une heure?

— C’est Océane. Est-ce que je parle avec Fabien?

— Oui. C’est l’amie que j’ai rencontrée à la quincaillerie la dernière fois?

— Exactement. Je vais rappeler dans une heure dans ce cas.

— OK, merci.

On se laisse sur ça. Je rentre chez moi et une heure plus tard, j’appelle, mais c’est encore Fabien qui décroche.

— Hum, c’est qu’il est vraiment malade depuis la veille donc il n’est pas en mesure de parler.

— Il est où? je demande sur un ton inquiet.

— Nous sommes à la maison.

— Il a vu un médecin?

— Oh ce n’est pas une nouvelle maladie. Il saigne juste du nez, mais ça va lui passer.

— Il saigne du nez et c’est en restant__, bref, tu peux m’indiquer votre maison pardon?

Fort heureusement, ils vivent derrière une école que je peux facilement trouver en questionnant les gens au besoin une fois que je serais dans leur quartier. Avant de sortir de la maison, j’appelle l’assistant médical qui s’occupe de papa quand ce dernier ne veut pas aller à l’hosto. Le type est prêt et à son portal à mon arrivée. Ensemble, on se rend chez Eben. Maison moyenne, couleur beige foncé, toit en terracotta, tel que Fabien me l’a décrit et c’est lui qui ouvre après que j’ai sonné. Il nous dirige vers Eben dont la vue m’horrifie. Il est recourbé et saigne abondamment du nez. Je ne parle pas de la quantité de sang dans le sable. La femme de son frère lui passe sur la nuque avec ce qui ressemble à du glaçon et lui-même en tient avec un avec lequel il masse les côtés de son nez. Sans tarder, l’assistant se met au travail.

— Normalement ça s’arrête et reprend, son frère nous explique.

— Fais tout pour que ça s’arrête s’il te plaît, j’implore l’assistant.

Comme l’a dit son frère, petit à petit, le saignement ralentit et finit par s’estomper. Il remonte lentement la tête selon les instructions de l’assistant et le type ose me sourire, comme s’il n’était pas potentiellement à l’article de la mort. On le fait s’asseoir, et il pince l’arête de son nez pendant une dizaine de minutes tout en respirant de la bouche.

— Ça va? Tu te sens bien? Réponds par la tête, ne parle pas, je lui dis, mais il choisit de désobéir.

— Je vais bien Querida.

L’assistant le soumet à une série de questions d’une trentaine de minutes et conclut qu’il devrait remplacer l’aspirine par du paracétamol.

— C’est tout? son frère s’étonne.

— C’est un début. S’il saigne à nouveau avec le paracétamol, je recommande fortement qu’il se rende à l’hôpital.

— On va y aller de toute façon, j’interviens d’une voix ferme.

L’assistant nous donne quelques conseils additionnels et c’est au moment de prendre congé qu’Eben me retient.

— Je vais le déposer, il me chuchote.

— Parce que tu crois qu’actuellement tu ressembles à quelqu’un qui peut prendre le volant?

— Il peut prendre un taxi? Je ne veux pas que tu partes, il me chuchote à nouveau et son air affaibli touche mon côté maternel.

— Je vais revenir. Il n’habite pas si loin d’ici.

Il hoche la tête et les minutes suivantes je vais déposer comme convenu l’assistant à qui je remets un dix mille francs en remerciement puis je fais un saut dans une pharmacie pour acheter du doliprane avant de rentrer chez lui. J’entre au salon quand il rassure sa belle-sœur qu’il se porte mieux et qu’elle peut aller se coucher.

— Voilà ma femme qui est là au besoin, il annonce sans demander la permission.

-Ah__euh__OK, bonsoir madame, la belle-sœur qui était confuse me répond quand même.

— Bonsoir, je réponds tout aussi mal à l’aise même si une partie de moi trépigne de joie qu’il prenne les bonnes libertés avec moi.

— On fera les présentations demain comme il se fait tard, il conclut pour nous.

Son frère nous rejoint, le questionne aussi et une fois rassuré qu’il se porte mieux, les deux se dirigent vers ce qui ressemble à l’arrière de la maison, nous laissant seuls au salon.

— Tu as mangé au moins? je l’interroge avant de m’asseoir à ses côtés.

— Sans aucun appétit, mais Bijou ne démordait pas alors je me suis plié.

— Très bien, puisqu’apparemment il faut te forcer, je lui renvoie sur un ton sarcastique.

— Quelque chose me dit que tu m’en veux.

— Hum, j’ai mieux à faire, je lui dis en feignant le désintérêt et compose un message à Elikem pour lui proposer de repousser notre rdv de demain, parce que je ne risque pas de quitter tôt d’ici.

— Tu causes avec qui?

— Ton remplaçant qui a pris de l’avance quand tu faisais on ne sait quoi pendant cinq jours.

Non seulement il bouge mes bras pour se coucher sur mes cuisses, mais en plus il colle sa tête à mon ventre.

— Tu n’as pas pitié d’un homme qui ne tient plus sur ses jambes? Je n’ai pas la force de repousser un concurrent à l’heure actuelle.

— Tu avais pitié de ta personne peut-être? Comment tu n’as pas remarqué depuis ton adolescence que les jours après avoir consommé de l’aspirine, tu saignais toujours du nez? Et même si tu me dis que tu n’as pas fait le lien, comment tu peux m’expliquer le fait que tu saignes autant et tu ne te déranges même pas pour aller à l’hôpital? La fameuse belle vie que tu m’as dressé là, c’est en étant proche de la tombe que tu comptes en profiter?

Il ne répond pas hein. Il préfère sourire et m’agacer davantage.

— Mon remplaçant sait que tu es ici et me grondes comme une femme soucieuse du bien-être de son homme?

— Idiot pfff! je peste et pousse un long juron avant de retourner à mon téléphone. J’ai déjà envoyé mon message, mais il m’énerve donc je ne le regarde plus.

— Le jour suivant notre rencontre précédente, j’ai dû me déplacer pour des affaires personnelles. Mon train de vie n’est pas supporté par mon unique salaire. Parfois, j’accepte de représenter ou conseiller certaines connaissances à leur demande. Jongler entre mes affaires personnelles et mon emploi régulier a réveillé des migraines atroces dont j’ai souffert à un moment de ma vie. Avant que tu m’interrompes, oui j’ai consulté pour les migraines. Il n’y a rien d’alarmant derrière, sinon qu’elles se manifestent quand je suis stressé et fonctionne avec peu de sommeil. C’est là que l’aspirine intervient et je reconnais n’avoir jamais fait le lien. J’ai consulté quand j’étais au lycée et me suis fait dire qu’une fois adulte, ça devrait disparaître donc je n’ai pas cherché à reconsulter. Le premier jour, j’étais accaparé par le travail, mais j’attendais aussi que tu me fasses signe pour changer. Ce que tu as fait ce soir excède mes attentes pour être honnête.

