150: Behind the kindness

Ecrit par Gioia

***Mini Attiba***

Sortir de la maison avec un but précis est si gratifiant, j’ai l’impression de redécouvrir les petites joies de la vie grâce à ce poste que j’ai accepté il y a un peu plus d’un mois déjà. Rien que la pensée me fait secouer la tête. Quand on a à faire, le temps file à une vitesse déroutante. C’est fou de penser qu’on vient d’entamer avril et si Dieu le permet d’ici septembre, j’espère me louer quelque chose de propre afin que maman me rejoigne. Hormis les remarques déplacées de Jen le soir du baby shower, j’apprécie la cohabitation avec eux, mais j’ai besoin de mon espace quoi. Depuis que je travaille, on se voit moins Lio et moi pour diverses raisons. Soit je rentre avec du travail, soit je dois m’occuper de ma chaîne YouTube ou c’est lui qui est pris. Si j’avais ma place, il pourrait passer sans s’inquiéter de l’heure à laquelle il doit rentrer, et qui sait, on aurait dépassé l’étape des baisers, parce qu’aussi enivrants qu’ils soient, j’ai envie de plus, mais Lio est juste, je ne sais pas, quelque chose me dit qu’il se réfrène. Je sais qu’il est le fils d’un des pasteurs principaux de l’église où on s’est rencontré et à ma connaissance, les enfants de pasteurs sont tenus de respecter à la lettre les règles de la bible contrairement aux comme moi là qui découvrent encore celui qu’on appelle Dieu.

Bref, je n’ai pas eu le courage d’aborder le sujet avec lui. J’ai un peu honte de passer pour une affamée de sexe, même si c’est le cas à cause de lui. Je ne suis juste pas habituée à faire le premier pas sur ce plan, mais je lui réserve une petite surprise avant son départ pour Le Caire où il passera la semaine pascale, mais pour l’heure, place au travail. Aujourd’hui c’est le genre de journée que j’aime. Demain je conduis ma première entrevue ici. Notre focus professionnel est une nouvelle chanteuse de gospel qui circule sur les radars de plusieurs jeunes. Elle a reçu la majorité des votes au dernier sondage lancé sur nos réseaux sociaux pour connaître l’avis de notre public sur notre prochaine grande entrevue. Elle a mon âge ainsi qu’un parcours hyper intéressant selon nos recherches, on verra ce qu’elle nous révélera demain, donc aujourd’hui, je revois la liste des trente questions qu’il me faudra faire valider par Sia qui est actuellement avec sa mère, l’ex-potentielle copine de mon mec. Ce gars va me rendre fou. Il a attendu que je commence à travailler ici pour me l’annoncer naturellement après une soirée de groupe dans un resto où Sia et Deborah nous ont abordés. Elles étaient accompagnées de deux hommes que chacune a introduits comme son compagnon et c’est ce même soir que Lio m’a officiellement présenté à quelqu’un comme sa compagne. Nous avons fini par dîner à six et des plans de vacances se sont même faits sur place. Comme je ne cessais de faire ma curieuse sur ses liens avec ma patronne quand il me ramenait, il m’a expliqué qu’en fait il voulait brancher Deborah à son pote Alain qui a fini par flasher sur Sia. Le nouveau couple s’est donc transformé en matchmakers avec eux, les encourageant à tenter quelque chose, seulement j’ai sauvagement détourné son attention à mon arrivée et Deborah ne cherchait en réalité qu’une amitié, donc ils sont toujours bons amis. J’avoue que le « sauvagement détourné son attention » a gonflé mes chevilles et mon cœur. Une révélation pareille devait finir par une vigoureuse session de lovemaking, mais c’est Lio ou pas? Il m’a déposé chez moi et laissé avec un câlin « bonne nuit ». Bref, le travail hein. Fantasmer ne paie pas les factures.

Je débarque à 18 h du travail, fais un saut au supermarché pour faire les courses de la maison, une chose que j’ai commencé à faire depuis que je touche mon salaire pour au moins contribuer, et j’arrive dans une maison joyeuse à 19 h 15. Jennifer a engagé une décoratrice pour la chambre du bébé dès qu’ils ont eu la confirmation de l’écho qu’elle attend une fille. Elle nous montre et explique avec effervescence les plans de la nursery tandis que Bruce nous fait son ancêtre.

— Les enfants dans le temps dormaient sur quoi? Ils n’ont pas grandi avec un cerveau et tous leurs membres comme ceux d’aujourd’hui?

— Pardon hein. Pourquoi toi-même tu ne dors pas sur ton lit d’enfance?

— Mais je travaille madame. J’ai les moyens de ma politique. L’enfant là fait quoi pour qu’on décore une chambre à 350000 pour lui? Tessa, parle à ton aînée hein.

— Tessa dis-lui bien que ma fille n’arrive pas sur terre pour subir, mais profiter du meilleur de la vie. Son papa n’est pas cadre chez l’NSAO pour rien et sa maman assure bien les arrières avec une activité florissante grâce à son restaurant, donc ne nous embrouille pas.

-350000, répète Bruce en secouant la tête et me fait rire.

C’est l’effet d’avoir son premier enfant, parfois on veut juste tout faire. En tout cas, les plans de la nursery sont magnifiques.

