123: Des tentatives de qualité…

Write by Gioia

***Hadassah Muamini***

J’ai passé les meilleures vacances de ma vie, donc la reprise scolaire est dure actuellement. J’écoute passivement ce que nous raconte le prof de maths, mon esprit se promenant entre Dar es-Salaam et Arras jusqu’à ce qu’un truc cogne légèrement ma tempe. Le truc en soi c’est un bout de papier plié qui atterrit sur les pages ouvertes de mon livre. Je sillonne du regard la classe et soupire quand face de cactus alias Jérémie me sourit. D’un air ennuyé, je déplie son petit message, roule des yeux et déchire le papier.

— Elle est où ma tornade? J’aime pas cette nouvelle couleur.

C’est dingue comment les gens ici sont audacieux. Il n’est pas le seul à avoir mentionné ma nouvelle tête, et je précise que ce commentaire vient de quelqu’un qui s’est ramené avec une coiffure digne d’une faille inverse. S’il était un type normal, je lui aurais envoyé cette remarque écrite sur un bout de papier aussi, mais j’ai très vite appris avec ce mec. Que je l’insulte, l’ignore ou réponde, il trouve toujours un truc sur lequel m’embêter. Comme je l’ai dit, un second papier atterrit cette fois sur ma table. Je m’apprête à le signaler, mais le prof m’intercepte, refuse de m’écouter et on se fait mettre dehors tous les deux.

— Tu la boucles parfois? je lui demande exaspérée quand il reprend ses âneries une fois dehors.

— Quand on a une voix d’or comme la mienne, c’est un crime d’en priver les gens.

— Je t’en prie, commets le crime avec moi. Je t’en serai éternellement reconnaissante.

— On va étudier ton cas plus tard. Tu étais même où en décembre? Je t’ai cherché jusqu’à!

— Tu m’as cherché où? On se connaît en dehors de l’école peut-être?

— Je t’ai écrit plusieurs fois, t’as pas vu? Je voulais organiser un truc chez moi avec les autres.

— On ne m’autorise pas à traîner en dehors des heures scolaires.

— Oh c’est vite réglé ça, j’ai même quelqu’un à te…

On se fait interrompre par la sonnerie annonçant la pause déjeuner, du coup on regagne la classe plus pour faire genre, parce qu’en réalité, j’aurais préféré filer à l’étage tellement je meurs de faim. Thema est entourée par certains de la classe. On croirait presque les abeilles autour du miel et c’est le cas depuis ce matin. Elle se plaignait à Nairobi que beaucoup de notre classe ont commencé à l’interroger sur sa vie personnelle à cause de ses Snaps, pourtant elle n’a pas arrêté de poster. Perso, je comprends jamais ce genre de choses. T’aimes pas le résultat d’un truc, tu ne produis juste pas l’action quoi. Ça ne se croise pas à tous les coins de rue, une fille de notre âge qui a un chandelier dans une vaste chambre et un grand miroir rond illuminé devant sa coiffeuse, sans oublier l’immense illustration féminine en face de son lit. Même moi ça m’a choqué et de nature, je ne suis pas facilement impressionnable. En tout cas, je lui ai quand même expliqué que si son désir de mener une existence normale qui l’a conduit à Lomé demeure, il vaut mieux qu’elle soit vigilante dans ce qu’elle expose aux autres. Anyway, j’ai mes chats à fouetter donc je sors en vitesse avant qu’elle me remarque et m’inclue dans leur groupe.

Je déchante très vite une fois à l’étage. Moi qui pensais faire partie des trente premiers me retrouve en face d’une longue file devant la cantine. Je soupire d’exaspération et me dirige vers la fin de la ligne quand on crie mon nom. La main levée que je vois appartient au même emmerdeur de ce matin.

— Tornade! Viens, je t’ai gardé une place, il s’écrie.

Les visages renfrognés derrière lui me découragent donc je vais me mettre à la fin, mais le mec vient carrément me tirer par la main et ne se gêne pas pour placer des coudes tout en rigolant de ceux qui nous chahutent.

