
150: Behind the kindness
Ecrit par Gioia
***Mini
Attiba***
Sortir de la maison
avec un but précis est si gratifiant, j’ai l’impression de redécouvrir les
petites joies de la vie grâce à ce poste que j’ai accepté il y a un peu plus
d’un mois déjà. Rien que la pensée me fait secouer la tête. Quand on a à faire,
le temps file à une vitesse déroutante. C’est fou de penser qu’on vient
d’entamer avril et si Dieu le permet d’ici septembre, j’espère me louer quelque
chose de propre afin que maman me rejoigne. Hormis les remarques déplacées de
Jen le soir du baby shower, j’apprécie la cohabitation avec eux, mais j’ai
besoin de mon espace quoi. Depuis que je travaille, on se voit moins Lio et moi
pour diverses raisons. Soit je rentre avec du travail, soit je dois m’occuper
de ma chaîne YouTube ou c’est lui qui est pris. Si j’avais ma place, il
pourrait passer sans s’inquiéter de l’heure à laquelle il doit rentrer, et qui
sait, on aurait dépassé l’étape des baisers, parce qu’aussi enivrants qu’ils
soient, j’ai envie de plus, mais Lio est juste, je ne sais pas, quelque chose
me dit qu’il se réfrène. Je sais qu’il est le fils d’un des pasteurs principaux
de l’église où on s’est rencontré et à ma connaissance, les enfants de pasteurs
sont tenus de respecter à la lettre les règles de la bible contrairement aux
comme moi là qui découvrent encore celui qu’on appelle Dieu.
Bref, je n’ai pas eu
le courage d’aborder le sujet avec lui. J’ai un peu honte de passer pour une affamée
de sexe, même si c’est le cas à cause de lui. Je ne suis juste pas habituée à
faire le premier pas sur ce plan, mais je lui réserve une petite surprise avant
son départ pour Le Caire où il passera la semaine pascale, mais pour l’heure, place
au travail. Aujourd’hui c’est le genre de journée que j’aime. Demain je conduis
ma première entrevue ici. Notre focus professionnel est une nouvelle chanteuse
de gospel qui circule sur les radars de plusieurs jeunes. Elle a reçu la majorité
des votes au dernier sondage lancé sur nos réseaux sociaux pour connaître
l’avis de notre public sur notre prochaine grande entrevue. Elle a mon âge
ainsi qu’un parcours hyper intéressant selon nos recherches, on verra ce
qu’elle nous révélera demain, donc aujourd’hui, je revois la liste des trente
questions qu’il me faudra faire valider par Sia qui est actuellement avec sa
mère, l’ex-potentielle copine de mon mec. Ce gars va me rendre fou. Il a
attendu que je commence à travailler ici pour me l’annoncer naturellement après
une soirée de groupe dans un resto où Sia et Deborah nous ont abordés. Elles
étaient accompagnées de deux hommes que chacune a introduits comme son
compagnon et c’est ce même soir que Lio m’a officiellement présenté à quelqu’un
comme sa compagne. Nous avons fini par dîner à six et des plans de vacances se
sont même faits sur place. Comme je ne cessais de faire ma curieuse sur ses
liens avec ma patronne quand il me ramenait, il m’a expliqué qu’en fait il
voulait brancher Deborah à son pote Alain qui a fini par flasher sur Sia. Le
nouveau couple s’est donc transformé en matchmakers avec eux, les encourageant
à tenter quelque chose, seulement j’ai sauvagement détourné son attention à mon
arrivée et Deborah ne cherchait en réalité qu’une amitié, donc ils sont
toujours bons amis. J’avoue que le « sauvagement détourné son
attention » a gonflé mes chevilles et mon cœur. Une révélation pareille
devait finir par une vigoureuse session de lovemaking, mais c’est Lio ou pas?
Il m’a déposé chez moi et laissé avec un câlin « bonne nuit ». Bref, le
travail hein. Fantasmer ne paie pas les factures.
Je débarque à 18 h
du travail, fais un saut au supermarché pour faire les courses de la maison,
une chose que j’ai commencé à faire depuis que je touche mon salaire pour au
moins contribuer, et j’arrive dans une maison joyeuse à 19 h 15.
Jennifer a engagé une décoratrice pour la chambre du bébé dès qu’ils ont eu la
confirmation de l’écho qu’elle attend une fille. Elle nous montre et explique
avec effervescence les plans de la nursery tandis que Bruce nous fait son
ancêtre.
— Les enfants dans
le temps dormaient sur quoi? Ils n’ont pas grandi avec un cerveau et tous leurs
membres comme ceux d’aujourd’hui?
— Pardon hein.
Pourquoi toi-même tu ne dors pas sur ton lit d’enfance?
— Mais je
travaille madame. J’ai les moyens de ma politique. L’enfant là fait quoi pour
qu’on décore une chambre à 350 000 pour
lui? Tessa, parle à ton aînée hein.
— Tessa dis-lui
bien que ma fille n’arrive pas sur terre pour subir, mais profiter du meilleur
de la vie. Son papa n’est pas cadre chez l’NSAO pour rien et sa maman assure bien
les arrières avec une activité florissante grâce à son restaurant, donc ne nous
embrouille pas.
-350 000, répète Bruce en secouant la tête et me
fait rire.
C’est l’effet d’avoir
son premier enfant, parfois on veut juste tout faire. En tout cas, les plans de
la nursery sont magnifiques.
