
Chapitre 6 : La lettre !
Ecrit par Nobody
Je pose la lettre sur la table, mes doigts tremblent légèrement. Tout le monde est autour, dans une ambiance étrange. L’atmosphère s’est tendue d’un coup, comme si un voile invisible venait de recouvrir la pièce. Je n’arrive même pas à définir ce qui se passe exactement. La lettre du Congo, celle que je n'avais pas envie d’ouvrir tout de suite. Je n'ai pas encore eu le courage de la lire. Mais là, sous le regard insistant de mes frères, Khadim et Chafik, je sais que c’est le moment. Je souffle un grand coup et je l'ouvre enfin.
Les yeux rivés sur le papier, je déchiffre les premières lignes. Mon cœur bat plus vite, l’anxiété me prend à la gorge. Au fur et à mesure que je lis, je sens le regard de mes frères, puis de ma mère et de mon père qui, étrangement, évitent mes yeux. Ils se taisent. L’odeur du repas qui émane de la cuisine semble s'éloigner, comme si l’air était devenu trop dense.
Je continue de lire, mes pensées se bousculent dans ma tête. "Votre union est une nécessité", "mariage", "Ce pacte doit être honoré pour l'équilibre de vos familles respectives."
Quoi ? Mariage ? C’est un mauvais rêve. Un de ceux dont on se réveille en sueur, en espérant que ce n'était qu’une illusion. Mais non, la lettre est bien là, dans ma main, et les mots se gravent dans ma tête.
Je lève enfin les yeux, cherchant une réponse dans les regards autour de la table. Tous les yeux de ma famille sont braqués sur moi, sauf ceux de mes parents. Eux, ils se contentent d’échanger un regard furtif, comme s’ils savaient déjà, comme si c’était un secret partagé depuis trop longtemps.
Khadim, mon frère aîné, finit par briser le silence, d’un ton moqueur.
— Un mariage arrangé ?
Il rigole, mais c’est un rire sec, comme si l’idée même lui donnait des frissons.
— Sérieusement, Naïla ? On parle de toi, là ?
Je serre la lettre dans ma main, n’arrivant pas à y croire. Qu’est-ce que c’est que ce délire ? Et comment, surtout, mes parents peuvent-ils rester aussi calmes face à ça ?
Ma mère, Nora, regarde le sol, les mains jointes sur ses genoux. Mon père, Djamal, ne dit rien, mais je vois bien dans ses yeux qu'il ne va pas se précipiter pour tout expliquer. Il attend. Il attend que j'en sache un peu plus, mais rien dans sa posture ne laisse présager une réponse imminente.
Chafik, le plus jeune de mes frères, hausse les épaules, visiblement agacé.
— Donc, tu vas t’en aller épouser un inconnu au nom d’un ancien pacte ? C’est quoi, ça ? C’est un film ou une caméra cachée là non qu'on me dise ? dit-il en soufflant avec une exagération qui frôle le sarcasme.
Je n’ai même pas la force de répondre. La seule chose que je peux faire, c’est attraper un stylo et noter le numéro qui est inscrit sur la lettre. Une voix au fond de moi me dit que c’est la seule chose rationnelle à faire : appeler ce numéro plus tard, pour comprendre ce qui se cache derrière cette histoire absurde.
Je pose la lettre, encore sous le choc, et regarde de nouveau mes parents. C’est eux qui ont l’air les plus sereins, mais il y a quelque chose dans leur regard… quelque chose de plus ancien, de plus secret, que je ne comprends pas.
Un lourd silence s’installe à nouveau dans la pièce. Je me force à respirer, à ne pas éclater.
— Vous allez me dire ce que vous savez, ou on continue à jouer à la comédie ?
Mon ton est sec, presque froid. Je suis furieuse, mais la vérité, c’est que je ne sais même pas contre qui je suis en colère. Contre la lettre ? Contre mes parents ? Ou contre ce pacte qui semble vouloir m’asservir à un destin que je n’ai pas choisi ?
Les yeux de mes parents se croisent à nouveau, puis ma mère ouvre la bouche, mais il semble qu'elle choisit soigneusement ses mots.
— Ce n’est pas aussi simple que tu crois, Naïla.