— Beh alors, c’est ce petit truc qui te rend rouge comme une pivoine? il ironise.

— Tu fais quoi? Mais arrête, on n’a pas le droit de…, je lui rappelle paniquée parce qu’il nous dirige carrément vers le début de la file pourtant ce n’était même pas sa place d’origine.

— Relax, personne ne peut te frapper quand tu es avec moi.

Tel Ali Baba devant sa caverne, il dit, «tata m’attend» et l’un des serveurs lui ouvre la petite porte collée au long comptoir de la cantine. Je suis tellement confuse que j’en oublie de parler jusqu’à ce qu’on se retrouve devant une dame qui me sourit avec intérêt.

— Tornade, je te présente le grand cerveau derrière les bons repas dont on se gave depuis la rentrée, ma tante J…

— Jiji, je suis la tante de Jérémie. Il m’a beaucoup parlé de toi ma grande. Comment vas-tu? elle m’interroge tout en me faisant la bise.

— Euh…bien, je vais bien merci, je réponds toujours dans le flou concernant ce qui se passe ici.

— Merveilleux. Je suppose que vous n’avez pas encore mangé vu l’heure.

— Comme c’est difficile de mettre la main sur elle une fois que son ventre est rempli, j’ai sauté sur l’occasion pour te l’emmener.

— Petit farceur, combien de fois je t’ai dit de ne pas déranger tes camarades? elle lui répond sur un ton espiègle.

 Dans la même ambiance, elle nous dirige vers l’un des serveurs et ordonne qu’on nous serve correctement. Je me suis retrouvée avec un plateau plus garni que d’hab et le clou du spectacle, un double dessert. La quantité supplémentaire du repas principal n’était pas nécessaire au final, n’étant pas une grande fan des épinards présents dans la farce des coquilles, mais le dessert! Il n’y a pas de mots. Cette salade de bretzel aux fraises m’a conquis. J’ai savouré jusqu’à la dernière particule et tenu à remercier en personne la tante Jiji donc je suis restée à l’étage après le repas contrairement à mon habitude.

— Oh entre nous, ce n’est vraiment pas nécessaire, elle dit après mes remerciements. On est un peu de la même famille, tu sais. Je connais bien Mr Sodji que j’ai reconnu un jour quand il passait te chercher. D’ailleurs comment il va?

— Très bien.

— J’en suis ravie. Et le reste de la famille? Je ne t’ai pas vu à la célébration familiale en janvier l’an dernier. Tu étais là quand même?

— Je suis arrivée cette année.

— Et tu as commencé l’école ici aussi? Wow, tu m’impressionnes. En plus d’être jolie, tu es très courageuse.

— Merci, vous êtes vraiment gentille, mais je n’ai rien fait d’extra.

— Ah, mais non, faut pas te minimiser ma grande. J’ai entendu de Jérémie que tu es très bonne en classe en plus. Félicitations pour tes efforts.

— Encore merci….euh…, je vais retourner en classe là, je lui envoie en douce pour déguerpir, surtout que je cherche une sortie depuis. Je voulais juste la remercier à la base et voilà qu’on se tape la discute depuis je ne sais combien de temps.

— Pas de soucis, laisse-moi le numéro de ta mère comme ça on peut se rencontrer et organiser des choses pour vous les jeunes.

— Euh…, elle ne vit pas ici, bon je dois vraiment y aller, j’annonce à nouveau, sauvée aussi par la sonnerie qui annonce la reprise des classes et détale.

À la maison, c’est une autre folie qui m’attend. On déménage il paraît, dans la piaule du chef donc c’est la période des gros rangements. Mine de rien, on a amassé du stock dans les quatre mois et quelques jours passés chez tonton Arthur. Entre ça et mes devoirs, je n’ai même pas pu relancer Estelle pour qu’elle m’explique son silence quand j’étais à Nairobi. Les jours qui suivent, je suis traitée comme une reine à l’école. La tante Jiji est si généreuse envers moi que parfois j’ai du mal à y croire. Des doubles doses de desserts, je suis passée à des repas favoris. Elle a insisté pour que je lui dise mes préférences et m’a surpris avec. J’étais gênée au début, mais honnêtement, je commence à y prendre goût.

