
Chapitre 2
Write by Josephine54
Beverly
Ding, ding, ding...
Le bruit incessant de mon réveil me tira progressivement de mon sommeil. J'avais un mal de tête atroce, et les conséquences de mes nuits agitées se faisaient de plus en plus ressentir. Je dormais peu chaque nuit, et mes heures de sommeil n'étaient pas restauratrices. Je ne réussissais pas à empêcher mon esprit de vagabonder.
Je me redressai péniblement du lit et entendis la porte des toilettes s'ouvrir.
- Bonjour chérie, lança Benjamin en rentrant dans la chambre.
- Bonjour Ben, répondis-je. Tu es rentré quand je dormais dèjà. La petite t'a réclamé hier soir.
- Je suis désolé. Il y a eu un problème au boulot et ma présence était requise.
- D'accord, répondis-je simplement.
J'avais bossé pour lui les deux premières années de mon mariage, mais la situation était simplement infernale. Benjamin contrôlait tous mes faits et gestes. Il appelait tout le temps au travail pour savoir ce que je faisais. Il interrogeait carrément mes collègues sur mes allées et venues dans la société. Il voulait savoir ce que je faisais pendant mes heures de pause. C'était simplement invivable.
- Benjamin, tu n'as pas à me contrôler de la sorte. C'est étouffant, lui avais-je reproché.
- Je veux savoir si tu continues à le voir, avait répliqué Benjamin. Je suis certain que tu l'aimes encore.
- Benjamin, avais-je soupiré. Tu savais que j'étais en couple et tu t'es tout de même présenté chez moi, avec ta famille, pour me faire ta demande en mariage. Je l'ai acceptée et j'assume mes choix. Je ne suis pas une femme indigne.
- Tu vois, tu ne nies même pas tes sentiments pour lui.
- Benjamin, je suis mariée à toi aujourd'hui. Arthur appartient au passé.
J'avais vécu cette scène un nombre incalculable de fois pendant les premières années de mon mariage. Benjamin avait semblé avoir un peu de paix après la naissance de notre fille. Il m'avait couvert de cadeaux les premières années avant d'avoir ce comportement indiffèrent qu'il affichait aujourd'hui.
Je ne pus empêcher mon esprit de vagabonder une fois de plus. Cela me reporta rapidement à Arthur. Où était-il ? Qu'était-il devenu ? Je ne pouvais m'empêcher de me poser inlassablement la question, tout en ressentant mon cœur se serrer et un sentiment de culpabilité envahir chaque fibre de mon corps.
Je l'avais laissé tomber alors qu'il avait tout sacrifié pour moi : son avenir en France, la confiance de sa famille... Il avait sacrifié sa famille pour moi, et moi, j'avais choisi la mienne à lui. Je savais au fond de moi que son frère et sa mère ne lui auraient jamais pardonné son départ pour le Gabon. Était-il finalement parti ? Où vivait-il ?
Mon esprit me reporta à cette soirée qui a tout changé dans ma vie.
flash-back
- Beverly, j'ai fait ta connaissance il y a plus de trois ans aujourd'hui. Tu as repoussé toutes mes tentatives pour me rapprocher de toi. Je t'ai revue pour le plus grand des hasards il y a moins d'un an et mon cœur n'a pu s'empêcher de battre à nouveau pour toi. Je suis là aujourd'hui, accompagné de mes oncles, pour te démontrer à quel point je t'aime et je te veux dans ma vie. Tu as tout chamboulé sur ton passage et je veux que tu me fasses l'honneur de partager ma vie, pour le restant de nos jours. Veux-tu devenir ma femme ? termina Benjamin, le regard plein d'espoir.
Je ne sus que répondre sur le coup. Je sentais mon cœur tambouriner dans ma poitrine. J'osai lever la tête et je vis maman qui me regardait d'un air féroce. Je tournai le regard vers Amanda et cette dernière me fit un hochement distrait de la tête.
Je tournai à nouveau le regard vers Benjamin et j'étais sur le point de répondre quand j'entendis mon téléphone sonner dans mon sac. Je n'avais pas besoin de regarder pour savoir qui était à l'autre bout de la ligne.
Je reportai ensuite le regard sur le visage plein d'espoir de Benjamin et mon cœur accéléra sa course. Je parcourus le salon les yeux et mon regard se porta sur Virginie qui tenait une main sur son ventre. Il alla ensuite à Annaelle et Kylian qui étaient assis près d'elle.
Mon Dieu, que faire ? Pourquoi maintenant ? Avais-je vraiment besoin de ce dilemme quelques heures seulement avant mon départ ? Et mon téléphone, lui, ne cessait de sonner dans ma poche. Je pris à cet instant ma décision. J'espérais que je n'aurais pas à le regretter toute ma vie. Tout le monde était suspendu à mes lèvres. Benjamin encore plus.
- Oui, je le veux, répondis-je d'une voix lente.
Benjamin me passa la bague et une slave d'applaudissements se firent ressentir dans toute la maison.