Elle m’adresse un regard chargé de sens, mais tout en douceur. Il n'y a pas de panique chez elle, seulement une forme de tranquillité qui m’agace profondément.
— C’est pour ça qu’on a préféré attendre un peu, poursuit mon père d'une voix grave, sans me regarder.
— Le moment viendra où tu comprendras, mais pas maintenant.
Il se lève et quitte la pièce, d’un air presque détaché, me laissant avec mes questions et une furieuse envie de tout envoyer valser.
— Dites moi que vos parents sont en train de se foutre de moi là ? Je me retiens de dire des choses que je vais regretter mais pardon laissez moi chercher mon enfant avant que ... fhumm en tout cas
— Attends chérie me dit Chafik en me serrant la main
Je me calme et je me rassieds en arrangeant ma jupe. Le silence. Tout le monde semble se demander ce qui va suivre, mais personne ne veut vraiment répondre. Personne ne veut ouvrir la porte de ce secret. Moi, je veux juste savoir pourquoi, pourquoi je suis mêlée à ce qui semble être un pacte arrangé depuis des générations. Pourquoi moi ?
Et dans cette confusion totale, je me retrouve à regarder à nouveau la lettre, avec son numéro mystérieux. Je dois l’appeler. Ce numéro est la seule clé que j’ai pour démêler ce nœud étrange qui vient de se former autour de ma vie. Puisque mes propres parents qui pour une raison qui m'ai totalement inconnue semble être au courant de quelque chose qui ressemble plus à une mauvaise blague qu'autre chose.
Je prends mon téléphone et, avant que quelqu’un n’ait le temps de dire quelque chose, je compose le numéro. Je m'en foutais d'appeler directement le congo, je sais que la facture va être salée mais ce n'est pas grave. A l'autre bout du fil, personne ne répond. Je relance une deuxième fois.
A cet instant, tout le monde dans la pièce se tait, dans l’attente. Toujours pas de réponse.
Je tourne la lettre entre mes mains, observant les caractères tracés avec soin. Cette écriture, à la fois élégante et solennelle, semble presque intemporelle, comme si elle appartenait à un autre monde. Un monde régi par des règles que je n’ai jamais voulu connaître. Je déplie lentement le papier, tout en essayant de comprendre où cette histoire va bien pouvoir me mener.
Chère Naïla Adéyémi,
Je suis Maman Élise, et je me permets de t'écrire ces quelques lignes en toute sagesse et bienveillance, en héritage des traditions qui unissent nos familles depuis de longues années. Tu ne me connais pas encore ou du moins tu ne te rappelles plus de moi, mais saches que je suis une amie de longue date de votre grand-mère, Abébi. Ensemble, nous avons partagé des années de rires, de secrets et de réconfort, unis par un lien d'amitié et d'amour que le temps n’a pas effacé.
L’union de nos familles ne date pas d’hier, Naïla. C’est un lien sacré que l’on préserve et que l’on honore. Les générations passent, mais la promesse faite reste, plus forte que tout. Ce pacte est celui que tes ancêtres et les miens ont tissé, et aujourd’hui, c’est à vous et mon petit fils qu’il revient de le mener à bien, comme il a été prévu.
Votre union est une nécessité. Mon petit fils Moussif et toi êtes promis à ce mariage et il n'y a aucun moyen pour voir de vous en échapper. Il en va de la survie de nos deux familles. Cette union viendra bientôt, vous n'êtes plus très jeunes et moi non plus et il est temps de vous préparer à ce qui vous attend. Le mariage n’est pas une simple formalité, ni une simple rencontre. C’est la clef d’une longue tradition, celle qui a guidé les pas de vos aînés et qui vous appelle aujourd’hui.
Je ne te demande pas de comprendre tout de suite. La sagesse vient avec le temps et l’expérience. Ce que je te demande, Naïla, c’est de faire un pas vers cette destinée. Le destin de nos familles vous attend, et avec lui, un homme que tu rencontreras en temps voulu. Ne t'inquiètes pas, le chemin s’éclairera à mesure que tu te rapprocheras de ce moment. Il vous sera indiqué lorsque le temps sera venu, mais tu dois accepter cette démarche avec un cœur ouvert.