***Jennifer signe toujours Bemba***

Je coche avec satisfaction une autre case de mon plan très minutieux. Nous ne sommes qu’aux petites attentions, mais si tout évolue bien, j’espère passer à l’étape des confidences avec Hadassah très bientôt. Pour le moment, la seule information, mais très importante que je détiens d’elle, c’est l’absence de sa mère. Il me fallait cette information pour me tranquilliser, parce qu’à un moment, j’ai pensé qu’au lieu d’Elikem, la réponse salée de Romelio venait de cette garce. De toutes les façons, aucune d’elle ne peut m’atteindre dans cette course. Je suis seule avec mon homme pour qui je me fais actuellement belle parce que je le rencontre demain. Des longues tresses qui mettront en valeur mon beau visage qu’il affectionne tant, c’est comme ça que je vais me présenter au bureau de l’avocat. Il faut qu’en me voyant, il se rappelle de tout le bon que je lui ai inspiré. C’est d’un pas assuré et après avoir admiré un tas de fois mon profil que je sors du salon de coiffure. Avec la tenue que j’ai prévue, il ne pourra pas résister. Il ne m’a pas surnommé Pulchérie pour rien et personne ne connaît mieux ses faiblesses que moi. S’il n’a rien consommé en femme comme je l’espère depuis notre séparation, je vois très facilement un truc où on se disputera un peu devant l’avocat et en sortant du cabinet, il m’attirera dans sa voiture pour un baiser passionné qui finira par une partie si torride que mon entre-jambes en palpite déjà. Sur un coup de tête, je décide aussi d’aller me faire les ongles et j’appelle Yasmine pour qu’elle m’y accompagne, histoire de me tenir compagnie.

On se donne rendez-vous à un point donc c’est elle que je m’attends à voir et certainement pas madame accompagnée de Maya.

— Tout va bien? je leur demande un peu confuse par la présence de la petite.

— Très bien et je ne te demande pas, vu comment tu rayonnes déjà, Yasmine me répond sur un ton enjoué en tout cas.

— Moi je ne vais pas bien tata. Je suis fâchée contre toi.

— Ah bon? Depuis quand? je l’interroge perdue.

— Depuis que tu fais le favoritisme avec Tornade, elle réplique les bras croisés et gonfle ses joues.

— Hééé cette enfant, tu es encore sur cette histoire? rigole Yasmine.

— C’est quoi l’histoire?

— Une longue histoire digne de Bollywood oh, rigole de plus belle sa mère. Apparemment, madame se sent abandonnée parce que depuis une semaine, les camarades gravitent soit vers une certaine Terra…

— Thema maman, je t’ai raconté cette histoire plusieurs fois! Elle s’appelle Thema Asamoah, une vraie crâneuse. Depuis que madame a posté sa grande chambre moderne sur snap pour acheter l’amitié des gens, mes amis se comportent avec elle comme des électrons qui gravitent autour du noyau.

— Ajoute Tornade que les gens approchent maintenant parce qu’ils veulent des petits plats perso de sa nouvelle amie et tu comprends le grand désarroi de Maya, n’est-ce pas chérie, ironise Yasmine, qui ne prend clairement pas au sérieux les dires de la petite.

— Le pire dans tout ça c’est Tornade sérieux. Thema, j’ai direct senti qu’elle avait du fake dans sa petite voix. Mais Tornade, elle a trop bien joué le jeu de la meuf détachée que tout ennuie, mais dès qu’elle a trouvé une occasion de faire son intéressante, elle n’a pas hésité. C’est une fourbe tata et je suis fâchée que tu lui donnes l’occasion de jouer son jeu.

— Mais reste fâchée, je mange ça?

— Kieee marraine, c’est comment? se marre Yasmine.

— Tu entends comment elle parle de ses camarades? Ça sonne bien à tes oreilles?

— Toi aussi Jen, ce sont des gamines.