J’ai oublié mon téléphone pendant ses explications et fixe son regard limpide.

— Finalement qui mène une vie de boss entre nous deux?

— Les grands conseillers sont durs d’oreille, il dit avec un sourire.

— Je vais bien de la tirer ton oreille. Tu vas écouter.

— Lol d’accord Querida. Tu m’as manqué.

— Toi aussi. Même tes rires énervants.

— On monte? J’ai sommeil.

— C’est le code pour aller me piner ça?

— Même si j’en meurs d’envie, je n’ai aucune force, il rigole. Je crève de sommeil en réalité.

— OK, mais je ne reste pas longtemps hein. J’ai une journée chargée demain, je lui explique pendant qu’on prend ensemble les escaliers.

— Qu’est-ce que tu dois faire?

— Je dois récupérer du matériel que j’ai commandé pour des coffrets cadeaux qu’on veut lancer en fin d’année. Ensuite je dois rencontrer mon amie qui est de passage au pays et pour finir il me faut travailler.

— Tu me réserves un coffret cadeau pour ma mère.

— Lol, je ne les ai même pas encore lancés et à cette allure, la voix du doute me chuchote que je vais devoir reporter le lancement à la fête des Mères.

— Qu’est-ce qui bloque le lancement?

 — Mes employées! Elles ne sont pas du tout polyvalentes. J’ai cette machine facile à utiliser que j’emploie pour faire nos stickers et pour une raison qui me dépasse, toutes les filles que j’ai tenté de former pour m’assister m’ont déçue.

— Pourquoi tu fais des stickers?

— Le branding c’est aussi important que la qualité du service quand on veut se démarquer. C’est essentiel que les clients associent notre excellent service à une marque et ce jusque dans les moindres détails. Pour le moment, je n’arrive à faire que des stickers pour les huiles, shampoings, soins et bougies, mais l’idéal c’est que tout l’équipement soit à l’effigie d’O-cèdres, y compris des cartes-cadeaux et les coffrets dont je te parle. Je veux que les clientes puissent s’offrir ses coffrets et s’offrir dans le confort de leurs maisons, une expérience proche de ce qu’elles reçoivent en nous visitant. J’envisageais de lancer des ateliers spécial initiation au massage en couple vers février pour commémorer la St Valentin, puis un autre vers la fête des mères et pères. Mais avant ça, il me faut convaincre le proprio de la buvette en face du Spa parce que je n’ai pas de parking et plusieurs clients se plaignent déjà du manque de place durant les week__, oh euh pardon, je m’arrête d’un coup gênée. Je viens de me rendre compte que non seulement j’ai monopolisé la parole, mais en plus je ne me suis pas rendu compte qu’il m’avait ouvert la porte d’une chambre et attendait que j’avance.

— C’est vaste, je dis en contemplant la pièce éclairée par le lustre moderne au design finement entrelacé.

— Il y aura assez de place pour nous deux et tes chaussures? il me demande sur un ton taquin.

— Tu fais erreur, ce sont mes bijoux qui risquent d’être à l’étroit, je lui retourne sur le même ton qui le fait rigoler.

— J’ai hâte de voir ça. Pour en revenir à ton travail, ce que je demandais surtout, c’est le pourquoi tu es en charge de la confection du branding.

— Parce que ce n’est pas facile de travailler avec moi. J’ai souvent plein d’idées sous la forme de brouillons en esprit et il me faut essayer un tas de choses pour arriver à un résultat qui me convient.

— Je suis d’accord avec toi. Tu as un tas d’idées en tête, il dit et me prend par la taille pour me faire tomber à la renverse sur le lit avec lui.

— Je commence à me dire que c’est en voulant réaliser toutes tes idées à la fois que tu passes autant d’heures au travail. Je me trompe?

— Il faut bien que je réalise mes rêves, je murmure subjuguée par son regard captivant.

— Tout à fait et un peu d’ordre t’aiderais à le faire sans t’époumoner à mon avis. Tu sais ce qui est impératif et ce qui peut être repoussé à deux voire trois mois plus tard. Tu peux très bien confier la confection des stickers à quelques designers. Tu leur soumets tes idées, ils te ramènent des propositions et tu choisis ce qui se rapproche le plus de ce que tu cherches.

— Eh je suis juste mignonne hein, je n’ai pas le portefeuille que tu m’imagines là.

— Tu es bête toi, il rigole. Les mignonnes ont quel portefeuille?

— Le portefeuille pour sous-traiter autant de choses. Mon affaire est certes rentable, mais on doit encore se serrer la ceinture pour maintenir le niveau. En plus comme je t’ai dit, je suis difficile à satisfaire. Je peux très bien expliquer mes idées au designer et être déçue lorsqu’il reviendra avec un design fidèle à ce que j’ai dit. Parfois, je me fatigue même, j’avoue et il me gratifie d’un rire moqueur.

— Tu me rappelles une amie que j’ai représentée juridiquement il y a peu. Sinon, qu’est-ce qui t’empêche durant la négociation d’expliquer à ou aux designers que tu es un peu indécise, du coup peut-être qu’il y aura plusieurs retouches à faire? Si tu leur expliques ainsi, vous pourrez facilement concevoir d’un tarif spé__

— Pour qu’on raconte que la patronne d’O-cèdres qui se prend jusqu’à là n’a même pas l’argent pour payer un tarif régulier? je l’interromps.

— Donc tu te vantes même hein, il se moque encore.

— Définis la vantardise.

— La phrase par excellence des vantards lol. Sinon, je peux t’assurer que tu t’inquiètes pour rien. Je vois mal un entrepreneur rejeter une opportunité sous prétexte que sa cliente est vantarde.

— Pas que sa cliente est vantarde, mais qu’avec tout le malin que je fais, on croirait que je peux m’offrir n’importe quoi, pourtant c’est moi qui demande un rabais.

— En gros tu ne veux pas qu’on dise que tu demandes les rabais quoi.

— Un peu.

— Du coup, pour protéger ta réputation, tu préfères perdre davantage de temps avec tes employées qui ont du mal à comprendre l’usage de ta fameuse machine, sans oublier je suppose que généralement, tu dois patienter pour recevoir le matériel qui te sert à composer tes stickers? N’oublions juste pas l’énergie mentale que ça doit te prendre en plus de tes tâches habituelles?

— Pourquoi tu le présentes sur ce ton?

— Je ne sais pas. Je le présente sur quel ton?

— Comme si je n’étais pas raisonnable.

— Dieu merci tu reconnais tes défauts.

Je soupire de frustration et me roule sur son doux matelas pour enfoncer ma tête dans son coussin.

— Venant de quelqu’un qui néglige sa santé, ça me laisse à 37.

— Lol, je n’ai aucun problème à reconnaître mes défauts jeune fille, sa voix retentit à côté de la mienne. Je sors la tête du coussin et tombe sur son beau visage sur un coussin tout près du mien.