- Merci bébé, murmura Benjamin en se redressant. Tu ne vas pas le regretter. Je t'aime.
Il ancra son regard au mien et rapprocha son visage pour un baiser. Je fus tentée sur le coup de détourner la tête, mais à quoi bon ? Ma décision était prise et je ferais beaucoup plus que de simples baisers avec lui désormais.
Les lèvres de Benjamin se posèrent avec douceur sur les miennes. On échangea un bref baiser toujours sous les applaudissements de tous. Benjamin me relâcha enfin et je vis un sourire de satisfaction se former sur ses lèvres.
Je tournai le regard vers Amanda et elle me fit un signe positif du pouce, un large sourire aux lèvres. Je détournai simplement la tête.
- Ma fille, assieds-toi, m'invita maman avec un large sourire.
Benjamin me fit un sourire et m'invita des yeux à prendre place près de lui. Je m'installai donc, puis il passa une main sur mes épaules et me serra très fort contre lui.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Mon téléphone se remit à sonner à cet instant. Je sentis les battements de mon coeur s'affoler. Mon Dieu, qu'avais-je fait ? Je venais de trahir l'homme que j'aimais de la pire des manières.
- Tu ne réponds pas ? demanda Benjamin.
- Je le ferai plus tard, répondis-je, la gorge nouée.
Maman qui s'était éloignée un bref moment retourna au salon et prit la parole.
- C'est un honneur pour moi de recevoir la famille Kamdem aujourd'hui. Benjamin, mon fils, dit-elle en se tournant vers ce dernier, tu sais déjà tout le bien que je pense de toi. Je te confie aujourd'hui mon trésor et j'espère que tu sauras prendre soin d'elle comme il se doit.
- Je t'en fais la promesse, maman, répondit Benjamin d'une voix solennelle.
Un des concles de Benjamin prit la parole à son tour.
- Notre fils nous a dit qu'il avait vu une belle fleur dans cette maison et nous sommes heureux de constater qu'il n'a effectivement pas de problèmes de vision.
Tout le monde éclata de rire.
- Bienvenue dans la famille, ma fille. Madame Mbida, votre famille nous fera savoir la liste de la dote.
- Bien-sûr, répondit maman en souriant. La famille se réunira et vous fera savoir ce qu'il faut pour cela.
- Bien, répliqua l'oncle en question.
- Nous allons passer à table maintenant, dit maman en se rendant dans la cuisine.
Elle se fit aider par Virginie. Elles firent plusieurs tours en sortant tout genre de mets. J’étais simplement en état de choc. J'étais sortie de cette maison à 13 heures et la cuisine était vide. Je revenais aujourd'hui à 19 h et elle avait eu le temps de préparer tout cela ? Et pourquoi au juste ? Était-elle au courant de la venue de Benjamin et sa famille ?
Mon téléphone se remit à sonner à cet instant. Chaque sonnerie était comme un coup de poignard dans mon cœur. J'avais tout à coup envie de pleurer. Arthur ne méritait pas ce que j'étais en train de lui faire.
- Ça va chérie ? demanda Benjamin d'une voix douce.
Je me tournai vers lui en me demandant une fois de plus si j'avais pris la bonne décision. Il était certes bel homme, avec énormément d'allure, en d'autres circonstances, il aurait pu gagner mon cœur. Mais mon cœur, lui, appartenait à quelqu'un d'autre. Quelqu'un que je venais de poignarder de la pire des manières. Quelqu'un qui m'attendait pour effectuer ce voyage qui constituait un nouveau départ pour nous.
- Ça va, répondis-je mollement.
Je regardais une fois de plus ses traits fins et j'espérais qu'avec le temps, je finirais par l'aimer.
Fin du flash-back
Je secouai la tête pour extraire ces pensées de mon esprit. Le temps n'avait pas eu l'effet escompté. Je n'avais pas réussi à l'aimer. Benjamin au début de notre mariage avait été un bon mari. Mon salaire au départ de 150000 francs dans l'entreprise de Benjamin avait été doublé dès la deuxième année, mais cela n'avait pas été assez pour me retenir. Il me comblait de cadeaux et me faisait me sentir une princesse. Mais, mon cœur, lui, n'était pas perméable à tout cela.
Me sentant étouffée dès les premières années de mariage, j'avais réussi à convaincre Benjamin de m'inscrire dans une école de formation professionnelle. J'avais donc ainsi obtenu mon BTS en secrétariat de direction. J'avais ensuite continué avec la licence professionnelle.
J'avais effectué un stage dans la société de monsieur Domou et j'avais été retenue à la fin.
Je sortis de la voiture après avoir garé devant le siège de ETS Domou. Je me sentais particulièrement lasse ce matin. J'entrai dans l'entreprise et remarquai l'expression préoccupée de certains collègues.
Je me rendis à mon bureau et posai mes effets. Je me rendis ensuite à celui de mon boss, mais il était absent. J'étais en train de rentrer dans le mien quand je tombai sur ma collègue Éveline.