— Et alors? L’envie qu’elle ressent n’est pas une gaminerie. Tu m’arrêtes ça très vite Amaya, sinon c’est le chemin de la destruction que tu empruntes. Les gens qui empoisonnent leurs amies ont commencé ainsi.

— Je suis pas comme ça, elle réplique d’une voix enrouée.

— Allez, on se détend les filles, nous sommes de sortie pour nous amuser, hum? On va passer une belle soirée, pas besoin de se prendre la tête.

Je lui aurais demandé dans quel cadre des femmes de la trentaine se détendent avec une gamine de 14 ans qui est de sortie à 18 h au lieu d’étudier à la maison, mais il est hors de question que je gâche ma bonne humeur. Je retiens juste deux choses. Yasmine est le prototype de mère que je ne dois absolument pas être pour Hadassah et lorsque je regagnerai ma maison, je vais m’assurer qu’Amaya s’éloigne de ma fille.

 — C’est fini ma jolie, arrête de pleurer, elle console sa fille une fois qu’on descend du véhicule, mais celle-ci continue à renifler.

— On est là pour se détendre ou bien? Tu veux qu’on rentre c’est ça?

— Non, mais tata m’a blessé! elle renifle de plus belle.

Yasmine me regarde pour je ne sais quoi, consoler une vieille mamie avec les seins bien sortis comme Maya. Je suis déjà en avant moi. Elles me retrouvent quand je suis en train d’ôter les lacets de mes sandales plateforme à talons hauts pour commencer ma pédicure. On s’installe et profite de la détente. Yasmine a toujours des anecdotes de dingue. Je ne regrette pas de l’avoir embarqué, surtout qu’à un moment, elle me pointe une silhouette familière.

— Tu te souviens d’Emily ma grande sœur dont je t’ai souvent parlé non?

— Oui oui, celle qui est mariée avec un vieux là?

— Quelle mariée mah? C’est la fille du vieux en question ça et la raison du mariage inexistant de ma sœur.

— Océane est la fille du mec de ta sœur? je réplique décontenancée.

— Tu la connais?

— Oh maman regarde, c’est mamie Vero, l’interpelle la petite. Elle est encore en vie elle?

— Maya vraiment, je t’ai dit qu’on ne répète pas à haute voix nos choses non, elle rigole comme si c’était une blague amusante.

— Tu sais ce qui lie cette vieille à Océane? je demande à Yasmine quand la dame s’arrête à la hauteur d’Océane qui se levait du siège où elle venait de recevoir sa manucure.

— Commençons par toi. Tu connais la belle-fille de ma sœur où?

— Belle-fille? C’est le père d’Océane le fameux vieux dont tu parlais?

— Regarde maman, mamie Vero vient vers nous, nous interrompt Maya.

La vieille se dirige effectivement vers notre position quand je lève la tête. Océane n’est plus dans les parages.

— Dieu a décidé de toutes vous honnir aujourd’hui hein, commence la dame tout en s’installant aussi pour une pédicure.  

— Tchieu tata, on a fait quoi comme ça?

— Ah bon Yasmine? C’est toi qui me demandes ce que tu as fait? À quand remonte ton dernier appel? Ou comme votre mère n’est plus, notre relation est passée aux oubliettes? J’ai changé tes couches et je t’ai porté au dos hein.

— Tu as raison tata, on a tort. C’est Emily qui est tellement prise par le travail et j’ai eu un petit garçon entre temps. Voici ma première fille, tu te rappelles d’Amaya.

— Oui, je ne suis pas si vieille pour oublier l’enfant que tu as ramené du Sénégal. Ça va ma fille? On dirait la photocopie de sa défunte grand-mère. Toute jolie.

— Oui mamie, glousse Maya.

— Et voici mon amie, Jennifer avec qui j’ai fait le Sénégal. On étudiait ensemble.

— Jennifer hein, pardon je t’ai déjà vu quelque part? Peut-être à la télé? Ton visage me dit quelque chose.

— Elle animait une émission de cuisine à la télé et c’est la propriétaire du Snack «les petits mets de Jen», Maya se dépêche de l’informer à ma place.