— Si je te suis et qu’après on raconte des choses sur mon bébé O-cèdres__

— Qui osera propager des rumeurs s’il est lié par un accord de confidentialité dans un contrat?

— Oh c’est parfait! Je trouve les designers et tu t’occupes de la négociation jusqu’aux contrats.

— C’est quoi ce plan foireux? il rigole à gorge déployée.

— Il faut rendre ces choses à César donc je te laisse conduire ta mission jusqu’à l’accomplissement. Merci chéri, je dis et l’embrasse.

— Le nom César te fait penser que le type aimait le travail forcé que tu viens me déposer dessus sans honte?

— Heureusement, tu es Eben__meu bem, je murmure sur la fin tout en me collant à son corps pour qu’on roule et je me retrouve à califourchon sur lui.

Ses doigts se faufilent sous ma chemise blanche et caressent mon dos. On ne pense certainement plus au travail là. Je sais qu’il est épuisé, mais j’ai cette image du massage qu’on a dû interrompre quand il était au spa. Sous son regard avide, je me mets à déboutonner lentement chacun de mes boutons, dévoilant une bralette triangle bleu royal qui retient mes seins. Ses doigts se font plus insistants dans mon dos. Il m’attrape carrément la chair et la presse pendant que je bouge très lentement le petit triangle. Je suis tellement excitée que mes hanches bougent légèrement sur lui. Dès que le triangle est hors d’accès, il fait pression sur mon dos avec sa main pour que je me penche vers lui, ce qui était mon intention de toutes les façons, mais sa hardiesse ne fait que décupler mon envie. Mes gémissements s’entremêlent à ses grognements de satisfaction quand une de mes pointes roses disparaît dans sa bouche. Il est doux avec elle au début, ne tournant que sa langue autour et l’aspirant. Ses mains lâchent mon dos pour mes fesses qu’il attrape aussi bien que ça soit plus difficile à cause de la rigidité du jean. Je craque pour ses petits grognements de satisfaction et le plaisir évident que je lis sur ses traits. Je craque tellement que je n’ai pas le temps de réfléchir aux mots qui commencent à sortir de ma bouche.

— Tu aimes ça? Tu manges bien?

Il hoche la tête, me faisant craquer davantage. Je lui embrasse le front et lui donne le sein droit qu’il mordille d’entrée de jeu et me fait légèrement crier. Sa main attrape celui qu’il a laissé et il se met à me torturer tellement que je rejette la tête vers l’arrière en gémissant profondément.

— Tu vas me rendre bête Eben, je confesse le cœur battant à tout casser dans ma gorge.

Ce ne sont que des caresses sur la poitrine, je sais, mais c’est qu’il me tient si bien. La douce chaleur de ses grandes mains sur mes seins contraste si bien avec la rudesse de ce qu’il fait subir à mes pointes, et comme si ça ne suffisait pas, il monte la dinguerie d’un cran en collant mes seins, les presse fort et balaie rapidement sa langue d’un téton à l’autre. Le jean me frustre d’un coup. Je me frotte, mais à cause de lui je ne ressens pas l’intensité nécessaire contre mon entrejambe. J’allais me redresser pour m’en débarrasser quand sa poche vibre sur le lit.

— Putain, il rouspète. Je vais l’éteindre.

— OK, j’acquiesce et bouge pour qu’il puisse y accéder.

— Tu m’en voudras si je le prends? C’est le travail en quelque sorte, il demande après un lourd soupir devant l’écran.

— Mais non, vas-y, j’ai besoin de pisser.

— La porte là. Le dressing débouche sur la salle de bain, il m’indique avant de décrocher.

Un joli dressing que je marque une pause pour inspecter. Quelqu’un va mal m’insulter lorsqu’on vivra ensemble hein parce qu’il a ses chaussures bien rangées en une file ici tandis que les miennes sont pêle-mêle sous mon lit, dans le bas de mon armoire et parfois certaines traînent même sur ma véranda. Je passe la porte vitrée pour me rendre dans la douche qui est moins spacieuse et plus simple que la mienne. La baignoire toute ronde donne sur une fenêtre où on peut distinguer un magnifique ciel étoilé. Je ferme les yeux et rêve des moments intimes qu’on passera ici ou des longues soirées de détente que je m’autoriserai quand il me faudra fuir les enfants. Je sais que je me suis déjà emballée avec quelqu’un dans le passé et ça s’est mal terminé pour moi, mais que puis-je dire? C’est ma nature de m’emballer quand je suis heureuse et même si c’est tôt pour qu’on prenne ça au sérieux, je suis quand même heureuse de fréquenter cet homme. Je suis vraiment gaie quand il est dans les parages.

Avec le recul, j’ai compris une partie de ce qu’Elikem reprochait à ma relation précédente. C’est vrai qu’elle jugeait sur la base des dires de Ray, mais j’ai surtout compris qu’elle ne trouvait simplement pas que l’autre était digne de confiance. À l’époque, je voulais une vie parfaite. À 20 ans je fais ci. 25 ans je fais ça, ainsi de suite. Je ne sais pas d’où cette idée m’est venue, parce que je n’ai jamais eu la pression de parents ou mon environnement pour accomplir quelque chose à un certain âge. Comme j’avais cette idée, en plus de me trouver jolie, sexy et intelligente, je ne voyais pas le pourquoi un homme ne voudrait pas me rafler rapidement sur le marché. Cet homme pour moi fut l’autre. Il acceptait en plus tout ce que je voulais en plus d’être beau et intelligent. Une vie parfaite quoi et comme je ne voulais pas admettre la défaite quand il m’a laissé comme une vieille chaussette, j’ai pensé à devenir maman seule.

Après un tour rapide aux toilettes, j’entre dans la cabine de douche et j’ouvre l’eau sur mon corps. Même si je ne comptais pas passer la nuit ici en montant avec lui, je me vois mal m’en aller maintenant. Je vais juste réarranger ma journée demain pour en faire assez. J’enfile ma chemise, enfonce mon tanga trempé de mouille dans la culotte de mon jean et retourne les fesses nues dans la chambre. Il est toujours au téléphone, mais assis contre la tête du lit. Je prends la main qu’il me tend et me couche à ses côtés. Ici je suis bien. Il m’est arrivé de me plaindre que Dieu traînait à m’envoyer ma personne, mais honnêtement, je rejoins ceux qui croient que tout arrive à point nommé. Aussi cliché et relou que ça sonnait à mes oreilles dans le passé, je suis heureuse qu’il ait pris son temps, si c’est dans ses bras que je suis là et j’espère que c’est le cas. J’avais du ménage à faire dans mes idées, quelques habitudes à délaisser. Je n’irai pas jusqu’à dire que je ne veux plus de perfection, parce que dans mon esprit, le contraire c’est la souffrance, chose que je ne veux absolument pas. Mais, une relation dans laquelle on m’accepte comme je suis et approuve tout ce que je veux n’est pas réaliste. J’ai fini par l’accepter. L’autre me l’a bien montré. Je croyais qu’il fermait les yeux sur mes phases parce qu’il m’aimait trop, pourtant il se contentait de tirer son plaisir de la relation et dès qu’il a eu son compte, il a pris son chemin sans stress. Jusqu’à présent, Eben s’implique dans ma vie par ses idées, mais aussi ses remarques constructives. C’est déjà un début prometteur non?