Elle me fit un signe silencieux de la rejoindre dans son bureau. Je la suivis et elle referma la porte dans mon dos, un air conspirateur au visage.
- Il parait que la société a déjà été vendue, chuchota-t-elle, comme si quelqu'un pouvait l'entendre.
- Depuis quand ? Comment es-tu au courant ?
- J'ai mes sources ma belle. Un audit est actuellement en cours dans la société et monsieur Domou est actuellement avec les auditeurs.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Je comprenais mieux son absence dans son bureau tout à l'heure, pensai-je le cœur battant.
- J'espère que tout va bien se passer pour nous et que nous serons retenues par le nouveau propriétaire, lançai-je d'une voix préoccupée.
- Je l'espère aussi, rétorqua Éveline, inquiète.
Je sortis de son bureau et rejoignis le mien. J'avais vraiment de la peine à me concentrer. L'interphone sonna près de deux heures plus tard.
- Madame Kamdem, nous avons besoin de vous, m'informa mon boss.
Je sortis et le rejoignis dans son bureau. Il était avec deux autres personnes.
- Bonjour monsieur Domou, bonjour messieurs, dis-je poliment.
- Nous avons besoin de ces documents...
Monsieur Domou m’énuméra toute une série de documents que je devais leur fournir. Une heure plus tard, j'étais de retour dans son bureau.
L'audit dura deux jours durant lesquels nous étions tous sur des charbons ardents. Certains d'entre nous avaient été interrogés, dont moi.
Une semaine plus tard, monsieur Domou me convoqua dans son bureau.
- Madame Kamdem, j'aurais besoin que vous réunissiez tout le personnel pour mercredi. J'aurais une importante communication à faire. Vous me ferez savoir l'heure.
- Bien, monsieur, répondis-je le cœur battant.
Je sortis de son bureau et m'activai immédiatement. Nous étions lundi et j'avais à peine deux jours pour informer tout le monde. La réunion aura lieu durant la première heure de service, de 8 h à 9 h.
Nous étions maintenant mercredi. Je serrais fortement le volant de ma voiture tout en me faufilant dans les rues de Yaoundé. J'avais les mains moites. Que voulait nous communiquer monsieur Domou ? J'avais ma petite idée là-dessus. L'audit d'il y a quelques jours m'avait fait espérer que la société serait vendue, au lieu de fermer ses battants. Mais serais-je retenue ? Trouver du travail dans ce pays était un vrai parcours de combattant et je n'avais aucune intention de retourner dans l'entreprise de Benjamin, s'il m'avait reprise... Son comportement indifférent de ces derniers temps ne présageait rien de bon.
Je garai la voiture à 7 h 30 et me rendis dans notre salle de conférence. Je disposai les chaises et quelques bouteilles d'eau çà et là. Mes collègues commencèrent à arriver à 7 h 50 et à 8 h, la salle était déjà pleine.
J'esquissai un petit sourire quand je vis certains de mes collègues assis. Ils étaient les rois du retard, mais maintenant qu'ils craignaient pour leur futur, ils étaient carrément arrivés avant l'heure.
Je voyais certains se triturer les mains, d'autre croiser et décroiser sans cesse les jambes, d'autres se ronger les ongles par la nervosité, mais moi, j'étais calme en apparence, pourtant je sentais mon cœur pulser jusqu'à mon cou. Un brouhaha infernal régnait dans la pièce. Ça chuchotait de partout.
Monsieur Domou arriva aux environs de 8 h 15. Il fit de brèves salutations de la tête avant de prendre place sur la chaise qui lui était réservée. Un silence de mort régnait maintenant dans la pièce.
- Bonjour à tous, dit-il en parcourant la salle du regard. Comme vous le savez tous, ma retraite est pour bientôt. Avec certains d'entre vous, nous avons travaillé à bras le corps pratiquement depuis la création. Certains d'entre vous ont rejoint la société chemin faisant. Je ne vous remercierai jamais assez d'avoir apporté votre pierre à cet édifice. Cependant, il est temps pour moi de me retirer. L’âge n'est l’ami de personne et mes vieux os ont besoin de se reposer.
Un petit rire s’éleva dans la salle, obligeant monsieur Domou à interrompre son speech.
- J'ai mis près de 40 ans à bâtir cette société et c'est avec regret que je la quitte. Vous savez, j'ai eu de beaucoup de propositions d'achat et je pense avoir choisi la meilleure d'entre elles pour me succéder. Après l'audit effectué il y a près de deux semaines ici, mon successeur, malheureusement, ne peut garantir un emploi à tous. Il retient certains postes de travail superflus.
Une confusion sans pareil régnait maintenant dans la salle.
- Les candidats retenus recevront un e-mail dans les jours à venir pour en être notifiés. Une réunion suivra, au cours de laquelle leurs conditions de travail leur seront détaillées. Les autres recevront une indemnité de fin de contrat, calculée en fonction de leur durée au sein de la société. Ce sera tout, la séance est levée.
Monsieur Domou sortit de la salle pendant que nous en faisions de même. J'espérais du fond du cœur d'être retenue.