— Bon, il ne reste plus que neuf mois pour trouver un gentil mari hein ma Tessa.

— Hein? je fais prise de court. Comment ça tombe sur moi?

— Ça nous laisse le temps de préparer princesse Makie a tenir son rôle de bouquetière d’ici que notre futur beau te fasse sa demande. Généralement les hommes aiment appliquer une règle bizarre de deux ans, sauf quand ils sont vraiment amoureux comme l’était ton cousin, mais si on reste sur la norme, oui, je vois bien Makie être prête, surtout qu’elle sera encore un bébé à notre mariage, elle annonce avec une excitation qui me fait fondre de rire.

— Donc tu veux me pousser l’enfant dans le mariage parce que Makeda doit être bouquetière?

— Je t’ai dit de m’arrêter cet adjectif « d’enfant ». On parle d’une femme dans la fleur de l’âge. 28 ans…, tu les as déjà chérie?

Je secoue la tête.

— Bref, 27 ans même c’est un bon âge pour être stable dans un foyer. En tout cas, le pays est derrière toi. Ramène-nous un bon parti, la fête qu’on te fera traversera les frontières.

— Concentre-toi sur le travail, c’est le premier mari de la femme, les hommes de ton âge sont des bandits, Bruce casse son délire.

Ils m’ont tué de rire durant toute la soirée. Makeda ne va pas s’ennuyer avec ses parents.

Je terrasse l’entrevue avec la chanteuse de gospel le lendemain. Lio s’invite au magazine pour l’entendre de ma bouche, en tout cas c’est ce qu’il me dit entre plusieurs baisers.

— Tu as le temps de me distraire à 15 h le chef des gens? je demande les mains tenant les revers de sa veste grise qui lui donne une classe monstrueuse.

— Je me suis dit, pourquoi ne pas faire un petit saut ici avant d’aller à Air France. Je t’ai manqué? il chuchote avant de m’embrasser à nouveau.

— Arrête de me forcer à avouer que je deviens accro à toi, je réponds et le fais rire.

— Tu aurais par le plus pur des hasards ton passeport sur toi?

— Mon passeport? Non. Enfin…, pourquoi?

— J’espérais profiter de mon saut à Air France pour réserver directement nos deux billets, mais je pense que mon contact pourra me faire les deux avec mon numéro de passeport. Demain, apporte ton passeport s’il te plaît.

— Attends, pourquoi on parle de mon passeport? 

— Tu viens au Caire avec moi.

— Ah? Comme ça là? je fais complètement larguée et il sourit.

— Bon ça dépendra de ton planning. L’idéal serait que tu négocies ton mercredi, jeudi et vendredi pour qu’on parte ensemble. Pendant que je serais occupée avec les conférences, tu pourras visiter la ville à ta guise et faire tes vidéos pour ta chaîne. Mais si ce n’est pas possible, tu prendras l’avion le vendredi donc ça te laisse trois jours incluant le lundi de Pâques pour qu’on fasse un peu le tour du coin et que tu filmes le nécessaire pour ta chaîne.

— Lio, enfin je…, tu es sérieux? je l’interroge hébétée.

— Selon Hadassah, l’irrégularité est néfaste pour l’algorithme d’une chaîne YouTube et avant que tu sautes pour te cacher de honte sous la table, non, je ne lui ai pas révélé ton immense secret, il ironise. Je l’ai simplement interrogé comme c’est une ado qui passe un peu trop de temps sur internet à mon goût. Il se fait qu’elle en connaît un rayon comme elle a un tas d’artistes indépendants qu’elle suit sur la plateforme, donc elle a passé la connaissance à son vieux. Avec ton emploi, tu n’as presque pas bougé depuis un mois, donc autant en profiter pour fournir à ton public ce qu’il attend.

J’agrippe à nouveau les revers de sa veste pour l’attirer à moi et lui dévore voracement la bouche tandis que ses mains palpent mon postérieur. Cet homme va me rendre folle Seigneur. J’ai le « prends-moi » au bout des lèvres, mais je me retiens comme ce n’est pas mon entreprise ici.

— On a aussi besoin d’intimité, je pourrais enfin te rendre accro, il me confesse sur un ton rempli de promesses qui me donne déjà envie d’être au Caire.

— C’est moi qui vais te rendre accro, je lui retourne pleine de confiance et il rigole doucement.

— D’accord, j’attends de voir. Alors, ce passeport?

— Une seconde, j’ai toujours une copie de mes documents officiels en mail, je réplique enjouée et fonce sur ma machine.

Quelques minutes plus tard, il me laisse avec une copie en main et la confirmation que je lui ferais signe selon ce que Sia autorisera. J’ai dédié mon aprèm à soumettre ma demande de visa en ligne, priant qu’il soit prêt en 72h comme ils le stipulent. Comme il nous reste huit jours d’ici la semaine pascale, je pensais m’y prendre assez tôt pour que Sia me laisse prendre la semaine off à partir de mercredi, mais apparemment on a trop à faire ici. Elle m’a quand même laissé le vendredi et monsieur s’est arrangé pour que j’ai un vol arrivant à l’heure où finit la conférence internationale en santé publique qui l’emmène au Caire. De mon côté, j’ai effectué mes recherches sur l’Égypte et quatre jours plus tard, j’avais un itinéraire excitant ainsi que mon visa dans mon passeport. C’est ce même soir là que j’ai vaguement parlé du voyage à Bruce et Jen. Pour eux, j’ai trouvé une aubaine sur un billet et je vais découvrir l’environnement touristique du pays parce qu’ils savent que j’aimerais un jour animer une émission de voyages. J’ai remis à Bruce comme il l’a demandé le contact du guide qui s’occupera de ma visite au Caire. C’est la veille que je fais ma valise. Elle est remplie de vêtements en lins ou cotons assez couverts pour les sorties en journée, mais j’ai ma section coquine pour ce qui se passera avec le chef des gens en soirée. Il ne sait vraiment pas ce que je lui réserve.