— Bon, il ne
reste plus que neuf mois pour trouver un gentil mari hein ma Tessa.
— Hein? je fais
prise de court. Comment ça tombe sur moi?
— Ça nous laisse
le temps de préparer princesse Makie a tenir son rôle de bouquetière d’ici que
notre futur beau te fasse sa demande. Généralement les hommes aiment appliquer
une règle bizarre de deux ans, sauf quand ils sont vraiment amoureux comme
l’était ton cousin, mais si on reste sur la norme, oui, je vois bien Makie être
prête, surtout qu’elle sera encore un bébé à notre mariage, elle annonce avec
une excitation qui me fait fondre de rire.
— Donc tu veux me
pousser l’enfant dans le mariage parce que Makeda doit être bouquetière?
— Je t’ai dit de
m’arrêter cet adjectif « d’enfant ». On parle d’une femme dans la
fleur de l’âge. 28 ans…, tu les as déjà chérie?
Je secoue la tête.
— Bref, 27 ans
même c’est un bon âge pour être stable dans un foyer. En tout cas, le pays est
derrière toi. Ramène-nous un bon parti, la fête qu’on te fera traversera les
frontières.
— Concentre-toi
sur le travail, c’est le premier mari de la femme, les hommes de ton âge sont
des bandits, Bruce casse son délire.
Ils m’ont tué de rire
durant toute la soirée. Makeda ne va pas s’ennuyer avec ses parents.
Je terrasse l’entrevue
avec la chanteuse de gospel le lendemain. Lio s’invite au magazine pour
l’entendre de ma bouche, en tout cas c’est ce qu’il me dit entre plusieurs
baisers.
— Tu as le temps
de me distraire à 15 h le chef des gens? je demande les mains tenant les revers
de sa veste grise qui lui donne une classe monstrueuse.
— Je me suis dit,
pourquoi ne pas faire un petit saut ici avant d’aller à Air France. Je t’ai
manqué? il chuchote avant de m’embrasser à nouveau.
— Arrête de me
forcer à avouer que je deviens accro à toi, je réponds et le fais rire.
— Tu aurais par
le plus pur des hasards ton passeport sur toi?
— Mon passeport?
Non. Enfin…, pourquoi?
— J’espérais
profiter de mon saut à Air France pour réserver directement nos deux billets,
mais je pense que mon contact pourra me faire les deux avec mon numéro de
passeport. Demain, apporte ton passeport s’il te plaît.
— Attends,
pourquoi on parle de mon passeport?
— Tu viens au
Caire avec moi.
— Ah? Comme ça
là? je fais complètement larguée et il sourit.
— Bon ça dépendra
de ton planning. L’idéal serait que tu négocies ton mercredi, jeudi et vendredi
pour qu’on parte ensemble. Pendant que je serais occupée avec les conférences,
tu pourras visiter la ville à ta guise et faire tes vidéos pour ta chaîne. Mais
si ce n’est pas possible, tu prendras l’avion le vendredi donc ça te laisse
trois jours incluant le lundi de Pâques pour qu’on fasse un peu le tour du coin
et que tu filmes le nécessaire pour ta chaîne.
— Lio, enfin je…,
tu es sérieux? je l’interroge hébétée.
— Selon Hadassah,
l’irrégularité est néfaste pour l’algorithme d’une chaîne YouTube et avant que
tu sautes pour te cacher de honte sous la table, non, je ne lui ai pas révélé
ton immense secret, il ironise. Je l’ai simplement interrogé comme c’est une
ado qui passe un peu trop de temps sur internet à mon goût. Il se fait qu’elle
en connaît un rayon comme elle a un tas d’artistes indépendants qu’elle suit
sur la plateforme, donc elle a passé la connaissance à son vieux. Avec ton
emploi, tu n’as presque pas bougé depuis un mois, donc autant en profiter pour
fournir à ton public ce qu’il attend.
J’agrippe à nouveau
les revers de sa veste pour l’attirer à moi et lui dévore voracement la bouche
tandis que ses mains palpent mon postérieur. Cet homme va me rendre folle
Seigneur. J’ai le « prends-moi » au bout des lèvres, mais je me
retiens comme ce n’est pas mon entreprise ici.
— On a aussi
besoin d’intimité, je pourrais enfin te rendre accro, il me confesse sur un ton
rempli de promesses qui me donne déjà envie d’être au Caire.
— C’est moi qui
vais te rendre accro, je lui retourne pleine de confiance et il rigole
doucement.
— D’accord,
j’attends de voir. Alors, ce passeport?
— Une seconde,
j’ai toujours une copie de mes documents officiels en mail, je réplique enjouée
et fonce sur ma machine.
Quelques minutes plus
tard, il me laisse avec une copie en main et la confirmation que je lui ferais
signe selon ce que Sia autorisera. J’ai dédié mon aprèm à soumettre ma demande
de visa en ligne, priant qu’il soit prêt en 72h comme ils le stipulent. Comme
il nous reste huit jours d’ici la semaine pascale, je pensais m’y prendre assez
tôt pour que Sia me laisse prendre la semaine off à partir de mercredi, mais
apparemment on a trop à faire ici. Elle m’a quand même laissé le vendredi et
monsieur s’est arrangé pour que j’ai un vol arrivant à l’heure où finit la
conférence internationale en santé publique qui l’emmène au Caire. De mon côté,
j’ai effectué mes recherches sur l’Égypte et quatre jours plus tard, j’avais un
itinéraire excitant ainsi que mon visa dans mon passeport. C’est ce même soir
là que j’ai vaguement parlé du voyage à Bruce et Jen. Pour eux, j’ai trouvé une
aubaine sur un billet et je vais découvrir l’environnement touristique du pays
parce qu’ils savent que j’aimerais un jour animer une émission de voyages. J’ai
remis à Bruce comme il l’a demandé le contact du guide qui s’occupera de ma
visite au Caire. C’est la veille que je fais ma valise. Elle est remplie de
vêtements en lins ou cotons assez couverts pour les sorties en journée, mais
j’ai ma section coquine pour ce qui se passera avec le chef des gens en soirée.