— Je ne peux pas te refuser de demander conseil chez un autre avocat. C’est ton droit, mais je veux que tu gardes en tête qu’elle a été mise en garde et n’osera plus toucher ton Snack, il dit à son interlocuteur.

-…..

— OK, tiens-moi au courant et s’il te plaît, ne pleure plus. Ce n’est pas une défaite.

-…..

— D’accord, on se verra demain. Bonne nuit, il conclut et coupe l’appel.

— Un problème?

— Une amie qu’on appellera X se fait emmerder par sa belle-mère. Tu connais le classique. La belle-famille ne voulait pas d’elle comme belle-fille, mais le type s’est entêté. La belle-mère a profité d’un déplacement de mon amie pour aller fermer son resto.

— Classique vraiment, je dis avec une moue de dégoût.

— On a porté plainte, mais mon amie n’accepte pas la décision du procureur. Elle pense qu’il a été soudoyé parce que ce dernier a décidé de classer l’affaire après un entretien avec la belle-mère. Je lui ai expliqué que cet entretien servait entre guillemets à remonter les bretelles à la dame, pour qu’elle comprenne qu’en cas de récidive, elle risque d’écoper de différentes peines allant jusqu’à une potentielle ordonnance d’éloignement.

— Je peux comprendre qu’elle voit les choses de cette façon avec tout ce qu’on entend de la justice dans ce pays.

— La justice n’est pas parfaite, je te l’accorde, mais on a évolué depuis le temps. En plus, le cas de X n’est pas prioritaire parce qu’elle n’a pas perdu grand-chose sinon des journées d’inactivité quand le resto était fermé. Certains faits d’accusation ont dû être abandonnés parce que la vieille a apporté des preuves en vidéo montrant ce qui s’est passé le jour là au Snack. Quand une affaire n’est pas jugée importante, les procureurs ne se lancent pas en général dans les poursuites, parce qu’il y a tant d’affaires à gérer tu vois.

— Elle a reçu la nouvelle quand?

— Hier.

— Donne-lui du temps, ça va lui passer. C’est quoi la position de son mari dans l’histoire?

— Tu es mal curieuse toi. Tu ne sais pas qu’un avocat est tenu au secret professionnel? il rigole.

— Ah, je connais X__, bon j’en connais une X, mais cette pétasse ne serait pas propriétaire d’un resto aussi classe.

— Tu viens de dire pétasse? il répète ahuri.

— La pétasse numéro 1 de ce pays. Une pétasse tellement fourbe que__

Il choisit ce moment pour me presser la bouche et bloque le reste de mes mots.

— C’est quel vilain mot que tu utilises sur une autre femme ça?

— Quand elle arrêtera d’être une pétasse, j’arrêterai, je murmure difficilement à cause de sa main qui presse toujours ma bouche.

— Et tu continues hein. Ce n’est pas classe qu’une femme parle ainsi d’une autre. Je suis sérieux, je n’aime pas ce genre de langage. Tu arrêtes.

— Tu défends quoi ici? Tu la connais peut-être? je demande plus facilement maintenant qu’il a laissé ma bouche.

— Je ne veux pas la connaître. Je veux que ma femme arrête d’utiliser ce langage.

— Pfff, ne mets pas ta bouche dans mes bagarres.

— Tes bagarres sont miennes. Si tu as un problème avec une femme, tu lui en parles ou tu l’ignores. Tu ne la dénigres pas, parce que je doute que tu aimerais être méprisé.

— Primo j’en ai quoi à foutre que quelqu’un qui me hait me méprise? Je pisse sur son opinion. Secundo, tu te trompes. Je n’ai pas de problèmes à prendre mon insulte quand je pense la mériter.

— Ah bon? Tout comme tu as accepté ta vantardise tout à l’heure, il ironise.

— La qualité de l’un peut être le défaut de l’autre, tout dépend du côté où tu te tiens.

— C’est ça! il rigole et éteint la lumière. Le reste qu’on a fait dans le noir là nous regarde.

***Romelio Bemba***

— Chef? j’entends au loin, mais j’ai du mal à réagir. Mon cerveau est aussi vide et noir que l’obscurité dans laquelle je suis actuellement.

— Umm, chef? je reconnais enfin la voix de ma fille qui est proche.

— Pourquoi tu ne dors pas? je lui demande après voir retrouvé ma propre voix.

-Je__euh, je venais me chercher à boire et j’ai vu une silhouette en allant en cuisine. Ça va?

— Oui chérie. Va prendre ton eau et couche-toi. Demain, tu as une longue journée.

Elle bredouille un OK et me laisse avec mes pensées. Ma nuit est courte et agitée, mais la vie continue. Je suis ma routine régulière, soit déposer Hadassah à l’école et continue au travail. Aujourd’hui en revanche, la vie décide d’apporter des modifications sans m’interroger au préalable. Elikem est assise dans mon bureau et m’adresse un sourire peu confiant.

— J’ai joué un peu de mon privilège de «fille d’Eli» chez ta secrétaire.

— Je suis l’employé de ta famille de toute façon. Ça va? Tu profites bien de ta vie? je lui lance tout en déposant mon sac puis je retire ma veste.

— Je fais avec, et toi?

— Je n’ai pas à me plaindre hein. Les gens sont au chômage, sur les lits d’hôpitaux. Moi je suis sur mes deux pieds, j’ai de quoi me nourrir.

— OK. Tu es occupé là? J’aimerais qu’on discute un peu.

— Je t’écoute. Qu’est-ce qui t’arrive?

— Je suis désolée pour ce que j’ai dit à notre dernière rencontre, elle dit après avoir une grosse inspiration.

— Où veux-tu en venir?

— J’ai injustement déchargé mon trop-plein sur toi. Je suis désolée, je ne pensais pas la totalité de mes mots.

— C’est pas grave va. Je l’ai probablement mérité.

— Je ne pense pas que tu l’aies mérité.

— Ce n’est pas grave either way. C’est le passé. Quoi d’autre?

-Euh__, c’est ça en résumé. Tu vas bien toi? C’est sûr?

— Mais oui, ne t’en fais pour ma gueule. Je suis assez grand.

— OK. Bon bah, je suis dans les parages sinon. Je te laisse travailler.

— Ça marche, je lui dis de façon expéditive et elle me laisse la minute suivante.