Jeudi après le travail, j’embarque pour un vol de treize heures incluant l’escale qui m’emmène au Caire. Lio me récupère sur place et heureusement avec une veste en jean parce que je ne m’attendais pas à l’air frisquet qui régnait dans la ville.

— Pourtant, sur le net ils ont dit qu’avril est la meilleure saison pour visiter ce pays non? je me plains dans les bras de Lio pendant que notre taxi nous conduit à l’hôtel.

— En journée oui, mais c’est le désert. Les températures peuvent chuter jusqu’à 14 degrés comme aujourd’hui.

— Tchiaaa, on croirait les hivers sud-africains, je me plains encore pourtant il y a une différence, parce que cette fois, je suis bien enveloppée par des bras forts et réconfortants.

— Courage, on n’est plus loin de l’hôtel, il me rassure et m’enveloppe davantage.

— Et cette dernière journée de conférence?

— Remplie de discussions intéressantes et nouvelles découvertes.

— Super. Quand allez-vous intégrer la technologie à l’hôpital alors?

— Je ne saurai te dire exactement puisque plusieurs variables sont à considérer. Le personnel n’est pas formé pour, la population aura du mal à s’adapter et ne parlons pas des assurances privées.

— Mais pourquoi ils t’ont inscrit à ce programme de trois jours si vous n’êtes pas prêts à l’hôpital?

— Parce qu’on n’intègre pas de nouvelles méthodes d’organisation en une semaine ou même un mois. On commence par un projet pilote qui lui-même est étudié sur plusieurs mois. On l’essaie sur un département, l’ajuste et l’étend petit à petit pour ne pas semer la pagaille dans l’organisation.

— Wow, c’est donc si long que ça?

— Oui et j’aurais d’autres ateliers ou conférences à suivre d’ici qu’on monte le projet pilote.

— Dire qu’avant toi, je pensais que les hôpitaux étaient contrôlés par des médecins, je dis amusée.

— Et avant toi, j’ignorais qu’en Afrique, des gens se faisaient offrir des voyages par des compagnies aériennes ou des offices du tourisme juste pour une pub.

Je souris fière de moi. C’est un homme assez cultivé dans divers domaines, donc ça me fait plaisir de lui avoir fait découvrir quelque chose. Le taxi nous laisse au Ramses Hilton où il séjourne. Le lobby me séduit directement. Les piliers sont massifs, les accents dorés bien placés, le haut plafond en verre permet d’entrevoir le ciel, la fontaine attire et le live piano ajoute une ambiance paisible.

— C’est le genre de Hadassah ça non?  

— C’est clair que oui. J’ai sciemment omis de ne pas lui envoyer des photos du piano, pour la fois où je reviendrai avec elle.

— Oh elle va adorer, je dis enjouée pendant qu’on approche de la porte.

Mon cœur bat la chamade. Il me sautera dessus dès qu’il l’ouvre ou il me laissera prendre une douche le temps de s’apprêter pour notre nuit, c’est ce dont je me persuadais jusqu’à ce qu’il l’ouvre et je me retrouve devant deux lits séparés.

Interloquée, je m’arrête.

— Je dors mal, donc j’ai décidé de te laisser ton espace pour que tu ne me détestes pas, il me sort sur un ton plaisantin qui ne me fait absolument pas rire.

— Tu dors mal, je répète sur un ton défiant.

— Je t’assure, c’est un calvaire.

Je suis toujours déconcertée et lui agit naturellement. Il referme la porte, dépose ma valise et me recommande de faire attention avec le robinet dans la douche parce que l’eau se réchauffe rapidement. Je suis dans quel film là? La promesse de me rendre accro s’accomplira comment s’il est sur son lit et moi le mien? Bon, ce n’est pas le moment de laisser mon esprit divaguer dans tous les sens. Rien ne dit qu’il ne se faufilera pas dans mon lit avant de rejoindre le sien. D’ailleurs, qu’il ne compte pas sur moi pour lui faciliter la tâche, telle est ma résolution, sauf qu’à la dernière minute, je trouve gauche de me déshabiller devant lui alors que je m’étais déjà fait un film sur la première fois qu’il me verrait totalement nue.

— Je vais prendre une douche, je lui annonce alors après avoir sorti ma trousse ainsi qu’une serviette de ma valise.

— D’accord, je t’attends.

Déçue, je vais me laver. Au moins, l’eau chaude me réchauffe le corps et je reviens avec ma serviette pour unique vêtement et trouve le chef des gens qui devait m’attendre déjà couché. C’est quoi cette mascarade? Qu’est-ce qui se passe? Devrais-je entrer dans son lit? Telles sont les questions que je me pose sans trouver de réponses, donc je finis par enfiler une robe de chambre et me couche.