Il ne sait vraiment pas ce que je lui réserve.
Jeudi après le
travail, j’embarque pour un vol de treize heures incluant l’escale qui m’emmène
au Caire. Lio me récupère sur place et heureusement avec une veste en jean
parce que je ne m’attendais pas à l’air frisquet qui régnait dans la ville.
— Pourtant, sur
le net ils ont dit qu’avril est la meilleure saison pour visiter ce pays non?
je me plains dans les bras de Lio pendant que notre taxi nous conduit à
l’hôtel.
— En journée oui,
mais c’est le désert. Les températures peuvent chuter jusqu’à 14 degrés comme
aujourd’hui.
— Tchiaaa, on
croirait les hivers sud-africains, je me plains encore pourtant il y a une
différence, parce que cette fois, je suis bien enveloppée par des bras forts et
réconfortants.
— Courage, on
n’est plus loin de l’hôtel, il me rassure et m’enveloppe davantage.
— Et cette
dernière journée de conférence?
— Remplie de
discussions intéressantes et nouvelles découvertes.
— Super. Quand
allez-vous intégrer la technologie à l’hôpital alors?
— Je ne saurai te
dire exactement puisque plusieurs variables sont à considérer. Le personnel
n’est pas formé pour, la population aura du mal à s’adapter et ne parlons pas
des assurances privées.
— Mais pourquoi
ils t’ont inscrit à ce programme de trois jours si vous n’êtes pas prêts à
l’hôpital?
— Parce qu’on
n’intègre pas de nouvelles méthodes d’organisation en une semaine ou même un
mois. On commence par un projet pilote qui lui-même est étudié sur plusieurs
mois. On l’essaie sur un département, l’ajuste et l’étend petit à petit pour ne
pas semer la pagaille dans l’organisation.
— Wow, c’est donc
si long que ça?
— Oui et j’aurais
d’autres ateliers ou conférences à suivre d’ici qu’on monte le projet pilote.
— Dire qu’avant
toi, je pensais que les hôpitaux étaient contrôlés par des médecins, je dis
amusée.
— Et avant toi, j’ignorais
qu’en Afrique, des gens se faisaient offrir des voyages par des compagnies
aériennes ou des offices du tourisme juste pour une pub.
Je souris fière de moi.
C’est un homme assez cultivé dans divers domaines, donc ça me fait plaisir de
lui avoir fait découvrir quelque chose. Le taxi nous laisse au Ramses Hilton où
il séjourne. Le lobby me séduit directement. Les piliers sont massifs, les accents
dorés bien placés, le haut plafond en verre permet d’entrevoir le ciel, la fontaine
attire et le live piano ajoute une ambiance paisible.
— C’est le genre
de Hadassah ça non?
— C’est clair que
oui. J’ai sciemment omis de ne pas lui envoyer des photos du piano, pour la
fois où je reviendrai avec elle.
— Oh elle va adorer,
je dis enjouée pendant qu’on approche de la porte.
Mon cœur bat la
chamade. Il me sautera dessus dès qu’il l’ouvre ou il me laissera prendre une
douche le temps de s’apprêter pour notre nuit, c’est ce dont je me persuadais
jusqu’à ce qu’il l’ouvre et je me retrouve devant deux lits séparés.
Interloquée, je m’arrête.
— Je dors mal,
donc j’ai décidé de te laisser ton espace pour que tu ne me détestes pas, il me
sort sur un ton plaisantin qui ne me fait absolument pas rire.
— Tu dors mal, je
répète sur un ton défiant.
— Je t’assure, c’est
un calvaire.
Je suis toujours
déconcertée et lui agit naturellement. Il referme la porte, dépose ma valise et
me recommande de faire attention avec le robinet dans la douche parce que l’eau
se réchauffe rapidement. Je suis dans quel film là? La promesse de me rendre
accro s’accomplira comment s’il est sur son lit et moi le mien? Bon, ce n’est
pas le moment de laisser mon esprit divaguer dans tous les sens. Rien ne dit qu’il
ne se faufilera pas dans mon lit avant de rejoindre le sien. D’ailleurs, qu’il
ne compte pas sur moi pour lui faciliter la tâche, telle est ma résolution,
sauf qu’à la dernière minute, je trouve gauche de me déshabiller devant lui
alors que je m’étais déjà fait un film sur la première fois qu’il me verrait
totalement nue.
— Je vais prendre
une douche, je lui annonce alors après avoir sorti ma trousse ainsi qu’une
serviette de ma valise.
— D’accord, je t’attends.
Déçue, je vais me
laver. Au moins, l’eau chaude me réchauffe le corps et je reviens avec ma
serviette pour unique vêtement et trouve le chef des gens qui devait m’attendre
déjà couché. C’est quoi cette mascarade? Qu’est-ce qui se passe? Devrais-je entrer
dans son lit? Telles sont les questions que je me pose sans trouver de réponses,
donc je finis par enfiler une robe de chambre et me couche.