— Oui, c’est bien ça! Je regardais souvent l’émission là hein. Tu connaissais ton affaire. J’ai même réussi à réduire ma consommation de sel avec tes bonnes recettes.

— Merci, j’apprécie le soutien, je dis avec un sourire sincère.

— Pourquoi on ne te voit plus? Tu es passée sur une autre chaîne?

— La chaîne n’a pas renouvelé le programme malheureusement.

— Hum, ce pays vraiment. Jamais on ne soutient nos jeunes, après on se demande pourquoi ils quittent pour l’étranger. J’ai plusieurs fois dit à Innocent de se lancer en politique pour nous corriger les choses là hein, mais est-ce qu’il m’écoutait. C’est même comment avec ta sœur Yasmine? Elle ne va pas nous donner un enfant? Mon frère ne rajeunit pas.

— Hum, est-ce que ta nièce veut alors un petit frère?

— Emily a perdu la main comme ça? C’est une petite de la trentaine qui contrôle le bangala de l’homme qui monte sur elle chaque soir?

Ma bouche est grande ouverte à cause du choc et Amaya rigole.

— C’est normalement à toi de lui parler tata. Tu es l’aînée de leur famille. Ce n’est pas normal qu’Emily vive sans être dotée dans la maison de ton frère depuis des années, mais qu’en plus ta nièce l’emploie. Ma sœur qui était propriétaire dans le temps, voyageait même en avion, se retrouve employée d’une fille de mon âge. C’est dénigrant franchement.

— Si elle reste….

— Ce n’est pas une discussion de ton âge Maya, je la coupe directement.

— Laisse là parler, c’est aussi sa tante, elle s’inquiète, l’encourage sa mère.

—Anh…., je vous avais prévenu au début ou pas? poursuit la vieille. Ton père a dit que oh je suis contre le bonheur de sa fille. C’est bien parce que je connaissais le problème que représente Océane, d’où ma mise en garde à Emily.

— Mais tu ne nous avais pas bien mis en garde. Tu ne nous as pas dit que ta nièce était le réel problème. Bref, elle est déjà dedans et ce qu’il nous faut c’est une solution.

— Surtout qu’en absence d’un autre héritier, c’est Océane qui prendra tout ce qui revient à Innocent hein. Sa maison aux États-Unis…

J’avale de travers ma salive et commence à tousser violemment. On m’apporte de l’eau qui aide ma gorge certes, mais mon cerveau est toujours retourné.

— Maison aux États-Unis même? Une Yasmine effarée pose la question à ma place.

— Inh, il a vécu là-bas non. Tu l’ignorais?

— Non, je sais qu’il y était avant de rentrer et quand ta nièce a commencé l’université, il l’y a suivi.

— Il l’a bien suivi sans même nous prévenir. On a seulement appris que monsieur s’est installé dans le Tennessee et n’a remis pied ici que des années plus tard. En tout cas, il a une petite maison de deux chambres là-bas. Je tiens l’info d’une source sûre.

— Tcho! s’exclame Yasmine. Et pendant ce temps, Emily joue à l’assistante au lieu de prendre son avenir en main? Ta nièce là n’a pas un gars pour l’occuper mah?

— Quel homme accepterait de mettre dans un foyer quelqu’un qui salue sa tante du bout des lèvres et me répond «tu m’avais tué» quand je lui ai demandé «tu vis ça?», la vieille réplique avec dédain.

— Il faut effectivement un homme pour recadrer les femmes de ce genre, j’interviens enfin dans la discussion.

— Tout à fait! confirme Yasmine. Souvent c’est le manque de bangala qui cause la frustration des gens comme ça. Elle est seulement trop hautaine pour l’avouer.