Le guide arrive assez tôt demain matin, donc on n’a pas vraiment le temps de discuter. La découverte commence par le palais Manial de Mohamed Ali où l’on n’avait pas le droit de filmer normalement, mais j’ai fait ma rebelle pour quelques minutes parce que la visite en valait le coup. Du sol, des murs jusqu’aux plafonds, des portes à la vaisselle et les miroirs, tout est recouvert d’or et d’argent sans parler de l’architecture majestueuse, il aimait le meilleur dans ce monde Mohamed Ali Tewfik. La visite prend fin à midi. Lio dit avoir mangé dans un resto local qu’il arrive à décrire à notre guide et la chance c’est qu’il n’est pas loin du Souq de Kan El-khalili, donc on se dirige là après avoir mangé. C’est le marché le plus célèbre ici. Maroquinerie, épices, bijoux, assiettes, tissus, et souvenirs en général, il y avait de tout. Comme d’hab au marché, on ne voit pas le temps passer à force de négocier et d’explorer donc dans la blague, on sortait de là vers 18 h. La galère de se trouver un taxi et la difficulté avec les Uber ont fait qu’on arrivait à l’hôtel après 21 h.

Épuisés, on s’endort assez tôt parce qu’à 4 : 15 du matin on prend l’avion pour Louxor où nous attend un autre guide pour la suite de nos aventures. Nous commençons par le temple Karnak dont les vestiges sont plus impressionnants que les photos du net. On se croirait réellement dans une ancienne cité préservée par le temps.

— J’aurais dû emmener Hadassah avec moi au lieu de la laisser avec Arthur pour les vacances de Pâques, il commente fasciné devant les piliers et statues recouverts d’hiéroglyphes.

— C’est une place importante de l’histoire du monde, j’approuve.

 On a beaucoup marché, mais chaque minute était gratifiante. Le second site, la vallée des rois, nous offrent les tombes des anciens pharaons d’Égypte creusées dans des montagnes et le plus surprenant, c’est que selon le guide, ils continuent à découvrir des tombes. On a fait que les célèbres comme celle de Ramsès IX parce qu’il nous restait aussi le temple de Medinet Habou.  

— Une journée n’est pas définitivement pas suffisante hein, je dis subjuguée par les hauts murs recouverts d’histoire du temple.

— Une semaine même me semble peu, confirme Lio.

Le guide nous explique que parfois certains à l’époque inscrivaient des potins sur les murs, en gros leurs équivalents des fils d’actualité de réseaux sociaux quoi, nos vrais ancêtres en réalité.

À 20 h, nous reprenons l’avion pour un trajet d’une heure jusqu’au Caire. Il ne nous reste plus que le dimanche à faire ici puisque lundi on reprend l’avion en matinée. Finalement, trois jours n’étaient pas suffisants, parce qu’on n’aura pas le temps d’aller à Gizeh, ou visiter les pyramides, mais ce qu’on a vu était tout aussi remarquable. Le dimanche matin, on retourne au marché parce que Lio veut acheter d’autres souvenirs. On ne retourne à l’hôtel que pour se changer en prévision de notre dernière soirée ici. Je n’ai pas ramené le sujet des lits séparés hier parce qu’on est rentré épuisé du voyage à Louxor, mais c’est notre dernière soirée ici. Dessous coquins, une robe noire asymétrique avec une manche, je me présente sous mon meilleur jour et il n’est pas en reste. Notre visite de la soirée c’est le Parc Al-Azhar, un immense jardin sorti des mille et une nuit selon moi. L’endroit abrite plusieurs restaurants, mais nous choisissons une place sur la terrasse de celui qui permet d’admirer le mieux la magnifique citadelle baignées de lumières scintillantes. Aussi, il fait moins frais ce soir, même s’il y a du vent.

— Cette ville me paraissait régulière avant ton arrivée, tu as élevé le niveau du séjour, il m’annonce en caressant mon pouls.

— C’est la moindre des choses pour ce merveilleux voyage que tu m’as offert. Merci bébé, j’ose le petit nom.

— Je t’en prie, il me séduit par son sourire donc je décide d’aborder le sujet.

— Dis-moi, tu as fait un vœu de chasteté?

— Quoi? il répond en reculant la tête comme si je venais de lui lancer une inattendue.

— Je ne comprends pas les lits séparés Lio et ne ramène pas le « je dors mal ». On a passé deux jours dans la même chambre et de ce que j’ai vu, tu dors comme un être humain régulier. Qu’est-ce qui se passe? Tu m’avais fait des promesses concernant ce voyage et une fois sur place, tu me tiens un peu à distance.

L’air coupable qu’il prend me confirme que je tiens une piste. Quelque chose le dérange.

— Je ne veux pas te toucher, pas comme ça, pas maintenant.

— OK, je fais un peu déroutée. Bon, je n’ai jamais essayé la chasteté mais…

— Ce n’est pas une question de chasteté. Il y a des choses sur moi que tu ignores. Je…, je n’ai pas envie de gâcher le voyage Mini. On rentre demain.

— Je veux savoir Lio. Si ça concerne notre couple, tu me dois la vérité, que ça soit aujourd’hui ou demain.