Le guide arrive assez
tôt demain matin, donc on n’a pas vraiment le temps de discuter. La découverte
commence par le palais Manial de Mohamed Ali où l’on n’avait pas le droit de
filmer normalement, mais j’ai fait ma rebelle pour quelques minutes parce que la
visite en valait le coup. Du sol, des murs jusqu’aux plafonds, des portes à la
vaisselle et les miroirs, tout est recouvert d’or et d’argent sans parler de l’architecture
majestueuse, il aimait le meilleur dans ce monde Mohamed Ali Tewfik. La visite
prend fin à midi. Lio dit avoir mangé dans un resto local qu’il arrive à décrire
à notre guide et la chance c’est qu’il n’est pas loin du Souq de Kan El-khalili,
donc on se dirige là après avoir mangé. C’est le marché le plus célèbre ici. Maroquinerie,
épices, bijoux, assiettes, tissus, et souvenirs en général, il y avait de tout.
Comme d’hab au marché, on ne voit pas le temps passer à force de négocier et d’explorer
donc dans la blague, on sortait de là vers 18 h. La galère de se trouver
un taxi et la difficulté avec les Uber ont fait qu’on arrivait à l’hôtel après
21 h.
Épuisés, on s’endort
assez tôt parce qu’à 4 : 15 du matin on prend l’avion pour Louxor où nous
attend un autre guide pour la suite de nos aventures. Nous commençons par le
temple Karnak dont les vestiges sont plus impressionnants que les photos du net.
On se croirait réellement dans une ancienne cité préservée par le temps.
— J’aurais dû
emmener Hadassah avec moi au lieu de la laisser avec Arthur pour les vacances
de Pâques, il commente fasciné devant les piliers et statues recouverts d’hiéroglyphes.
— C’est une place
importante de l’histoire du monde, j’approuve.
On a beaucoup marché, mais chaque minute était
gratifiante. Le second site, la vallée des rois, nous offrent les tombes des
anciens pharaons d’Égypte creusées dans des montagnes et le plus surprenant, c’est
que selon le guide, ils continuent à découvrir des tombes. On a fait que les
célèbres comme celle de Ramsès IX parce qu’il nous restait aussi le temple de Medinet
Habou.
— Une journée n’est
pas définitivement pas suffisante hein, je dis subjuguée par les hauts murs recouverts
d’histoire du temple.
— Une semaine même
me semble peu, confirme Lio.
Le guide nous explique
que parfois certains à l’époque inscrivaient des potins sur les murs, en gros
leurs équivalents des fils d’actualité de réseaux sociaux quoi, nos vrais
ancêtres en réalité.
À 20 h, nous
reprenons l’avion pour un trajet d’une heure jusqu’au Caire. Il ne nous reste
plus que le dimanche à faire ici puisque lundi on reprend l’avion en matinée.
Finalement, trois jours n’étaient pas suffisants, parce qu’on n’aura pas le
temps d’aller à Gizeh, ou visiter les pyramides, mais ce qu’on a vu était tout
aussi remarquable. Le dimanche matin, on retourne au marché parce que Lio veut acheter
d’autres souvenirs. On ne retourne à l’hôtel que pour se changer en prévision
de notre dernière soirée ici. Je n’ai pas ramené le sujet des lits séparés hier
parce qu’on est rentré épuisé du voyage à Louxor, mais c’est notre dernière soirée
ici. Dessous coquins, une robe noire asymétrique avec une manche, je me
présente sous mon meilleur jour et il n’est pas en reste. Notre visite de la soirée
c’est le Parc Al-Azhar, un immense jardin sorti des mille et une nuit selon
moi. L’endroit abrite plusieurs restaurants, mais nous choisissons une place
sur la terrasse de celui qui permet d’admirer le mieux la magnifique citadelle baignées
de lumières scintillantes. Aussi, il fait moins frais ce soir, même s’il y a du
vent.
— Cette ville me paraissait
régulière avant ton arrivée, tu as élevé le niveau du séjour, il m’annonce en caressant
mon pouls.
— C’est la
moindre des choses pour ce merveilleux voyage que tu m’as offert. Merci bébé, j’ose
le petit nom.
— Je t’en prie,
il me séduit par son sourire donc je décide d’aborder le sujet.
— Dis-moi, tu as fait
un vœu de chasteté?
— Quoi? il répond
en reculant la tête comme si je venais de lui lancer une inattendue.
— Je ne comprends
pas les lits séparés Lio et ne ramène pas le « je dors mal ». On a passé
deux jours dans la même chambre et de ce que j’ai vu, tu dors comme un être humain
régulier. Qu’est-ce qui se passe? Tu m’avais fait des promesses concernant ce
voyage et une fois sur place, tu me tiens un peu à distance.
L’air coupable qu’il
prend me confirme que je tiens une piste. Quelque chose le dérange.
— Je ne veux pas
te toucher, pas comme ça, pas maintenant.
— OK, je fais un peu
déroutée. Bon, je n’ai jamais essayé la chasteté mais…
— Ce n’est pas
une question de chasteté. Il y a des choses sur moi que tu ignores. Je…, je n’ai
pas envie de gâcher le voyage Mini. On rentre demain.
— Je veux savoir
Lio. Si ça concerne notre couple, tu me dois la vérité, que ça soit aujourd’hui
ou demain.