De 8 h à 12 h 30, je n’ai absolument rien foutu. J’ai pourtant une foule de questions sous la forme d’e-mails provenant des membres du conseil d’administration ainsi que des ressources humaines pourtant, il y a énormément à faire. C’est un piège de forcer son cerveau au travail quand ce dernier ne veut pas coopérer, et la dernière chose que je veux c’est que des erreurs se glissent dans mon travail, surtout à cette période de l’année où on prépare actuellement les lettres de primes annuelles. Je m’accorde une courte pause pour décompresser. La salle des employées est en général pleine à cette heure et la dernière chose que je veux, c’est devoir taper la conversation, donc je me dirige vers le jardin en face de l’immeuble. Il y a quelques patients sur place accompagnés d’infirmières, mais c’est bien plus calme ici. Je m’assois sur un banc en bas d’un arbre et m’oublie un peu pour je ne sais combien de temps, jusqu’à ce que la présence d’une main me ramène à la réalité au pire moment.

— Je t’ai appelé et même fais des signes de main, mais tu ne semblais pas me voir. Qu’est-ce qui t’arrive Tchaa? Elikem me demande sur un ton soucieux.

— Qu’est-ce que tu veux en fait? Tu veux m’entendre m’apitoyer sur mon sort c’est ça? je lui demande sur un ton cassant.

— Mais non je__, tu n’as pas l’air bien donc je__, bref, je ne voulais pas t’importuner. Je te laisse tranquille, mais je suis encore à l’hôpital si tu as besoin de moi. Ou à la maison si c’est le lendemain que tu préfères, elle dit et se lève.

— Mais non, attends, je dis en la retenant par le bras. J’ai essayé de renverser ma vasectomie et le résultat te plaira. Je suis stérile. Je ne pourrai jamais avoir d’enfants et le seul enfant que j’ai, appelait un autre papa au téléphone ce matin. Moi je suis le chef. Juste chef! à mon âge, je vis chez mon petit frère parce qu’une bonne partie de ma maison est en ruines. Et la cerise sur le gâteau, c’est qu’en dépit de ma colère, je dois composer avec la mère de ma fille. Je dois me plier à ses nombreux caprices juste parce qu’à chaque acte que je pose, je crains de mal faire et que la petite demande à retourner chez sa famille. C’est assez pitoyable à ton goût?

— Pourquoi tu pleures? je lui demande d’une voix hachée à cause de ma respiration difficile.

Une de ses délicates mains touche ma joue. Elle s’accroupit, me passe les bras autour du cou et s’assoit sur mes jambes. Depuis le début de mes déboires, j’ai reçu des moqueries, de l’insensibilité, de l’encouragement, mais c’est la première fois qu’on pleure pour moi. Rien que des larmes, sans aucun mot. J’ignore si c’est parce que je n’ai pas vraiment pleuré depuis un moment, mais j’ai la sensation que mon cœur s’allège petit à petit.

— Ça va, on ne m’a pas annoncé une maladie incurable non plus, je tente l’ironie après presque dix minutes de larmes sans arrêt de sa part.

Elle renifle si grossièrement que je ne peux m’empêcher de rire.

— Il y a des choses qui ne changent pas hein, je dis en contemplant son visage mouillé pendant qu’elle continue à renifler.

— Tu as perdu ta langue toi? je m’essaie encore.

— Bon au moins, tes cheveux ont repoussé de cette coupe atroce. C’est seulement le front qui reste frontal.

— Salaud, elle chuchote d’une voix rocailleuse et me fait à nouveau rire. Tu m’avais dit que les cheveux courts m’allaient bien.

— Je t’aurais dit que tu étais un dix même si tu avais porté un costume de lézard bougnoule. Je t’aurais dit tout ce que tu devais entendre pour aller mieux.

— Alors pourquoi tu t’attendais à ce que je me réjouisse de ta situation? C’est comme ça entre nous maintenant?

— Je sais pas. Je ne t’ai pas écouté et voilà ma récompense donc la logique_

— Il n’y a pas de logique ici. Tu ne m’as pas écouté et rien. D’ailleurs je t’interdis de dire que tu es stérile.

— Hayi, depuis quand un médecin refuse un diagnostic médical?

— Depuis que je suis humaine. Tu n’es pas stérile. Ton opération n’a peut-être pas fonctionné, mais qu’est-ce qui t’empêche de demander un second avis?

— Pas maintenant Elikem, j’ai eu du mal à accepter l’idée, ce n’est pas le moment de me renvoyer dans une spirale de doute mélangé à l’espoir. Je veux la paix.

— Désolée, elle dit penaude. Je remonte son menton avec main pour la regarder.

— Ça va, je ne t’en veux pas.

— Je peux quand même t’encourager concernant Hadassah?

— Puisque tu insistes, je réponds amusé par la petite voix sur laquelle elle m’a formulé sa demande.

— Si j’étais une ado de 13 ans, je t’aurais choisi comme papa. Tu es cool, amical, affectueux, aventurier, un peu gênant quand tu t’y mets, mais tu es un vrai motivateur, en plus d’avoir trop d’amour à donner. N’importe quel ado aimerait avoir un papa qui pense à lui, s’occupe de ses besoins et aime passer du temps avec lui. C’est impossible qu’elle passe à côté de tes grandes qualités.

— Mais elle a déjà un père et je pense qu’elle l’aime.

— Et alors? J’avais Eli comme papa avant de rencontrer mon papounet. Malgré les difficultés que j’ai eues avec mon papounet, je n’aime pas l’un moins que l’autre. En plus je pense que les filles ont naturellement une grande intelligence émotionnelle. Je suis sûr qu’elle se rendra rapidement compte qu’elle gagne à te connaître aussi. Comme vous êtes au début de votre relation, ça coince un peu et tu as mal. C’est normal même si ça soûle, mais j’ai la cerTI-TU-DE qu’elle cédera bientôt.

— Mince, dis-moi donc que tu voulais que je t’adopte depuis ma fille.

— Bien sûr tu dois toujours dire une connerie, elle dit après m’avoir flanqué le coup habituel sur la tête. Il allait venir tôt ou tard celui-là.

— Tu m’as manqué.

— En plus, elle aura la chance d’avoir deux figures protectrices, elle relance le discours de motivation comme si de rien n’était. Dans un monde, où bon nombre de papas sont démissionnaires, c’est une grâce inouïe d’en avoir pas un, mais deux qui ne veulent que ton bien. Elle sera__

— Elikem, j’ai compris, je suis fabuleux, je dis avec humour.

— Tu ne m’as pas manqué du tout, elle dit en roulant des yeux.

— Après avoir demandé que je t’adopte là? Oh que oui, je t’ai bien manqué même. Tu fiches quoi même à Lomé? Je pensais que tu devais t’installer à Nairobi.

— Je n’ai plus le droit de visiter mon pays?