— Je ne peux pas avoir d’enfants, il m’annonce tout dru.

La nouvelle est si inattendue qu’elle tourne plusieurs fois dans mon esprit qui essaie de la déchiffrer.

— Je cherchais le meilleur moment pour t’en parler, il tente de m’expliquer mais je sens la douleur dans sa voix. Elle est aussi lourde que la boule dans ma gorge.

— Tu as des problèmes avec ton sperme? Je…enfin, ça se soigne ce genre de choses norm…

— Ce n’est pas mon sperme. Je….j’ai…il y a quelques années, j’ai choisi de subir une vasectomie pour éviter de concevoir avec mon ex-femme parce que nous étions tous deux malades.

Ma pochette a glissé de mes jambes. Je ne l’ai pas fait exprès, mais c’est le son qu’elle a fait en tombant qui m’a sorti de la léthargie dans laquelle sa nouvelle m’a plongée.

***Romelio Bemba***

Quelque part, je m’y attendais. J’anticipais une réaction similaire, d’où ma réticence à lui livrer toute ma vie, même si je reconnais que c’est une forme de lâcheté, toutefois, je ne pouvais décemment pas la toucher en dehors des baisers. La nuit fut lourde. Je ne savais quoi dire pour me défendre et elle ne posait pas de questions. Chacun est resté dans son coin, sur son lit et le lendemain, nous avons voyagé ensemble. On s’est parlé quelques fois pendant le vol, mais ce n’était que pour des broutilles. Tu vas bien? Tu veux de l’eau? Tu es confortable? Bref, des questions pour établir une conversation qui n’ont mené à rien parce qu’aucun de nous n’était prêt à aborder le sujet. J’ai décidé de lui laisser du temps, espérant qu’elle revienne lorsqu’elle se sentira prête à en savoir plus, ou juste discuter, mais je commence à désespérer. Nous sommes rentrés depuis quatre jours. Dans d’autres circonstances, je l’aurais poursuivi, j’aurais sorti le charme, les promesses, mais qu’est-ce que ça change au réel problème? Elle veut des enfants comme la majorité des femmes et je ne peux pas lui en donner comme les autres. Je n’ai rien à lui offrir qu’elle ne trouvera ailleurs. L’idée me mine le moral et touche mon amour propre au point que j’en déprime malgré mes efforts.

Ma fille qui l’a perçu a décrété une soirée karaoké avec d’autres invités. Arthur, mes parents, mon oncle et ma tante Ciara, il y avait assez de massacre pour me mettre de bonne humeur au point d’oublier l’espace d’une soirée mon quotidien. Heureusement, nos invités sont rentrés avant l’immense pluie qui martelait nos toits vers 22 h. Après avoir fait un tour dans la chambre de Hadassah pour m’assurer qu’elle dort, je suis descendu pour une session de pompes puisque je n’avais pas sommeil. En voulant décaler d’une heure mon alarme régulière, je remarque quatre appels manqués de Mini que je rappelle sans tarder. Elle ne décroche pas, du coup je commence à m’inquiéter. C’est une chose qu’elle m’appelle une fois, mais autant, et n’envoie pas de messages? C’est étrange. Il continue de pleuvoir, donc je vais chercher un parapluie ainsi que mes clés avec l’intention d’aller chez son cousin quand elle rappelle. J’entends la pluie et un tonnerre.

— Tu es à la maison? elle crie presque.

— Toi-même tu es où?

— À quelques pas de ton portail là.

— Mais tu es malade? je vocifère. Tu es sous la pluie?

— Bye!

Je sors sous la pluie et sa tête de je ne sais quoi s’approche vraiment de la maison. C’est d’un pas pressé que je la rejoins et la soulève.

— La ferme! je tonne quand elle veut l’ouvrir.

Mon gardien qui est dans sa petite pièce à l’abri du déluge me dévisage avec curiosité. Je comprends le pauvre homme. Il me voit sortir torse nu et revenir avec une femme que je soulève comme un sac de charbon.

— Barricade le portail, je lui crie et continue à l’intérieur avec mon colis.

— Je te donne une seconde pour m’expliquer ce que tu croyais foutre tout à l’heure! j’aboie dans sa face tel un chien enragé après l’avoir déposé.

— Pourquoi tu marchais avec ton parapluie en main toi? elle me demande d’une petite voix.

— On te parle de toi…quoi? je demande subitement, fixe main et me rend compte qu’elle tient un parapluie.

Ce qu’elle voulait me dire quand je l’ai soulevée, le regard confus du gardien, je commence à comprendre et me sens bête. Je n’ai pensé qu’à la trouver après cet appel.

— Hadassah m’a invité, mais je n’ai pas pu me libérer plus tôt, elle continue.

— Parce que c’est une excuse Thérèse?

— C’est Tessa le prénom.

— J’ai dit Thérèse! C’est une excuse? Ça ne t’a pas traversé l’esprit qu’un arbre est vite tombé par ce temps? Tu aurais fait quoi si une tôle ou un objet dangereux emporté par le vent t’avait blessé Thérèse? Qu’est-ce qui justifie le fait qu’une femme sensée se mette en danger? Je t’écoute et tu n’as pas intérêt à utiliser la soirée de Hadassah comme excuse.