— Je ne peux pas
avoir d’enfants, il m’annonce tout dru.
La nouvelle est si
inattendue qu’elle tourne plusieurs fois dans mon esprit qui essaie de la
déchiffrer.
— Je cherchais le
meilleur moment pour t’en parler, il tente de m’expliquer mais je sens la
douleur dans sa voix. Elle est aussi lourde que la boule dans ma gorge.
— Tu as des
problèmes avec ton sperme? Je…enfin, ça se soigne ce genre de choses norm…
— Ce n’est pas
mon sperme. Je….j’ai…il y a quelques années, j’ai choisi de subir une
vasectomie pour éviter de concevoir avec mon ex-femme parce que nous étions tous
deux malades.
Ma pochette a glissé
de mes jambes. Je ne l’ai pas fait exprès, mais c’est le son qu’elle a fait en
tombant qui m’a sorti de la léthargie dans laquelle sa nouvelle m’a plongée.
***Romelio Bemba***
Quelque part, je m’y
attendais. J’anticipais une réaction similaire, d’où ma réticence à lui livrer
toute ma vie, même si je reconnais que c’est une forme de lâcheté, toutefois,
je ne pouvais décemment pas la toucher en dehors des baisers. La nuit fut
lourde. Je ne savais quoi dire pour me défendre et elle ne posait pas de
questions. Chacun est resté dans son coin, sur son lit et le lendemain, nous
avons voyagé ensemble. On s’est parlé quelques fois pendant le vol, mais ce n’était
que pour des broutilles. Tu vas bien? Tu veux de l’eau? Tu es confortable? Bref,
des questions pour établir une conversation qui n’ont mené à rien parce qu’aucun
de nous n’était prêt à aborder le sujet. J’ai décidé de lui laisser du temps,
espérant qu’elle revienne lorsqu’elle se sentira prête à en savoir plus, ou
juste discuter, mais je commence à désespérer. Nous sommes rentrés depuis
quatre jours. Dans d’autres circonstances, je l’aurais poursuivi, j’aurais
sorti le charme, les promesses, mais qu’est-ce que ça change au réel problème? Elle
veut des enfants comme la majorité des femmes et je ne peux pas lui en donner
comme les autres. Je n’ai rien à lui offrir qu’elle ne trouvera ailleurs. L’idée
me mine le moral et touche mon amour propre au point que j’en déprime malgré
mes efforts.
Ma fille qui l’a perçu
a décrété une soirée karaoké avec d’autres invités. Arthur, mes parents, mon
oncle et ma tante Ciara, il y avait assez de massacre pour me mettre de bonne humeur
au point d’oublier l’espace d’une soirée mon quotidien. Heureusement, nos
invités sont rentrés avant l’immense pluie qui martelait nos toits vers 22 h.
Après avoir fait un tour dans la chambre de Hadassah pour m’assurer qu’elle
dort, je suis descendu pour une session de pompes puisque je n’avais pas
sommeil. En voulant décaler d’une heure mon alarme régulière, je remarque quatre
appels manqués de Mini que je rappelle sans tarder. Elle ne décroche pas, du coup
je commence à m’inquiéter. C’est une chose qu’elle m’appelle une fois, mais
autant, et n’envoie pas de messages? C’est étrange. Il continue de pleuvoir,
donc je vais chercher un parapluie ainsi que mes clés avec l’intention d’aller
chez son cousin quand elle rappelle. J’entends la pluie et un tonnerre.
— Tu es à la
maison? elle crie presque.
— Toi-même tu es
où?
— À quelques pas
de ton portail là.
— Mais tu es malade?
je vocifère. Tu es sous la pluie?
— Bye!
Je sors sous la pluie et
sa tête de je ne sais quoi s’approche vraiment de la maison. C’est d’un pas
pressé que je la rejoins et la soulève.
— La ferme! je
tonne quand elle veut l’ouvrir.
Mon gardien qui est dans
sa petite pièce à l’abri du déluge me dévisage avec curiosité. Je comprends le
pauvre homme. Il me voit sortir torse nu et revenir avec une femme que je soulève
comme un sac de charbon.
— Barricade le
portail, je lui crie et continue à l’intérieur avec mon colis.
— Je te donne une
seconde pour m’expliquer ce que tu croyais foutre tout à l’heure! j’aboie dans
sa face tel un chien enragé après l’avoir déposé.
— Pourquoi tu
marchais avec ton parapluie en main toi? elle me demande d’une petite voix.
— On te parle de
toi…quoi? je demande subitement, fixe main et me rend compte qu’elle tient un
parapluie.
Ce qu’elle voulait me
dire quand je l’ai soulevée, le regard confus du gardien, je commence à comprendre
et me sens bête. Je n’ai pensé qu’à la trouver après cet appel.
— Hadassah m’a
invité, mais je n’ai pas pu me libérer plus tôt, elle continue.
— Parce que c’est
une excuse Thérèse?
— C’est Tessa le
prénom.
— J’ai dit Thérèse!
C’est une excuse? Ça ne t’a pas traversé l’esprit qu’un arbre est vite tombé
par ce temps? Tu aurais fait quoi si une tôle ou un objet dangereux emporté par
le vent t’avait blessé Thérèse? Qu’est-ce qui justifie le fait qu’une femme sensée
se mette en danger? Je t’écoute et tu n’as pas intérêt à utiliser la soirée de
Hadassah comme excuse.