— Je vous ai dit que personne ne se fatiguerait avec l’enfant là ho. Innocent a placé les enfants de ses amis en vain. La mère d’un des candidats m’a même dit qu’il s’est absenté pour se rendre aux toilettes et au retour Océane n’était plus là. L’explication qu’elle a fournie au gars par la suite c’est qu’elle passait un meilleur moment devant la télé qu’en sa compagnie donc elle y est retournée, mais que c’est sans rancune. Tout ça parce que supposément, le gars était un peu sur son téléphone pendant leur rendez-vous. Une femme qui cherche l’attention à ce niveau ne peut qu’apporter la tension à un homme. Son père a été mou dans son éducation, aucune fermeté. Qui peut s’occuper de ça?

— On va trouver quelqu’un n’est-ce pas Yasmine. Il est hors de question que ta sœur soit lésée à cause d’une pourrie gâtée, je déclare déterminée.

— Totalement, j’en fais mon affaire dès ce soir, plussoie-t-elle. Des hommes, j’en connais un tas.

Quelques heures plus tard, je tombe des nues quand elle expose l’entièreté de son plan après que je l’ai ramené chez elle.

— Tu me demandes de l’argent pour l’envoûter?

— Ce n’est pas l’envoûtement chérie. On va juste mettre toutes les chances de notre côté pour qu’elle tombe raide sous le charme du gars, mais les trucs là coûtent tellement et je suis à sec actuellement. S’il te plaît, elle continue vu que je ne réagis toujours pas. Ce type a dépassé la cinquantaine, même s’il fait jeune. On n’a pas le loisir d’attendre. Et bien sûr, je vais te rembourser avant même qu’Emily tombe enceinte. Je vais tout te rembourser, incluant l’argent que tu m’as avancé pour régler une partie des frais de scolarité de Maya. Je n’ai rien oublié. C’est juste que….

— De combien as-tu besoin?

— Environ 270000 francs CFA.

— OK, je te ferai envoyer ça par une de mes filles…

— Ma chérie si tu n’étais pas là…., elle commence à se réjouir, mais je l’interromps aussi.

— Je vais te présenter le gars qui sera son type.

— Ah…., pourquoi?

— Au lieu que tu fasses tout, je peux au moins t’aider sur ça. Entre amies, c’est normal. En plus, je connais quelqu’un qui cherche une relation.

Elle jubile à nouveau. Je n’ai personne qui me vient, mais je connais déjà le profil de l’amoureux qu’il faut à notre Océane. Un bon clochard pour notre belle qui va bien la faire courir. Primo, je m’assure ainsi qu’elle ne revienne plus jamais dans la vie d’Eben et secundo, je prends en charge le karma qui traîne. N’est-ce pas qu’elle aime traiter les gens de pute? C’est on ne peut plus normal qu’un bon clochard bien vilain lui apprenne les bonnes manières. Un gars dans le quartier de ma tante, c’est sur lui que je cale. Un bon musclé qui passe son temps à flâner dans les ruelles à qui je présente le plan dans les grandes lignes. C’est le genre qui mange en racolant les petits dans le quartier sinon chez les filles qu’il couche donc il ne se gêne même pas pour me questionner davantage après que je lui ai remis les 10000 afin qu’il ait de quoi se déplacer. Je dors avec un sourire joyeux le soir là. Le lendemain, c’est Khaya que j’envoie récupérer 400000 à la banque et les remettre à Yasmine. Hors de question que mes mains touchent l’argent qui servira dans les trucs glauques. Je ne vais pas recevoir une malédiction potentielle pour rien. J’ai assez de problèmes. Yasmine reçoit mes directives par la suite. Elle utilise une partie de l’argent pour refaire une garde-robe et fournir des unités au gars que j’ai renommé Brutus. D’un pas assuré, je me rends par la suite au cabinet de l’avocat pour entamer la réconciliation avec mon homme.

***Romelio Bemba***

Acte de naissance, Copie du livret de famille, Justificatif de domicile de moins de trois mois, trois derniers bulletins de salaire, Copie du contrat de mariage et de l’acte de mariage, c’est tout ce que j’ai dans le porte-document que j’ai déposé sur le bureau de l’avocat dès que ce dernier m’a reçu. Jennifer est en retard. Un léger retard qui me permet de mieux connaître son avocat, un monsieur fort sympathique en dépit du sujet qu’on aborde.