— J’ai l’intégrale de « The People vs OJ Simpson », elle chuchote en soulevant son sac. Tu connais l’histoire d’OJ Simpson, le joueur de foot américain a…

Je la pousse en deux temps contre le mur le plus proche et l’embrasse. C’est ça ou je lui tords le cou. Qu’est-ce que j’en ai foutre d’OJ Simpson? Le baiser est punitif au début, mais il y a une passion refoulée qui prend le dessus. Elle soulève une jambe donc je m’abaisse pour la porter par les cuisses. Elle encercle automatique mon cou de ses bras et me câline la nuque, ce qui me pousse à écraser davantage son corps contre le mur au point que mon bas ventre frotte contre son entrejambe.  

— C’est ça que tu es venue chercher Mini? je demande et j’ondule sciemment avec force mon bassin pour qu’elle sente ma queue contre sa féminité.

— C’est toi…c’est toi que je suis venue chercher Lio, elle chuchote à bout de souffle. Si tu peux me permettre de parler, avant de réduire mon cerveau en bouillie s’il te plaît, c’est important.

Le tonnerre en moi baisse d’un cran. Je continue de la porter, mais je l’emmène sur le sofa. Elle n’a pas l’air pressée d’aller ailleurs puisqu’elle s’ajuste pour être confortable sur moi une fois que nous sommes assis.

— Alors je suis désolée. Ça m’a pris du temps pour déchiffrer et même accepter ce que tu m’as dit au Caire.

— Tu n’as pas besoin d’être désolée…

— Attends que je finisse. Je suis désolée parce qu’au troisième jour, je me suis sentie vache en imaginant ce que tu devais ressentir toi. Enfin…je serais dévastée si on m’annonçait que je ne pouvais pas concevoir, donc j’imagine un peu le coup que mon silence t’a porté. Je suis désolée de ne pas avoir pensé à ta position plus tôt. Tu me pardonnes?

— Je t’ai dit que tu n’as pas à être désolé. Ta déception était normale, tu ne t’y attendais pas.

— Mais n’empêche que ça t’a fait du mal, avoue-le. Ne le nie pas et ne balaie pas mes excuses du revers de la main par un « Je suis capable de supporter » alors que ce n’est pas le cas. Tu as le droit d’être déçu tout comme tu anticipais que je le sois.

— Oui, j’ai eu mal, je finis par confesser, mais je tiens à préciser que je ne t’en veux pas.

— D’accord bébé, elle fait tressauter mon cœur par ce petit surnom, mais je me calme. Des excuses n’effacent pas le problème. Alors, je veux mieux comprendre cette histoire parce que j’ai effectué des recherches et la vasectomie se renverse normalement ou je me trompe?

— Tu ne te trompes pas, je lui réponds la gorge serrée. Je l’ai tenté il y a un peu plus de deux ans, mais l’intervention n’a pas rétabli la situation, parce que ma vasectomie date.

— Oh…, alors c’est vraiment mort de partout? elle demande sur un ton si défaitiste que j’ai envie de décrocher le ciel, remuer la terre, bref trouver une solution à ce problème que j’ai causé.

— Je t’explique. Je ne peux pas concevoir naturellement. Il reste la FIV….

— Mais c’est une solution Lio!

— Ne t’emballe pas Mini. La FIV avec mes spermatozoïdes certes parce que j’en produis toujours donc il faudra qu’on les prélève par ponction testiculaire puis procéder à l’insémination après avoir collecté tes ovules et rien ne garantit qu’à la fin, l’opération sera une réussite. C’est très fréquent de passer de FIV à FIV avant d’avoir un succès, sans compter le traitement hormonal qui est dur pour les femmes.

— Mais pourquoi je subirais un traitement hormonal quand je suis en bonne santé?

— Parce que c’est la procédure. Même si tu es en pleine forme, on te fera quand même suivre un traitement hormonal pour stimuler la production de plusieurs ovules. C’est un moyen de mettre le plus de chance de son côté.

 — Bon…beh, c’est la vie alors, je vais faire avec.

— Non, on ne prend pas ce genre de décision « parce que c’est la vie ». Tu es jeune, tu as des rêves plein la tête et c’est ton droit d’avoir tous les enfants que tu veux de façon naturelle. Tu n’étais même pas présente quand j’ai décidé de m’imposer cette vasectomie, alors c’est non.

— Pourquoi tu as le droit de choisir une vasectomie pour protéger ton couple précédent de la maladie et je ne peux pas choisir la FIV pour être avec toi? elle réplique du tac au tac.

— Tu m’arrêtes ça! Tu ne sais pas ce que tu dis!

— Et toi aussi alors arrête de monter le ton parce que je sais le faire aussi! C’est même quoi? elle se fâche d’un coup. J’essaie de trouver des solutions moi et tu es là fermé comme une huître. C’est quoi ton objectif? Je n’ai pas le droit de choisir l’homme derrière le masque de gentillesse?

— Quoi? je fais le cœur battant.

— J’ai bien percé ton jeu Romelio Tchaa! elle me sort le prénom au complet pour la première fois. S’il faut m’offrir du sushi, me guider dans mes démarches, te soucier pour mes affaires, m’emmener en voyage, m’embrasser à perdre la raison, tout ça tu es prêt. Tu es prêt à me vendre l’homme parfait et quand j’en veux plus, subitement, tu te trouves des restrictions?

