CHAPITRE 17: TOUT ÇA POUR ÇA ?

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 17 : TOUT ÇA POUR ÇA.

**LOYD MBAZOGHO **

Lucrèce : J’ai reçu le coup de fil de l’ANMAPS (l’Agence Nationale du Médicament et les Autres Produits de Santé) hier en après-midi et ils ont dit que le contrôle des produits est terminé. Lundi on pourra aller récupérer le conteneur pour acheminer les produits sur Lambaréné avec toutes les autorisations.

Moi : D’accord. Il faudra que je sois présent ou tu vas gérer toi-même ?

Lucrèce : Je commence le boulot cette semaine alors je n’aurai pas le temps. C’est pourquoi je t’en parle. Nous irons tous les deux et je te laisserai sur place gérer pour me rendre au boulot.

Moi : Je vois. Je pensais que tu allais commencer en même temps que les enfants la semaine sur prochaine.

Lucrèce : En principe c’était ça le plan mais il y a une urgence alors c’est finalement ce début de semaine que je vais le faire. 

Moi : Je vois. Et en ce qui concerne les enfants, tu les récupéras demain ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Ça va se passer comment ?

Lucrèce : Tu viendras les déposer comme d’habitude.

J’arque un sourcil en la regardant.

Lucrèce : Quoi ?

Moi : Dois-je te rappeler où tu vis actuellement ?

Lucrèce : Je suis au Fromager.

Moi : Justement. J’ai interdiction de m’approcher de cette maison je te signale (Regardant Estimé et Désirée qui sont avec nous) tout comme je n’ai pas le droit de m’approcher d’eux. Je ne veux pas de problèmes inutiles.

Lucrèce : Leur présence ici ne te causera aucun problème. Je ne les ai pas emmenés en secret. Et en ce qui concerne les enfants, tu viendras simplement les déposer, ce n’est pas comme si tu auras accès à la maison. Tu peux tout aussi bien t’arrêter à la route et me faire signe afin que je vienne les prendre.

Moi : En tout cas.

Personne n’a parlé pendant quelques minutes et nous nous sommes contentés de manger en silence. Nous sommes dans un restaurant avec nos enfants qui sont présentement sous ma garde et les 2 derniers de ya Leslie avec qui elle est venue. On devait se voir pour parler des affaires et comme depuis ce qui s’est passé à Lambaréné à son dernier passage, nous ne nous retrouvons plus dans un cadre privé tous les deux, c’est au restaurant que l’on se rencontre pour parler affaire. Pour les enfants, on les dépose et les récupère devant nos maisons respectives pour éviter tout désagrément.

Lucrèce : Tu comptes descendre à Lambaréné quand ?

Moi : J’allais le faire la semaine prochaine mais comme tu sais le week-end prochain il y a le séminaire des hommes et je vais y participer. Ce sera donc au sortir de là que je partirai.

Lucrèce : Ok. Donc le conteneur ira avec qui ?

Moi : Je chargerai quelqu’un pour le faire, tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. 

Lucrèce : Ok.

Le silence se réinstalle et il est brisé avec Estimé qui me fixe depuis un moment.

Estimé : Tonton Loyd pourquoi tu ne viens plus nous voir à la maison comme avant ?

Moi : Je n’ai plus le droit d’y venir.

Estimé : Mais pourquoi ?

Je regard Lucrèce qui en fait de même avec moi.

Désirée : Parce qu’il a fait les enfants avec ya Lucrèce Timé (Estimé)

Estimé : Mais le problème est où ?

Désirée : (Soulevant les épaules) Je ne sais pas. Mais ya Grâce a dit que c’est mal. Il ne devait pas faire ça.

Estimé : C’est nul. Moi j’aimais quand il venait à la maison et puis on partait le voir chez lui.

Lucrèce : (Lui caressant la tête) Je sais mon grand mais c’est compliqué.

Estimé : Ok.

Plus personne à part nos enfants n’a parlé jusqu’à la fin et j’ai réglé la note avant que nous nous levions.

Lucrèce : Pardon, accordez-moi quelques minutes, je me soulage rapidement.

Moi : Ok.

Désirée : Je viens aussi avec toi ya Lucrèce.