— Pour faire simple monsieur, votre femme m’a approché il y a peu parce qu’elle souhaite divorcer. Vous lui auriez refusé l’accès au domicile conjugal depuis sept mois et ne voulez plus communiquer avec elle. Vous confirmez ses dires?

— Tout à fait et j’ajoute qu’elle a détruit nos…

Le téléphone nous interrompt. L’avocat répond et me dit par la suite que Jennifer est là. L’intéressée fait une entrée majestueuse une minute plus tard, mais perd son sourire devant moi.

— C’est quoi ce délire? Pourquoi vous lui parlez sans ma présence? elle demande sur un ton brutal à l’avocat.

— Vous êtes en retard madame, lui rappelle le gars.

Elle lance un désolé sur un ton qui sonne faux à mes oreilles et s’assoit dans le siège à mes côtés. Je n’ai observé son profil que l’instant d’une seconde. La voir m’a tellement soulevé le cœur que j’ai préféré détacher le regard. C’est dingue de penser que juste en janvier dernier, je la regardais encore avec tendresse.

— Nous pouvons donc reprendre. Je confirmais avec monsieur, les faits que vous m’avez exposés Jennifer.

— Mme Bemba, c’est mon nom, elle rectifie et m’arrache un sourire sardonique.

— Autant pour moi. Il a confirmé que…

— Et je vous avais dit au téléphone que je ne souhaitais plus continuer. Ma tante m’a induit en erreur. Tout ce que je voulais en réalité, c’était de voir mon époux.

— Ah…euh…bien, cafouille le pauvre.

— Poursuivez mon brave, en ce qui me concerne, je souhaite divorcer.

— Chéri, s’il te plaît, j’ai compris. On n’a pas besoin de s’enliser dans ses futilités.

— Vous disiez? je relance le type qui nous observe à tour de rôle.

— Pourquoi tu me fais ça Romelio? J’ai reconnu mes torts, je me suis excusée et encore une fois je te demande pardon. Mr l’Avocat, dites-lui vous que le divorce n’est pas une solution, elle dit au type sur un ton implorant.

— Vous n’avez plus rien à dire? je relance une dernière fois ce dernier qui ne cessait de nous observer.

— Écoutez…euh….le but de cette rencontre c’était de s’entendre sur les contentieux pour déterminer quelle procédure adopter parce que madame n’avait pas tous les documents en sa possession, mais il me semble qu’il y a beaucoup de non-dits entre vous. Je vous recommande fortement de discuter, parce qu’une décision prise sous le coup de l’émotion peut se retourner contre vous.

— Tout à fait, expliquez-lui Mr l’avocat, elle continue son cinéma.

— Et de toute façon, une fois que le juge aux affaires familiales sera assigné…

— Non non pas de Juge, on ne va…

— Laissez-moi finir Mme Bemba. Je disais qu’il faudra aborder avec le JAF les conditions de votre divorce de toute façon. L’objectif étant de vous mettre d’accord sur le principe et les conséquences de votre démarche afin d’éviter autant de conflits que possible. Le dialogue est primordial autant durant un mariage qu’un divorce Mr Bemba, donc autant commencer maintenant.

— Merci, elle dit sur un ton reconnaissant.

— Le divorce par consentement mutuel, c’est bien le plus court, et celui par faute le plus long?

— Effectivement, mais il existe d’autres divor…

— Comme vous nous l’avez si bien conseillé, nous allons discuter en famille d’abord. On doit parler chéri, elle me rappelle comme si je n’étais pas présent tout à l’heure.

— Suis-je obligé de vous revoir? je continue avec l’avocat.

— Euh…, ça dépend. Si c’est pour lancer la procédure, non. Je vous ai contacté à la demande de Mme. Vous pouvez prendre votre avocat qui entrera en contact avec moi au besoin.

— Parfait, je dis en me levant d’un bon et récupère mon porte-documents.

Je n’ai pas besoin de dire à Jennifer de me suivre. Elle me colle au train et s’installe dans ma voiture sans être invitée.