— Quand ai-je prétendu la perfection? je demande choqué.

— Quand tu as décidé que je n’avais droit qu’à ton image gentille et pas ton toi qui as posé des actes qu’il regrette aujourd’hui. Ce que tu m’as montré de toi m’a conquis Lio. Tout ce que j’ai vu me plaît. J’admets ne rien connaître à la FIV, mais si c’est ce qu’il faut pour être avec toi, alors je suis prête à essayer parce que tu m’as déjà mise dans ton camp.

Je l’observe. Ses mots résonnent encore dans mes oreilles. Elle m’a retourné le cerveau.

— Tu ne dis rien? elle me relance sur un ton doux.

— Je ne veux pas que dix ans plus tard, tu regrettes tes mots de ce soir.

— Alors la balle est dans ton camp Lio. Continue à être le toi qui m’a attiré et gardé à tes côtés jusqu’à présent, laisse-moi être le moi qui t’a sauvagement retourné l’esprit comme tu l’as une fois dit et le reste, laissons entre les mains de Dieu? Ce n’est pas ce que tu dirais? La vie ne nous appartient pas, mais dans mon esprit d’humain, je me vois être avec toi pour la vie.

Je n’en peux plus. Je la soulève à nouveau et monte en chambre. Dès que je ferme la porte, j’enlève ses vêtements mouillés. C’est incroyable d’avoir un teint aussi unifié et d’une couleur si riche. Ses seins moyens tiennent parfaitement dans mes mains. Elle bouge la tête pour permettre à ma bouche d’explorer son cou. Je joue avec ses tétons qui durcissent entre mes doigts, mais il m’en faut plus alors je la goutte. L’un après l’autre, je gobe ses seins et répète tout en la poussant doucement vers le lit où elle tombe gracieusement sur mes draps blancs contrairement à la pluie qui s’intensifie dehors.

Je découvre son corps sous toutes ses coutures avec ma langue et mes lèvres. Ses poils sont doux, sa peau est fraîche, ses gémissements sont une musique à mes oreilles. J’ôte son tanga de couleur moutarde et le jette dans un coin où elle ne le verra plus. Celui là je vais le garder.

— Tu as un préservatif?

— Je ne fais pas te faire l’amour…., pas avec ma queue du moins, pas aujourd’hui. J’ai quelque chose en tête pour ça le jour là.

— Qu’est-ce que tu veux me faire aujourd’hui alors?

— Honorer ton corps et le faire vibrer.

— Je veux aussi te faire vibrer Lio, elle chuchote d’une voix sensuelle tandis qu’une de ses mains évolue vers le bas de mon dos.

Je sors un préservatif de mon tiroir que j’enroule sur ma queue qu’elle dévisage avec avidité, et j’avance lentement vers elle.

— Je sais que ce n’est pas agréable et je suis à peu près certain d’être clean, mais ne prenons pas de risque.

Elle ouvre sa bouche et avale mon gland avant de hocher la tête.

— Putain, je lâche sous le coup de pression que me fout son regard innocent contrastant avec les mouvements précis de sa langue sur mon gland.

Je soutiens sa nuque avec une main et l’autre lui tient un sein. Elle me lèche avec difficulté à cause du préservatif, mais c’est assez pour décupler mon envie de faire son corps mien. C’est ce que je veux, avoir son corps contre moi, donc je lui retire ma queue et me couche à ses côtés. Elle tient mon membre qu’elle branle tandis que je la caresse. Je la tourne et retourne pour embrasser tout son corps. Je mords ses fesses, secoue ses cuisses, je profite de tout ce qu’elle m’offre et finit par la doigter en suçant ses tétons. Elle tremble comme j’en rêvais, oublie même ma queue et pleure de plaisir.

— Doux Jésus, Liooo, je ne vais pas tenir, elle me prévient donc j’active mes doigts en elle au point que son corps commence à bouger comme si c’était ma queue qui la faisait remuer.

Elle bouge avec frénésie, respire avec force, soulève son bassin du lit à la rencontre de mes deux doigts logés bien au fond et secouant si fort l’intérieur de sa chatte que le bruit est aussi fort que ses râles de plaisir. Subitement, elle m’attrape fortement la queue et inonde mes doigts du liquide attestant qu’elle a atteint l’extase. L’impact de son emprise sur ma queue m’a poussé dans mes derniers retranchements aussi donc en deux coups de main, je jouis sans retenue, puis retombe à côté d’elle. Elle se soulève, couche son corps sur le mien et dépose sa tête dans le creux de mon cou quand je passe les bras dans son dos puis l’embrasse sur le front. On n’a pas besoin de parler, nos souffles communiquent pour nous. On dort sans demander notre reste à quelqu’un.