— Je suis bête. Tu as entendu d’Océane que je lui ai confié l’anniv de la petite, d’où la fréquence de tes derniers messages et comme tu te sentais coupable, tu as pris le premier avion JUSTE POUR MOI. Ouais, tu m’aimes vraiment.

— J’ai pris l’avion pour Hadassah. On ne gère plus les viocs.

— Ta bouche en forme de cul de poule, tu comprends.

— Rien que la jalousie. Accepte que ton temps soit révolu. On ne te gère plus.

— Tu es game pour la voir ce soir alors?

— Oh déjà? Euh__ce n’est pas trop tôt? Elle ne sera pas chamboulée?

— C’est comment? Tu es une créature mythique pour qu’elle soit chamboulée? Je rigole de bon cœur.

Pendant qu’on me couvre d’insultes, on se dirige tous les deux vers mon bureau. Mes problèmes sont loin d’être réglés, mais je me sens apte à travailler.

— Je vais rentrer pour m’apprêter, elle m’annonce vers 15 h.

— Lol carrément te préparer? C’est la reine d’Angleterre que tu rencontres?

— Je ne t’écoute plus, elle répond déjà debout. Euh, au fait, on se retrouve où?

— Se retrouver comment? Dis-moi quand tu auras fini ta métamorphose et je passerai te prendre. Les cours finissent dans 1 h 30 aujourd’hui. Je pense qu’on pourrait vers Baguida, se prendre un truc à manger et rester un peu au bord de mer? Ça te va?

— En fait, je préfère qu’on se retrouve à l’école pour Jenni__

— C’est bon. Elle n’est plus dans l’équation.

Elle me fixe, comprend que je ne suis pas prêt à en parler et hoche la tête. 1 h 30 plus tard, je sors de l’hôpital. Bien que j’aie commencé mon travail tardivement, j’ai réussi à boucler une grosse partie avant mon départ. Le temps est en plus parfait pour une sortie à la plage. Je passe chez les Lare Aw avant de me rendre à l’école de la petite. Ici aussi, on croirait que presque rien n’a changé. Tata Belle gave Elikem de remarques sur son habillement, tandis que la dernière lui rappelle que ce discours est révolu à 34 ans. J’ai carrément l’impression qu’en fermant les yeux je verrais Mally arriver à la course pour participer à la session critique de sa mère et Dara ne sortirait de sa tanière que pour crier qu’on a déplacé le chargeur de sa liseuse électronique.

On ne prend congé de maman Belle qu’après qu’elle m’ait soutiré la promesse de passer la voir la semaine prochaine. Je comptais de toute façon les visiter à un moment pour leur parler de ma fille.

— Juste pour comprendre hein, tu nous as fait tout ce boucan pour sortir dans combinaison blanche avec chapeau bob sur la tête et tapettes aux pieds? je questionne «madame je dois m’apprêter» qui porte sa ceinture.

— Je ne me suis pas habillée pour toi ni pour l’autre qui probablement continue à se plaindre là-bas que quelqu’un me verra dehors et croira que je n’ai pas de parents.

— Tu te méfies avec «l’autre» que tu donnes à ma maman Belle adorée.

— Je te la laisse de la tête aux pieds. Même ses cheveux, tu peux prendre.

— C’est pour pleurer en moins de 24 h qu’on te la ramène, je rigole et elle secoue la tête avec un sourire coupable. Elle aime faire semblant, pourtant on sait qu’il n’y a pas plus fille à maman qu’elle.

Le temps qu’on arrive à l’école, je lui ai fait un topo de la situation avec Hadassah, incluant les choses qu’elle peut aborder avec elle ou pas.

— Ouais, c’est pas une petite école, elle confirme pendant que je me gare à côté d’une Lexus LC.

— C’est comme ça qu’ils me pompent en écolage aussi. Si Hadassah ne dirige pas ce pays en sortant de là, ils vont me comprendre.

On rigolait en sortant de la voiture, mais elle s’arrête brusquement quand le propriétaire de la Lexus descend.

— Sérieusement? elle commence sur un ton agressif, les mains sur les hanches.

— Elikem? Je l’interpelle confus.

— Il y a une vieille dette entre nous peut-être? Parce que tu me gonfles avec ta façon d’apparaître dans les parages dernièrement, elle continue à l’endroit du type qui a l’air impassible.

Je vois Hadassah qui sort de l’école et derrière elle, une autre fille qui a l’air d’avoir son âge court se jeter dans les bras du type en question. Ils se parlent dans une langue qui ressemble au twi.

— C’est mon classmate Yafeu, elle c’est Hadassah, elle m’a passé les cours, la fille dit dans un français teinté d’accent anglais.

— Bonsoir. Je suis le frère de Thema, l’homme s’introduit à nous sur un ton cordial, tout en ignorant royalement Elikem qui est pantoise depuis un moment.

— Enchanté. Je suis le père de Hadassah, je m’annonce également sans sourciller.

— Thema est toute nouvelle, du coup elle risque de déranger un peu ses camarades pour rattraper son niveau. Merci d’être tolérante envers elle Hadassah.

— Euh c’est rien, c’est normal.

Je pose une main sur l’épaule de ma fille. J’ignorais qu’elle aidait quelqu’un à l’école, mais je n’en suis pas moins fier.

— On se reverra bientôt. Bonne soirée à vous, il nous annonce, tourne les talons, marque une légère pause à la hauteur d’Elikem et lui murmure quelque chose avant de regagner son véhicule. J’ignore ce qu’il lui a dit, mais c’était suffisant pour assez pour foutre la honte à mon amie.

Nous sommes à notre destination. On s’est pris une grande pizza et je commence les présentations qui n’étaient finalement pas nécessaires. Elle a prononcé seule le nom d’Elikem.

— Donc tu me connais un peu, c’est bien ça. Il ne me reste plus qu’à te connaître, lui annonce mon amie.

— OK, elle répond d’une voix hésitante et me lance un coup d’œil inquisiteur comme si elle voulait savoir ce dans quoi on venait de l’embarquer.

— Et maintenant je me suis installée à Nairobi. Ça serait bien que tu viennes me voir un de ses quatre, elle continue à appliquer les conseils que je lui ai donnés quand on se dirigeait vers l’école. Interroger Hadassah c’est limite se cogner la tête contre un mur. Elle ne donne que des réponses vagues ou fermées. Par contre, parle-lui d’un sujet ou de toi et tu as plus de chance qu’elle réagisse.

— Nairobi c’est euh__je_je sais pas où c’est, elle répond comme si elle avait commis une gaffe. Une réaction qui m’interpelle. Je me redresse et j’observe son profil.

— C’est pas grave chérie. Je ne sais pas où se trouve le Vanuatu non plus. Et Nairobi, c’est dans l’Afrique de l’Est.

—Oh OK. C’est proche de Dar es Salam alors? elle continue sur un ton animé tout d’un coup.