Elles sont parties et nous nous sommes rassis pour les attendre. Pendant que je le faisais, j’ai écouté quelqu’un prononcer mon nom et en tournant ma tête pour voir, je suis tombé sur Barthélémy, Andres et Travis, des anciens collègues. Je ne les avais plus revus depuis ma démission de la société 3 ans en arrière. Il faut dire qu’à l’époque ils s’étaient tous rangés du côté d’Arsène et ne me parlaient pratiquement plus sans compter le fait qu’Andres disait avoir des vues pour Lucrèce et que je l’avais découragé.

Barthélémy : (Se rapprochant) Bonjour.

Moi : Bonjour.

Les deux autres : (En retrait) Bonjour.

Moi : Bonjour.

Barthélémy : Ça fait des lustres que l’on ne t’a pas vu. Je pensais que tu avais quitté le Gabon.

Moi : Je suis là.

Barthélémy : Et sinon comment tu vas ? Ce sont tes enfants ?

Moi : Je vais bien. Et oui, ce sont les miens. Enfin les deux-là, le plus grand est mon neveu. Le fils d’Arsène.

Barthélémy : Ah oui. C’est vrai que je l’ai déjà vu et si je ne me trompe pas il est jumeau à une fille.

Moi : C’est exact.

Barthélémy : Les tiens aussi sont jumeaux ?

Moi : Oui.

Barthélémy : Dis donc, c’est de famille ou bien comment ?

J’ai souri sans lui répondre et Lucrèce est venue nous trouver.

Lucrèce : C’est bon. (Remarquant Barthélémy) Bonjour monsieur Barthélémy.

Barthélémy : (Assez surpris) Bonjour Lucrèce. (Me regardant intensément un sourire en coin) C’est toujours d’actualité ?

Moi : (Me levant) C’est une longue histoire. Je serais bien resté discuter mais il faut que j’y aille. À une prochaine fois peut-être.

Barthélémy : Ok.

J’ai soulevé mes enfants et je suis passé devant eux sans plus rien ajouter. Lucrèce m’a suivi avec les deux autres et nous nous sommes dirigés vers nos voitures. J’ai bien installé les enfants dans mon véhicule et après les aux revoir avec leur mère et leurs cousins, nous sommes partis pour chez Marwane que nous avons trouvé à sa terrasse avec un groupe de jeunes drogués qu’il suit depuis un moment, ils sont une vingtaine de prostituées, homos et autres. Il les exhorte à lâcher définitivement ce mode de vie et les encourage autant qu’il peut en les voyant une à deux fois par semaine selon sa disponibilité. Nous les saluons car on se connaît maintenant et je rentre dans la maison avec les enfants pour l’attendre. Il nous rejoint une heure plus tard et vient soulever les enfants qui aiment énormément jouer avec lui. Ça crie pendant quelques minutes dans tous les sens avant qu’il ne vienne s’asseoir en face de moi visiblement épuisé.

Marwane : On fait une pause mes champions, papa Marwane respire d’abord.

Leslie : Après on continue encore non ?

Marwane : Oui ma princesse. En attendant, allez d’abord prendre vos puzzles, dès que vous finissez, on reprend.

Eux : D’accord.

Ils ont couru aller prendre ça et se sont assis sur le tapis pour construire l’image.

Moi : (Amusé) Tu n’as pas dit que tu es infatigable ?

Marwane : C’est le cas mais hier j’ai passé la nuit à l’hôpital avec Claudia (une des filles du groupe) un de ses clients l’a sérieusement violentée avec des amis à lui.

Moi : Ils l’ont battue ?

Marwane : Oui. Violée et battue sauvagement.

Moi : Elle va porter plainte ?

Marwane : (Soupirant) Je l’ignore. On espère avant tout qu’elle sorte de là car elle est en soins intensifs. Si c’est le cas, je la persuaderai de le faire.

Moi : D’accord. Mais je pensais que Claudia avait déjà arrêté cette vie. (Il soupire) Que s’est-il passé ?

Marwane : Les filles m’ont fait comprendre que sa mère lui a mis la pression ces derniers temps afin qu’elle rapporte de l’argent à la maison comme autrefois et elle a fini par céder.

Moi : Cette femme mérite d’être enfermée. Je ne comprends pas comment une femme normalement constituée puisse pousser son enfant dans la prostitution sans aucune gêne. 

Marwane : Figure-toi qu’elle voulait envoyer sa deuxième fille de 15 ans dans la rue pour le faire et c’est à cause de cela que Claudia est retournée.

Moi : Incroyable.