— Franchement chéri, tu ne fais aucun effort quand je ne suis pas à tes côtés. Regarde l’intérieur de la voiture, les documents qui traînent ici et….

— Voici ce que je te propose, je dis en lui retirant la pile de documents en question. On règle à l’amiable cette mascarade…

— Jamais! Jamais tu m’entends! J’ignore qui t’a mis en tête que notre mariage est une mascarade, mais jamais je n’abandonnerai. Je vais lutter pour toi, pour nous. Tu es l’amour de ma vie.

— Ou je fais un enfant à Elikem.

— Tu veux vraiment faire ça? elle me demande avec un calme qui me surprend. Je m’attendais à de la rage.

— La décision te revient.

— D’accord mon amour. On peut parler de nous maintenant?

— Ce que tu as à dire ne m’intéresse pas.

— OK chéri, mais j’ai envie de te parler moi. Tu m’as tellement manqué. Ne pas te voir, ne pas te toucher….

— Attends, je dis ahuri, qu’est-ce que tu crois faire là?

En plus de son haut qu’elle a subitement baissé, son soutif aussi tombe sans prévenir, faisant jaillir ses seins provocants. Le tout en pleine journée.

— Tu es malade? Tu ne penses pas aux gens qui pourraient potentiellement te voir?

— Et alors? Qu’ils regardent s’ils veulent, c’est toi seul qui as droit d’y toucher.

Sûre d’elle, elle se redresse carrément sur le siège m’envoie son buste bien charnu en pleine face.

— Jennifer arrête!

— Touche-moi bébé, touche-moi, j’ai besoin de toi, elle minaude si bas que j’ai un moment de faiblesse.

***Cédric Yafeu Asamoah***

Je suis figé comme une statue, mais dans mon esprit, je me tape les mains puis la bouche en dernier face au spectacle inouï que la mère de mon futur enfant a décidé de m’offrir.

— Bon voici le plan. Tu as jusqu’à minuit pour faire ton affaire. Passé ce délai, l’enfant d’Antoine n’est plus ici. C’est le seul coup que tu auras donc fait bien pour que ça entre. Les aires exposées sont les endroits où tes mains sont autorisées. Tu vas ailleurs, je te mords, ce n’est pas la blague.

Je dévisage la personne en question dans sa tenue de super héros ou dominatrice bon marché oh, je ne sais même pas comment la qualifier. Robe blanche longue jusqu’aux genoux coupée sur chaque côté des hanches. Je suspecte qu’elle a dû faire les petits trous qui exposent uniquement ses tétons, sinon qui vend une tenue pareille?

— L’enfant de Nyameba peut poser une question?

— Nyameba c’est qui ça?

— Tu penses que je suis sorti de terre?

— Oh c’est le nom de ton papa que tu as donné à ta compagnie? C’est cute, elle s’oublie et me sourit.

Je suppose en tout cas qu’elle sourit vu comment ses yeux se plissent. C’est tout ce que son masque de dominatrice en latex noire me laisse voir. C’est un effort surhumain que je fournis depuis pour ne pas éclater de rire toutes les fois que sa voix nasillarde me dit quelque chose.

— Le fameux plan dont tu parles là, c’est quoi?

— C’est pas toi qui as dit de venir faire chercher tes choses à la source? Faisons vite pardon, tu as déjà gaspillé l’équivalent d’un coup en minutes, elle dit et me tourne le dos pour monter au lit.

— Waow, tu as même pensé à mes goûts, tant de largesse pour ma personne, je commente ironiquement devant les deux immenses trous négligemment faits au niveau de ses fesses.

— Au moins, tu ne m’accuseras pas de mauvaise foi. J’ai essayé.

— Donc tu te couches et…, je fais quoi?

— Haaa, c’est toi qui as la source non? Je dois aussi te montrer comment faire ta part?

— Une seconde, je reviens, je dis et avant de fermer la porte sur elle, je laisse glisser un «O moma tenten se kwahu bepow»

— Hey, reviens ici! C’est la maman que tu viens d’insulter là?

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