Je t'invite à me contacter via le numéro ci-joint, si tu ressentes le besoin d’échanger avant cela. Il est important que tu ne rejettes pas cette invitation, car elle est le fondement de ta place dans l’histoire de ta lignée.
Je suis sûre qu'Abébi aurait aimé être encore présente pour voir l'accomplissement de la prophétie, pour elle, pour ceux qui nous ont fait leur temps et ceux qui nous ont quitté trop tôt, je te demande de réfléchir à ma lettre et de faire le nécessaire.
Avec toute la sagesse de celles qui ont vécu avant vous,
Maman Élise.
Je repose la lettre sur la table, un rire nerveux s’échappant de mes lèvres. Alors, comme ça, c’est une invitation déguisée, un appel à accepter mon destin ?
Je fais une moue. Ce genre de prose ne m’effraie pas. En fait, je trouve ça un peu risible. "Un homme que je rencontrerai en temps voulu", voilà la grande révélation. Le mariage, une nécessité ? Je me demande bien ce que ce fameux « destin » a de si particulier.
Mais ce qui m’agace le plus, c’est cette forme de pression douce, cette idée qu’on doit accepter un avenir écrit d’avance. J’ai tout sauf l’intention de me laisser entraîner dans ce genre de jeu. Je veux bien entendre ce qu’ils ont à me dire, mais pas pour m’y soumettre comme une marionnette. Non, je vais prendre le contrôle de cette situation, comme je l’ai toujours fait.
Je relève les yeux vers ma famille. Khadim et Chafik se regardent, leurs visages pleins de perplexité. Ils n’ont même pas besoin de dire un mot pour que je devine ce qu’ils pensent. Leur incompréhension flotte dans l’air comme une brume épaisse.
Maman, assise là avec son calme habituel, ne semble pas étonnée, pas plus que mon père, qui était revenu et qui gardait un visage impassible. Ils se lancent des regards furtifs, comme si ce qu’ils savaient – ou ce qu’ils ont toujours su – était bien plus lourd de sens que tout ce qu’on pourrait imaginer. Ils connaissent l’histoire. Moi, je ne sais rien, et ça m’énerve.
Je laisse passer un moment de silence. Je suis la première à briser le calme.
— Un mariage arrangé, donc ? je répète avec un sourire en coin pour les forcer à parler. Et ça doit se passer comment ? Je suis censée me marier en échange de quoi ? D’un héritage de pactes secrets ?
Khadim fronce les sourcils, visiblement agacé.
—Sérieusement, Naïla, tu vas te laisser embarquer dans cette histoire ?
Je hausse les épaules, sans me laisser démonter.
— Pourquoi pas ? Après tout, on dirait qu’il n’y a pas d’autres choix.
Chafik soupire.
— Non mais attends, Naïla… Tu crois vraiment que tu vas te marier avec un type que tu ne connais même pas ? C’est fou.
Je roule les yeux, amusée par leur inquiétude.
— Ce n’est qu’un mariage, après tout. Ce n’est pas comme si c’était la fin du monde, n'est-ce pas chers parents ?
Je me tourne vers mes parents, les observant tous les deux, sans que l’on ne m’en dise davantage.
— Alors, vous allez nous dire quelque chose ou on va tous continuer à tourner en rond autour de cette lettre remplie de sagesse ?
Le regard que ma mère me lance me fait comprendre qu’ils connaissent bien plus de détails qu’ils ne veulent en dire. Mais je ne vais pas céder à cette pression. Je veux comprendre, mais pas pour me laisser enfermer dans un rôle que je n’ai jamais voulu.
Je prends mon téléphone à nouveau et lance le numéro pour la troisième fois, je ne sais pas ce que je vais dire mais j'ai besoin que quelqu'un décroche. Un simple appel, pour en savoir un peu plus. Quand j'entends enfin une voix, je suis loin de m’attendre à ce que ce soit une quelconque révélation, mais je suis curieuse de voir ce qu’il y a derrière tout cela.
Je me racle la gorge, prête à découvrir ce qui m’attend.
Coucou tout le monde. Bon on a commencé doucement, histoire de planter un peu le décor, là on va rentrer dans les bonnes choses, Je vous invite à liker et commenter s'il vous plait, cela me donnera moins l'impression d'écrire pour moi seule. Bisous bisous