Marwane : Je t’assure. J’étais moi-même dépassé. Voilà le genre de personne à qui on donne jusqu’à 4 enfants que sa fille de 20 ans doit s’occuper parce qu’elle a eu la malchance de naître d’une femme comme celle-ci. Tout ça aussi à cause de l’irresponsabilité de certains hommes incapables de tenir leurs choses dans leurs caleçons pour faire des enfants dont ils ne peuvent pas assumer la paternité.

Le cas de cette jeune fille est vraiment complexe d’après ce que Marwane m’avait expliqué. Elle est l’aînée d’une fratrie de 4 enfants dont 3 filles. Elle n’a jamais connu son père car sa mère était la maîtresse d’un homme marié qui après idylle et grossesse, a fui en niant la grossesse. Pour ne pas changer, cette dernière a répété le cycle 4 fois pour les mêmes conséquences. N’ayant aucune source de revenue stable et attirant de moins en moins d’hommes pour lui donner quelques sous en échange de faveurs sexuelles, elle a envoyé sa petite fille de 13 ans à l’époque se faire coucher par le boutiquier du quartier afin d’avoir quelques vivres pour subvenir aux besoins de la famille. En moins de temps qu’il n’en faut, cette petite fille s’est retrouvée sur les trottoirs de Louis (quartier) à chercher des clients à 15 ans pour nourrir mère et frères. Ça fait un peu plus de 8 mois que Marwane lutte pour la sortir de là sérieusement mais c’est compliqué avec une mère comme la sienne qui se sert des plus petits pour pousser la plus grande à retourner dans la rue. Ça faisait quasiment 5 mois que la petite n’était plus allée sur le terrain et luttait également avec les injections de substances nocives pour sortir de là. Elle avait trouvé une bricole en tant que rayonniste dans un magasin de la place et voulait aller dans un centre de formation comme les autres du groupe cette année scolaire pour apprendre un métier mais voilà.

Marwane : Si elle sort de là, je vais lui proposer de venir rester avec moi car elle ne peut définitivement plus vivre avec cette femme.

Moi : Cela ne résoudra pas la situation de ses petits frères.

Marwane : C’est exact. Mais je me dis qu’ici, je pourrai avoir une influence directe sur elle et même sur eux par son canal afin de pouvoir leur parler à eux aussi.

Moi : Tu es conscient que tu risques de tous les avoir à charge n’est-ce pas ?

Marwane : Je sais. Mais au point où on en est, je ne sais pas ce que je peux faire d’autre.

Moi : J’espère que cela ne te portera pas préjudice.

Marwane : On va prier.

Moi : Ok. Et pour les autres ?

Marwane : Ça va, ils tiennent le coup. Certains vont commencer la semaine prochaine avec les formations en cours du soir et cela me rassure un peu comme ça cela va mieux occuper leurs soirées où ils m’ont confié être le plus souvent tentés de retourner dans la rue.

Moi : Ok. Les sous ont suffi ou ça n’a pas pu couvrir tous les frais ?

Marwane : Il reste quelques petites choses à acheter mais sinon ça va.

Moi : Fais-moi le détail par texte pour voir si je peux encore aider à mon niveau.

Marwane : D’accord et merci.

J’ai souri sans relever.

Marwane : Tu me disais que tu devais voir Lucrèce ?

Moi : Oui. On l’a fait tout à l’heure au restaurant. Le conteneur va passer. Je récupère les documents lundi.

Marwane : Ah. C’est une bonne nouvelle. Finalement l’affaire du manque d’habilitation là aussi pour la gestion de la pharmacie, vous avez géré ?

Moi : Oui. Lucrèce a géré ça.

Oui après l’ouverture de la Pharmacie, nous avons fait face à un problème, on nous a fait comprendre que notre dossier n’était pas conforme car nous n’étions pas détenteur d’un diplôme de Dr en Pharmacie, une des conditions de base pour ouvrir une structure. Nous n’avons pas compris pourquoi notre dossier avait d’abord été accepté au préalable mais on nous a fait comprendre que c’était nécessaire sinon on allait être obligé de fermer. Lucrèce a géré ça avec une de ses connaissances qui répondait aux critères et qui se trouvait être dans la localité. On a eu un accord avec ce dernier et l’affaire a pu être résolue.

Marwane : Tant mieux, un souci en moins. Si tu pouvais faire preuve d’autant de diligence dans ta vie privée que dans celle de tes affaires franchement tu serais au top. Mais hélas, on ne peut pas tout avoir.