— J’ai l’intégrale
de « The People vs OJ Simpson », elle chuchote en soulevant son
sac. Tu connais l’histoire d’OJ Simpson, le joueur de foot américain a…
Je la pousse en deux
temps contre le mur le plus proche et l’embrasse. C’est ça ou je lui tords le
cou. Qu’est-ce que j’en ai foutre d’OJ Simpson? Le baiser est punitif au début,
mais il y a une passion refoulée qui prend le dessus. Elle soulève une jambe
donc je m’abaisse pour la porter par les cuisses. Elle encercle automatique mon
cou de ses bras et me câline la nuque, ce qui me pousse à écraser davantage son
corps contre le mur au point que mon bas ventre frotte contre son entrejambe.
— C’est ça que tu
es venue chercher Mini? je demande et j’ondule sciemment avec force mon bassin
pour qu’elle sente ma queue contre sa féminité.
— C’est toi…c’est
toi que je suis venue chercher Lio, elle chuchote à bout de souffle. Si tu peux
me permettre de parler, avant de réduire mon cerveau en bouillie s’il te plaît,
c’est important.
Le tonnerre en moi
baisse d’un cran. Je continue de la porter, mais je l’emmène sur le sofa. Elle
n’a pas l’air pressée d’aller ailleurs puisqu’elle s’ajuste pour être confortable
sur moi une fois que nous sommes assis.
— Alors je suis
désolée. Ça m’a pris du temps pour déchiffrer et même accepter ce que tu m’as
dit au Caire.
— Tu n’as pas besoin
d’être désolée…
— Attends que je
finisse. Je suis désolée parce qu’au troisième jour, je me suis sentie vache en
imaginant ce que tu devais ressentir toi. Enfin…je serais dévastée si on m’annonçait
que je ne pouvais pas concevoir, donc j’imagine un peu le coup que mon silence
t’a porté. Je suis désolée de ne pas avoir pensé à ta position plus tôt. Tu me
pardonnes?
— Je t’ai dit que
tu n’as pas à être désolé. Ta déception était normale, tu ne t’y attendais pas.
— Mais n’empêche
que ça t’a fait du mal, avoue-le. Ne le nie pas et ne balaie pas mes excuses du
revers de la main par un « Je suis capable de supporter » alors que
ce n’est pas le cas. Tu as le droit d’être déçu tout comme tu anticipais que je
le sois.
— Oui, j’ai eu
mal, je finis par confesser, mais je tiens à préciser que je ne t’en veux pas.
— D’accord bébé,
elle fait tressauter mon cœur par ce petit surnom, mais je me calme. Des
excuses n’effacent pas le problème. Alors, je veux mieux comprendre cette
histoire parce que j’ai effectué des recherches et la vasectomie se renverse
normalement ou je me trompe?
— Tu ne te
trompes pas, je lui réponds la gorge serrée. Je l’ai tenté il y a un peu plus
de deux ans, mais l’intervention n’a pas rétabli la situation, parce que ma
vasectomie date.
— Oh…, alors c’est
vraiment mort de partout? elle demande sur un ton si défaitiste que j’ai envie
de décrocher le ciel, remuer la terre, bref trouver une solution à ce problème
que j’ai causé.
— Je t’explique. Je
ne peux pas concevoir naturellement. Il reste la FIV….
— Mais c’est une
solution Lio!
— Ne t’emballe
pas Mini. La FIV avec mes spermatozoïdes certes parce que j’en produis toujours
donc il faudra qu’on les prélève par ponction testiculaire puis procéder à l’insémination
après avoir collecté tes ovules et rien ne garantit qu’à la fin, l’opération
sera une réussite. C’est très fréquent de passer de FIV à FIV avant d’avoir un
succès, sans compter le traitement hormonal qui est dur pour les femmes.
— Mais pourquoi
je subirais un traitement hormonal quand je suis en bonne santé?
— Parce que c’est
la procédure. Même si tu es en pleine forme, on te fera quand même suivre un
traitement hormonal pour stimuler la production de plusieurs ovules. C’est un
moyen de mettre le plus de chance de son côté.
— Bon…beh, c’est la vie alors, je vais
faire avec.
— Non, on ne
prend pas ce genre de décision « parce que c’est la vie ». Tu es
jeune, tu as des rêves plein la tête et c’est ton droit d’avoir tous les
enfants que tu veux de façon naturelle. Tu n’étais même pas présente quand j’ai
décidé de m’imposer cette vasectomie, alors c’est non.
— Pourquoi tu as le
droit de choisir une vasectomie pour protéger ton couple précédent de la
maladie et je ne peux pas choisir la FIV pour être avec toi? elle réplique du
tac au tac.
— Tu m’arrêtes
ça! Tu ne sais pas ce que tu dis!
— Et toi aussi
alors arrête de monter le ton parce que je sais le faire aussi! C’est même
quoi? elle se fâche d’un coup. J’essaie de trouver des solutions moi et tu es
là fermé comme une huître. C’est quoi ton objectif? Je n’ai pas le droit de
choisir l’homme derrière le masque de gentillesse?
— Quoi? je fais le
cœur battant.
— J’ai bien percé
ton jeu Romelio Tchaa! elle me sort le prénom au complet pour la première fois.
S’il faut m’offrir du sushi, me guider dans mes démarches, te soucier pour mes
affaires, m’emmener en voyage, m’embrasser à perdre la raison, tout ça tu es prêt.