— Tout à fait, Elikem lui retourne sur le même ton. C’est en Tanzanie ça, un pays limitrophe du Kenya. Tu y es déjà allée?

— Non. Ma tante Mie vit là-bas.

— Waow, elle y vit depuis quand?

— Depuis quatre ans. Elle est mariée à un Tanzanien et travaille comme infirmière, elle répond avec une fierté apparente.

— Tiens, on pourrait faire un truc. Lorsque tu viendras en décembre au mariage de ma sœur, on pourrait aller lui rendre visite.

— Mamamariage de__? elle bredouille et me lance un coup d’œil inquisiteur.

— En décembre, on ira au mariage de la sœur d’Elikem si ça t’intéresse, je lui confirme.

— Je pourrais vraiment voir tata Mie? Sérieux?

— Demande-lui sa disponibilité et on s’arrangera pour aller la voir.

Je ne l’ai jamais vu ainsi. Elle s’écrie qu’elle lui demande maintenant et ses mains tremblent carrément pendant qu’elle envoie un message à sa tante. Elle n’arrive même pas à rester tranquille sur son siège.

— C’est quand le mariage?

— Le 22 décembre.

— Super! On aura fini le trimestre. Tu pourras prendre tes vacances chef?

— Oui, je confirme amusé et toute la soirée qu’on passe à la plage, on ne parle presque que des plans pour décembre. Même sur le chemin de la maison, ce sujet trouve le moyen de revenir dans la discussion.

Je n’aurais pas cru si quelqu’un m’avait dit que Hadassah pouvait parler sans arrêt et sourire autant. Si j’avais su que Tata Mie était la formule magique, je lui aurais proposé ce voyage comme cadeau pour son anniversaire qui approche. Nous déposons Elikem chez ses parents avec la promesse de la revoir bientôt puis on continue chez Arthur.

— Est-ce qu’elle est ta femme? elle me prend par surprise.

— Non. Je croyais que tu la connaissais comme étant ma sœur?

— Oui, mais j’étais plus sûr après.

— Pourquoi tu crois qu’elle est ma femme?

— Tu portes une bague et vous rigolez beaucoup, elle me répond innocemment et me fait rire.

— C’est elle l’amie d’enfance qui est devenue ma sœur dont je t’ai parlé.

— Comme Estelle avec moi.

— Exactement, je lui confirme.

— En tout cas, elle est très sympa.

— Oui elle l’est et les autres que tu rencontreras en décembre aussi.

— C’est vraiment vrai qu’on ira chez tata Mie? elle me demande d’une voix hésitante.

— Pourquoi tu doutes? Je t’ai déjà menti?

— Non je__, c’est juste que j’ai rien fait. C’est pas encore mon anniversaire, alors c’est bizarre de me promettre un cadeau. J’ai même pas encore fini le trimestre, du coup tu sais pas ce que j’aurais comme moyenne.

J’éteins le contact après avoir garé dans la concession d’Arthur et me tourne vers elle. Je vais le faire, je m’en fous.

— En général, on t’offrait des cadeaux quand?

-Euh__, bah ça dépend.

— Je t’écoute, élabore un peu.

— Maman s’occupe de tous les cadeaux. J’en reçois deux pendant l’année et si je suis tranquille j’ai droit à un troisième.

— Qu’est-ce que tu veux dire par tranquille? Tu fais souvent des bêtises?

— Non. Enfin peut-être. Parfois je chante fort et ça dérange papa, parce qu’il est malade. Ou euh__ je m’engueule avec mes cousins, du coup ça peut arriver que j’ai pas de troisième cadeau.

— Pourquoi tu t’engueules avec tes cousins?

— Ils étaient relou à toujours m’appeler les baguettes chinoises ou les nouilles, alors j’ai renversé du poivre sur leurs faces un jour. On s’est un peu bagarré et il y a eu de la casse, mais mamie m’a puni parce que j’étais la grande. Du coup, je m’engueule avec eux depuis ce jour et parfois quand les parents l’apprennent, je n’ai pas droit à un troisième cadeau parce qu’ils ont dit que je dois apprendre à prendre de la hauteur en tant que grande.

— Tes parents étaient au courant des petits surnoms que tes cousins t’ont donnés?

— Oui. Ils en ont parlé avec les parents des cousins.

— Je suppose que ça n’a pas arrêté les cousins.

— Non. Ils sont affreux comme des verrues. Je peux dire un truc sur eux? Tu ne vas pas le répéter à maman?

— Je ne dirai rien tant que ce n’est pas une question de vie ou de mort.

— Euh, je voulais dire que si j’avais des pouvoirs magiques je les aurais envoyés sur Mars, mais ça ressemble à une question de mort ça non?

— Tu n’auras jamais de pouvoir mon ange, je dis amusé par sa candeur.

— Dommage, elle rouspète carrément en s’enfonçant dans son siège.

— Le bon côté c’est que tu ne les as pas vus depuis que tu es ici.

— Mais tu vas me retourner un jour chez maman. Je devrais encore les supporter aux fêtes de Noël et anniversaires, en plus de mamie qui les croit tout le temps. C’est toujours moi la difficile, celle qui ne fait pas d’efforts, celle qui n’aime pas la famille, mais c’est dur d’aimer les gens qui emmerdent.

— Je suis ton père chérie. Tu ne retourneras chez maman qu’à ta demande ou la sienne, j’ose.

— Tu es vraiment mon père alors? Pourquoi tu n’étais pas là avant?

— Je n’étais pas au courant de ton existence. Je suis désolé.

— Comment ça tu n’étais pas au courant?

C’est la question à laquelle j’ai tant essayé de trouver une réponse qui n’incriminerait pas directement sa mère.

— J’ai quitté la ville où j’ai rencontré ta mère et on s’est perdu de vue, je lui donne l’unique réponse que j’ai.

— Tu ne connaissais pas son numéro ou son Snap?

— C’était compliqué.

— C’est toujours compliqué de toute façon, elle rouspète à nouveau et s’enfonce encore dans son siège.

— Pour répondre à ta question initiale, je n’ai pas de nombre fixe de cadeaux pour toi. Je te ferais plaisir selon mes moyens, mais une fois que je t’ai donné ma parole, je ne reviendrai pas dessus, à moins que la santé me fasse défaut.

— Merci. C’est gentil.

— Je t’en prie, c’est normal entre nous.

— Il y a tonton Arthur là, elle m’indique en pointant ma fenêtre. Le petit con se trouve effectivement à côté de ma portière. On s’est engueulé récemment après qu’il m’ait parlé d’une requête de Jennifer, mais ce soir je suis de bonne humeur, donc j’ouvre avec un grand sourire et m’apprêtait à lancer une blague, mais Hadassah me devance avec sa bonne nouvelle du soir. Je pourrais presque être jaloux de tata Mie, mais après ses confidences, je suis content qu’au moins, un membre de sa grande famille arrive à lui inspirer autant de joie.