Le lendemain, je me réveille seul. Un peu dérouté, ça me prend une seconde pour replacer les choses dans la chambre. Sa culotte en jean est pliée et posée sur le banc de rangement beige dans ma chambre, donc je respire. Au moins, elle n’a pas détalé et j’espère pour sa gueule que c’est le cas. On ne vient pas redonner l’espoir à l’homme comme elle l’a fait hier pour partir. Je fais ce qu’il faut en douche et dès que je sors de chambre, j’entends sa voix ainsi que les rires de Hadassah. Je descends à pas feutrés et depuis ma cachette je les observe. Elle porte un de mes pantalons en satin, mais en haut elle a toujours son haut dos nu blanc qui cache les adorables seins qui m’ont fait perdre la tête. Les images de notre nuit provoquent ma queue sans tarder. Je ne comprends même pas ce qu’elle et Hadassah se disent. Les noms qu’elles évoquent ne me disent rien, mais je finis par conclure que ça doit toucher à un événement de la pop culture.

— Bon, j’ai fini, annonce Tessa après avoir déposé un plateau de cupcakes sorti fraichement du four vu l’odeur appétissante de pâtisserie sucrée. Tu pourras dire à ton père que je suis désolée d’avoir loupé la soirée hier mais que je suis passée ce matin rapidement pour m’excuser?

— C’est ça! Genre tu penses que je ne t’ai pas vu sortir de sa chambre ce matin ou quoi? lui répond Hadassah qui se sert.

La face embarrassée et le bégaiement de ma chérie me font rire au point que les deux me découvrent. Il n’y a que Mini pour trouver une excuse aussi bidon. Hadassah est assez mature pour comprendre qu’il ne faut pas enfoncer Mini actuellement, mais quand c’est moi, elle refuse que je lui dépose un bisou sur la joue sous prétexte que je viens de rouler une pelle à Mini avec cette bouche. L’enfant là me veut même quoi? Mini refuse de passer la matinée avec nous malgré mon insistance.

— J’ai fait le mur, je ne veux pas de problème avec mon cousin.

— Ce n’est pas toi qui disais hier que je t’ai conquis sur tous les plans? Je dois te supplier pour que tu m’assumes devant ton cousin?

— C’est quoi ce ton de palabre? elle rigole.

— C’est le ton qui te dit que tu es à moi petite. Assume-moi.

— Bientôt Lio, je veux juste vivre notre histoire à ma guise sans répondre aux nombreuses questions.

— Bientôt alors, j’acquiesce en l’attirant pour un énième câlin avant qu’elle ne prenne la fuite.

Je ne peux la raccompagner à cause de la journée chargée qui m’attend, mais j’ai envoyé mon gardien louer un taxi qui viendra la chercher, parce que lui remettre l’argent est inutile. Cette fille est capable d’accepter et se taper la marche jusqu’à sa piaule, j’ignore si elle se prend pour une ancêtre de moïse. Après son départ, Hadassah me montre une photo de nous qu’elle a pris à la dérobée. Mon air satisfait ferait croire que j’ai mangé le meilleur repas au monde, pourtant c’est une femme que je regarde et elle sur la photo tape ma main qui allait reprendre un autre cupcake après le cinquième que j’ai avalé en une minute.

— Tu l’as trouvé on dirait? commente Hadassah à cause de qui on m’a frappé comme quoi, je mange plus vite les cupcakes que celle pour qui on les a fait.

— On dirait oui, je réplique le cœur soulagé et j’entoure son épaule de mon bras pour enfouir ma tête dans sa chevelure bouclée. Si elle savait combien son père se sent bien là. Elle ne peut pas comprendre.  

***Bruce Attipoe***

— Tu dis que tu es rentrée d’où déjà? je demande à Tessa qui s’active ici avec les sachets de bouillie qu’elle verse dans une tasse pour Jen.

— Mais elle t’a dit qu’elle s’est levée tôt pour faire du sport et nous a acheté le petit déjeuner non?

— C’est à toi qu’on a posé la question? je réponds à Jen.

— Hum, Dieu connaît la quantité de plaintes que tu aurais formulé si je t’avais répondu ainsi. En tout cas, on sait qui est la femme enceinte nerveuse dans le couple désormais.

Tessa rigole et propose de me servir la bouillie, mais je décline.

— Tu ne vois pas que cette sortie est étrange? je demande à Jen une fois seuls.

— Où veux-tu en venir?

— Si elle est rentrée vers 8 h, c’est qu’elle est sortie vers 6 h. Pourquoi on n’a pas entendu sa porte grincer?

— Toi qui ronfles comme un vieux train là tu peux entendre une porte grincer?

— Pfff!

— Qu’est-ce qui te dérange ce matin au fait?

— Tessa est là pour le travail Jen. C’est là où je veux en venir. D’abord elle va au Caire on ne sait comment. Ce n’est certainement pas ses 120000 francs de salaire qui l’y ont conduit. Je n’achète pas cette histoire d’aubaine en ligne. Aujourd’hui elle rentre tard. Les femmes qui vivent ainsi à ma connaissance sont des maîtresses.

Au lieu de me prendre au sérieux, elle se met à rire.

— Quelle imagination dis donc. Et si elle est maîtresse, où est le problème?

— Tu trouves ta question sensée? Makeda devrait finir maîtresse?

— Enlève mon enfant de tes malédictions.

— Donc c’est Tessa qui peut être maudite hein?

— Je ne suis pas la mère de Tessa. Si une adulte de son âge n’a aucune ambition sinon d’être maîtresse, en quoi c’est mon problème? Je m’occupe de ma fille.

— Eh bien, c’est mon problème! Elle est ma cousine.

Oui c’est mon problème et je vais trouver la solution. 

D’amour, D’amitié