Tu es prêt à me vendre l’homme parfait et quand j’en veux plus, subitement, tu te
trouves des restrictions?
— Quand ai-je prétendu
la perfection? je demande choqué.
— Quand tu as
décidé que je n’avais droit qu’à ton image gentille et pas ton toi qui as posé
des actes qu’il regrette aujourd’hui. Ce que tu m’as montré de toi m’a conquis
Lio. Tout ce que j’ai vu me plaît. J’admets ne rien connaître à la FIV, mais si
c’est ce qu’il faut pour être avec toi, alors je suis prête à essayer parce que
tu m’as déjà mise dans ton camp.
Je l’observe. Ses mots
résonnent encore dans mes oreilles. Elle m’a retourné le cerveau.
— Tu ne dis rien?
elle me relance sur un ton doux.
— Je ne veux pas que
dix ans plus tard, tu regrettes tes mots de ce soir.
— Alors la balle
est dans ton camp Lio. Continue à être le toi qui m’a attiré et gardé à tes côtés
jusqu’à présent, laisse-moi être le moi qui t’a sauvagement retourné l’esprit
comme tu l’as une fois dit et le reste, laissons entre les mains de Dieu? Ce n’est
pas ce que tu dirais? La vie ne nous appartient pas, mais dans mon esprit d’humain,
je me vois être avec toi pour la vie.
Je n’en peux plus. Je
la soulève à nouveau et monte en chambre. Dès que je ferme la porte, j’enlève
ses vêtements mouillés. C’est incroyable d’avoir un teint aussi unifié et d’une
couleur si riche. Ses seins moyens tiennent parfaitement dans mes mains. Elle
bouge la tête pour permettre à ma bouche d’explorer son cou. Je joue avec ses tétons
qui durcissent entre mes doigts, mais il m’en faut plus alors je la goutte. L’un
après l’autre, je gobe ses seins et répète tout en la poussant doucement vers
le lit où elle tombe gracieusement sur mes draps blancs contrairement à la
pluie qui s’intensifie dehors.
Je découvre son corps
sous toutes ses coutures avec ma langue et mes lèvres. Ses poils sont doux, sa
peau est fraîche, ses gémissements sont une musique à mes oreilles. J’ôte son
tanga de couleur moutarde et le jette dans un coin où elle ne le verra plus.
Celui là je vais le garder.
— Tu as un
préservatif?
— Je ne fais pas
te faire l’amour…., pas avec ma queue du moins, pas aujourd’hui. J’ai quelque
chose en tête pour ça le jour là.
— Qu’est-ce que
tu veux me faire aujourd’hui alors?
— Honorer ton
corps et le faire vibrer.
— Je veux aussi
te faire vibrer Lio, elle chuchote d’une voix sensuelle tandis qu’une de ses
mains évolue vers le bas de mon dos.
Je sors un préservatif
de mon tiroir que j’enroule sur ma queue qu’elle dévisage avec avidité, et j’avance
lentement vers elle.
— Je sais que ce
n’est pas agréable et je suis à peu près certain d’être clean, mais ne prenons
pas de risque.
Elle ouvre sa bouche
et avale mon gland avant de hocher la tête.
— Putain, je
lâche sous le coup de pression que me fout son regard innocent contrastant avec
les mouvements précis de sa langue sur mon gland.
Je soutiens sa nuque
avec une main et l’autre lui tient un sein. Elle me lèche avec difficulté à
cause du préservatif, mais c’est assez pour décupler mon envie de faire son
corps mien. C’est ce que je veux, avoir son corps contre moi, donc je lui
retire ma queue et me couche à ses côtés. Elle tient mon membre qu’elle branle
tandis que je la caresse. Je la tourne et retourne pour embrasser tout son
corps. Je mords ses fesses, secoue ses cuisses, je profite de tout ce qu’elle m’offre
et finit par la doigter en suçant ses tétons. Elle tremble comme j’en rêvais, oublie
même ma queue et pleure de plaisir.
— Doux Jésus,
Liooo, je ne vais pas tenir, elle me prévient donc j’active mes doigts en elle
au point que son corps commence à bouger comme si c’était ma queue qui la
faisait remuer.
Elle bouge avec
frénésie, respire avec force, soulève son bassin du lit à la rencontre de mes
deux doigts logés bien au fond et secouant si fort l’intérieur de sa chatte que
le bruit est aussi fort que ses râles de plaisir. Subitement, elle m’attrape fortement
la queue et inonde mes doigts du liquide attestant qu’elle a atteint l’extase. L’impact
de son emprise sur ma queue m’a poussé dans mes derniers retranchements aussi
donc en deux coups de main, je jouis sans retenue, puis retombe à côté d’elle. Elle
se soulève, couche son corps sur le mien et dépose sa tête dans le creux de mon
cou quand je passe les bras dans son dos puis l’embrasse sur le front. On n’a
pas besoin de parler, nos souffles communiquent pour nous. On dort sans demander
notre reste à quelqu’un.