***Jennifer Bemba***

Je ne cesse d’enchaîner les mauvaises nouvelles dernièrement. Primo, c’est Arthur qui me demande davantage de patience parce qu’il travaille sur Romelio pour moi. Va savoir quel travail on doit faire sur lui. Je suis sa femme. C’est une audience que je dois recevoir pour voir mon mari? Secundo, j’ai sous-estimé la vieille morue de Hana. Apparemment, la vieille cabosse qui lui sert de cerveau s’est rappelé de filmer sa descente au Snack et elle l’a présenté à sa convocation, annulant l’accusation de vol supposément. J’ignore pourquoi le procureur a écarté la possibilité qu’elle aurait simplement pu ne pas filmer cette fameuse scène. Je vais reporter plainte de toute façon. Le jargon judiciaire qu’Eben m’a pondu ne me convainc pas. Elle n’a écopé de rien du tout. On ne m’a même pas autorisé à recevoir des dommages et intérêts pour les jours d’inactivité. Selon Eben, rien ne confirme que si le Snack était ouvert, j’aurais eu des clients, donc le procureur ne pouvait pas se baser sur un détail si aléatoire pour condamner la vieille à verser une pénalité. Un discours judiciaire je dis! Tertio, c’est Oyena la capricieuse que j’ai encore un peu dans la gorge à cause de sa réaction quand j’ai voulu l’introduire à Arthur, mais passons. Il y a deux heures de ça, elle a failli me causer un arrêt cardiaque en me demandant si tout va bien avec mon mari. J’ai bien sûr répondu avec conviction, tout en lui demandant le pourquoi elle m’interrogeait sur ça. Elle m’a répondu qu’elle l’a vu dans le jardin de l’hôpital enlaçant une femme assise sur ses genoux et perso, elle a une sainte horreur de la majorité des hommes parce qu’ils sont fourbes, donc elle devait me le dire pour que je sache jouer mes cartes. La carte que j’ai décidé de jouer, c’est de confronter Romelio lui-même. J’ai fait le tour des différentes personnes susceptibles de m’aider. Arthur ment qu’il travaille. Bilal et Marianne, nos amis ont été au moins honnêtes en me montrant leurs vrais visages. Après avoir mangé mes plats et s’être trouvé grâce à moi, ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas prendre parti, mais sont de tout cœur avec nous. Ma tante jure que Marianne n’a pas digéré mon amitié avec Yasmine et me récompense gracieusement maintenant pour ça. Mon opinion, c’est que je les emmerde profondément.

C’est mon mariage après tout. Je vais le sauver moi-même. J’avais déjà tenté la ligne de Romelio sans succès, mais ce soir, je m’essaie avec une SIM toute neuve. La ligne sonne, c’est déjà ça. Mon cœur s’affole quand il décroche et j’entends sa voix de baryton riche.

— Ici Romelio. À qui je parle?

— C’est Jennifer, je m’annonce aussi et m’efforce de maintenir une voix solide.

Il ne dit rien, mais je l’ai encore sur la ligne donc je me lance.

— On va continuer ce jeu jusqu’à quand? J’en ai marre Romelio.

— Chef? j’entends d’une voix féminine.

— J’arrive mon cœur, il ose répondre dans mon oreille.

— Je te jure Romelio que si tu emmènes cette tarée dans ma maison__

La tonalité s’en suit. Je rappelle rapidement, mais il ne répond pas.

— Tu n’as pas intérêt à ce que ça soit ce que je crois! je le texte furieusement.

Il ne répond pas à celui-là aussi. Je ne cesse de faire des tours dans ma chambre et sors pour prendre de l’air dehors parce que j’ai l’impression d’étouffer. Mon esprit me crie de joindre Oyena, donc je me dépêche de le faire. Elle carrément me raccroche au nez.

— Call u later, je fais du shopping, elle me répond.

C’est franchement exaspérant d’être amie avec une riche! Je pourrai être à l’article de la mort et madame n’essaie même pas de décrocher pour voir ce que je veux. Elle m’envoie un stupide message pareil comme si elle n’avait pas déjà la terre entière dans sa maison. C’est quel shopping elle n’a jamais fait? Pfff! Madame ne me rappelle que quand je suis de retour dans ma chambre et somnole presque.

— J’ai passé une journée stressante je t’assure. Il me fallait décompresser un peu donc j’ai glandé sur mes sites favoris.

— Super, je réponds en roulant des yeux. Tu les reçois quand?

— Dans une semaine probablement, tout dépend du programme de Sia. C’est elle qui les ramènera. On dit quoi? Tu as le temps des célibataires comme nous?

— Justement, j’ai besoin de ton aide. Mon mari n’est pas à la maison. Je crois que tu avais raison.

— Hum. C’est donc ce qu’il cache derrière son apparence ultra professionnelle?

— Tu connais la fille? C’est une infirmière ou un membre de l’hôpital peut-être?

— Tu n’as pas besoin de connaître la fille. Tu dois confronter ton type.

— Comment ça je n’ai pas besoin? C’est la pute qui se tape mon homme! je dis révoltée.

— Et la pute qui te sert d’homme a choisi de coucher avec elle. Tu ne feras que te ridiculiser en essayant de croiser cette meuf.

— Mais donne-moi au moins des indices! Ça me tue d’être ici pendant qu’il fiche je ne sais quoi avec elle!

— Les indices sont dans ta maison Jennifer. Tu prends ton mec, tu lui écrases les boules au talon. Si tu n’en as pas d’assez pointus, fais-moi savoir. Je commanderai une paire pour toi. Tu les lui écrases si bien qu’il n’aura plus jamais le courage de voir ailleurs.

Comme si j’allais écouter les conseils d’une femme qui m’a avoué n’avoir jamais eu de relation passant l’étape des six mois. Je roule davantage les yeux.

— Je suis une femme, je ne peux pas porter main à un homme.

— Lol, depuis quand?

— Nous sommes en Afrique__

— Pardon, évite le sempiternel discours défaitiste avec moi. Je peux t’aider si ce que tu veux, c’est faire regretter à ton mari son geste, mais ne compte pas sur moi pour avoir l’identité de cette femme. Je ne la connais pas.

Elle ment comme elle respire, j’en suis persuadée. Je raccroche après un «bonne nuit» contrarié. Après une nuit mouvementée, je me lève avec ce que je crois être la meilleure carte à ce niveau du jeu. Je demande à Oyena de me conseiller le meilleur avocat en divorces. Romelio ne va pas jouer avec moi éternellement. Que la loi tranche et nous dise si un mari a le droit de refuser à sa femme l’accès à leur domicile. Je ne souhaitais pas que ça arrive là entre nous, mais s’il veut me forcer la main, j’irai au bout et prendrai tout. De la moitié de la maison jusqu’aux effets. Je vais prendre tout ce qui me revient de droit. 

D’amour, D’amitié