Moi : (Silence)

Marwane : Tu t’es déjà imaginé le scénario dans lequel elle se lasserait de cette situation et finirait par aller avec quelqu’un d’autre ?

Moi : C’est sa vie et ce sera tout à son honneur. Je ne pourrai que me réjouir pour elle.

Marwane : (Se redressant et poussant son corps dans ma direction) Sincèrement Loyd, tu as fait tout ça, rompre tes fiançailles, fuir au Ghana, aller en Afrique du Sud, en Chine, t’établir à Lambaréné, construire tout ce que tu as fait avec elle jusqu’à avoir 2 enfants pour ajouter en haut, pour ça ?

Moi : (Silence)

Marwane : Tout le cinéma là c’était pour ça ? Au final il valait mieux te marier avec Janaï car le malheur que tu voulais fuir là-bas est là aujourd’hui. Là-bas au moins, tu t’entendais avec tout le monde. Aujourd’hui tu es malheureux et isolé. Tu ne vas pas te révolter pour récupérer même un seul côté ?

Moi : (Le regardant en silence)

Marwane : (Soupirant) Tu es vraiment désespérant.

Moi : J’accepte et mon cœur reste ouvert. (…)

UNE SEMAINE PLUS TARD

(Sonnerie de téléphone)

« Moi : (Décrochant) Allô ? »

 « Jérôme : Ma personne rassure moi, votre histoire-là c’est annulé non ? »

J’éclate de rire car depuis une semaine, il se démène pour chercher une échappatoire afin de ne pas venir au séminaire.

« Moi : Attends c’est Mezui qui te fait peur ? Si tu ne veux pas, ne viens pas. »

 « Jérôme : Après il va me maudire ? Barré. »

J’éclate à nouveau de rire. L’enfant là n’est pas sérieux,

« Moi : (Riant) Comment ça il va te maudire ? »

« Jérôme : Quelqu’un qui prie pour les malades et ils guérissent ? Djo, on ne blague pas avec le genre là. Quand j’étais allé en Belgique, les filles m’avaient emmené une fois à l’église et là-bas le pasteur avait parlé d’un prophète qui avait guéri un soldat ou c’était même qui là de la lèpre, après son serviteur avait pris l’argent en cachette et finalement le prophète lui a dit que c’est lui qui devait maintenant avoir la lèpre et il l’a eu. Si maintenant je ne viens pas et puis Marwane décide de m’envoyer le cancer de la prostate qu’il a enlevé chez le père de Maurice, je fais comment ?

J’éclate à nouveau de rire au point de couler des larmes.

« Jérôme : Mais ne ris pas, c’est sérieux. »

« Moi : (Riant) Mon cher vient seulement, c’est toujours d’actualité. 18h. Sinon Marwane va bien te maudire. »

Je dis cette phrase en éclatant de rire et lui-même ça le fait marrer. On parle encore puis on raccroche en se disant à ce soir. Je pose le téléphone et c’est avec un sourire qui ne me quitte pas que je termine d’apprêter mes affaires pour me rendre chez celui qui peut maudire les gens. Rien que d’y penser me fait à nouveau rire. J’arrive quelques minutes chez lui et je sonne, il vient m’ouvrir la porte.

Marwane : Ah, tu es déjà là ?

Moi : Oui. Je t’ai dit que je prendrai mon départ d’ici.

Marwane : C’est vrai. (Quittant devant la porte) Je suis en train de donner des consignes à Claudia et j’attends également Stephie qui viendra rester avec elle durant ce temps.

Moi : (Entrant) Ok. Sinon, elle se remet quand même ?

Marwane : Ouais. Tu peux venir la voir.

Je le suis jusqu’à la deuxième chambre et je vois la pauvre petite méconnaissable, le visage gonflé et déformé avec plein de bleus sur le corps. Elle a même un collier cervical autour du cou et un bras dans le plâtre. L’homme est vraiment méchant. Tu te paies les services d’une prostituée et tu la mets dans cet état ? C’est quelle façon d’être sans cœur ?

Moi : Bonjour ma puce.

Claudia : (Difficilement) Bonjour tonton Loyd.

Je ne poursuis pas la conversation au risque de la fatiguer. Je reste debout et j’écoute les conseils de Marwane à son endroit et 2h plus tard nous partons de là pour l’église après l’avoir laissée avec la deuxième fille….


 

L'AMOUR SUFFIT-IL? T...