Le lendemain, je me
réveille seul. Un peu dérouté, ça me prend une seconde pour replacer les choses
dans la chambre. Sa culotte en jean est pliée et posée sur le banc de rangement
beige dans ma chambre, donc je respire. Au moins, elle n’a pas détalé et j’espère
pour sa gueule que c’est le cas. On ne vient pas redonner l’espoir à l’homme comme
elle l’a fait hier pour partir. Je fais ce qu’il faut en douche et dès que je
sors de chambre, j’entends sa voix ainsi que les rires de Hadassah. Je descends
à pas feutrés et depuis ma cachette je les observe. Elle porte un de mes pantalons
en satin, mais en haut elle a toujours son haut dos nu blanc qui cache les adorables
seins qui m’ont fait perdre la tête. Les images de notre nuit provoquent ma
queue sans tarder. Je ne comprends même pas ce qu’elle et Hadassah se disent. Les
noms qu’elles évoquent ne me disent rien, mais je finis par conclure que ça doit
toucher à un événement de la pop culture.
— Bon, j’ai fini,
annonce Tessa après avoir déposé un plateau de cupcakes sorti fraichement du
four vu l’odeur appétissante de pâtisserie sucrée. Tu pourras dire à ton père
que je suis désolée d’avoir loupé la soirée hier mais que je suis passée ce matin
rapidement pour m’excuser?
— C’est ça! Genre
tu penses que je ne t’ai pas vu sortir de sa chambre ce matin ou quoi? lui
répond Hadassah qui se sert.
La face embarrassée et
le bégaiement de ma chérie me font rire au point que les deux me découvrent. Il
n’y a que Mini pour trouver une excuse aussi bidon. Hadassah est assez mature
pour comprendre qu’il ne faut pas enfoncer Mini actuellement, mais quand c’est
moi, elle refuse que je lui dépose un bisou sur la joue sous prétexte que je
viens de rouler une pelle à Mini avec cette bouche. L’enfant là me veut même
quoi? Mini refuse de passer la matinée avec nous malgré mon insistance.
— J’ai fait le
mur, je ne veux pas de problème avec mon cousin.
— Ce n’est pas
toi qui disais hier que je t’ai conquis sur tous les plans? Je dois te supplier
pour que tu m’assumes devant ton cousin?
— C’est quoi ce
ton de palabre? elle rigole.
— C’est le ton
qui te dit que tu es à moi petite. Assume-moi.
— Bientôt Lio, je
veux juste vivre notre histoire à ma guise sans répondre aux nombreuses
questions.
— Bientôt alors,
j’acquiesce en l’attirant pour un énième câlin avant qu’elle ne prenne la fuite.
Je ne peux la
raccompagner à cause de la journée chargée qui m’attend, mais j’ai envoyé mon
gardien louer un taxi qui viendra la chercher, parce que lui remettre l’argent
est inutile. Cette fille est capable d’accepter et se taper la marche jusqu’à sa
piaule, j’ignore si elle se prend pour une ancêtre de moïse. Après son départ, Hadassah
me montre une photo de nous qu’elle a pris à la dérobée. Mon air satisfait
ferait croire que j’ai mangé le meilleur repas au monde, pourtant c’est une
femme que je regarde et elle sur la photo tape ma main qui allait reprendre un
autre cupcake après le cinquième que j’ai avalé en une minute.
— Tu l’as trouvé on
dirait? commente Hadassah à cause de qui on m’a frappé comme quoi, je mange
plus vite les cupcakes que celle pour qui on les a fait.
— On dirait oui,
je réplique le cœur soulagé et j’entoure son épaule de mon bras pour enfouir ma
tête dans sa chevelure bouclée. Si elle savait combien son père se sent bien là.
Elle ne peut pas comprendre.
***Bruce Attipoe***
— Tu dis que tu
es rentrée d’où déjà? je demande à Tessa qui s’active ici avec les sachets de
bouillie qu’elle verse dans une tasse pour Jen.
— Mais elle t’a
dit qu’elle s’est levée tôt pour faire du sport et nous a acheté le petit
déjeuner non?
— C’est à toi qu’on
a posé la question? je réponds à Jen.
— Hum, Dieu
connaît la quantité de plaintes que tu aurais formulé si je t’avais répondu
ainsi. En tout cas, on sait qui est la femme enceinte nerveuse dans le couple
désormais.
Tessa rigole et propose
de me servir la bouillie, mais je décline.
— Tu ne vois pas
que cette sortie est étrange? je demande à Jen une fois seuls.
— Où veux-tu en
venir?
— Si elle est rentrée
vers 8 h, c’est qu’elle est sortie vers 6 h. Pourquoi on n’a pas
entendu sa porte grincer?
— Toi qui ronfles
comme un vieux train là tu peux entendre une porte grincer?
— Pfff!
— Qu’est-ce qui te
dérange ce matin au fait?
— Tessa est là
pour le travail Jen. C’est là où je veux en venir. D’abord elle va au Caire on
ne sait comment. Ce n’est certainement pas ses 120 000 francs de salaire qui l’y ont conduit. Je n’achète
pas cette histoire d’aubaine en ligne. Aujourd’hui elle rentre tard. Les femmes
qui vivent ainsi à ma connaissance sont des maîtresses.
Au lieu de me prendre
au sérieux, elle se met à rire.
— Quelle
imagination dis donc. Et si elle est maîtresse, où est le problème?
— Tu trouves ta
question sensée? Makeda devrait finir maîtresse?
— Enlève mon
enfant de tes malédictions.
— Donc c’est
Tessa qui peut être maudite hein?
— Je ne suis pas
la mère de Tessa. Si une adulte de son âge n’a aucune ambition sinon d’être
maîtresse, en quoi c’est mon problème ? Je m’occupe
de ma fille.
— Eh bien, c’est
mon problème! Elle est ma cousine.
Oui c’est mon problème
et je vais trouver la solution.